senediaspora.com

Veuillez Bien Vouloir Vous Connecter, Sinon Vous Enregistrer SI Vous Venez D'Arriver !

Pour Avoir Accès A Certains Sujets De Discussion, Il Faut Nécessairement Vous Enregistrer Sinon Vous Connecter Dans Cas Échéant!

Merci Et Bienvenue Sur SENEDIASPORA!

Rejoignez le forum, c’est rapide et facile

senediaspora.com

Veuillez Bien Vouloir Vous Connecter, Sinon Vous Enregistrer SI Vous Venez D'Arriver !

Pour Avoir Accès A Certains Sujets De Discussion, Il Faut Nécessairement Vous Enregistrer Sinon Vous Connecter Dans Cas Échéant!

Merci Et Bienvenue Sur SENEDIASPORA!

senediaspora.com

Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
senediaspora.com

Le Plus Grand Forum Du Sénégalais...

Qui est en ligne ?

Il y a en tout 23 utilisateurs en ligne :: 0 Enregistré, 0 Invisible et 23 Invités

Aucun


Le record du nombre d'utilisateurs en ligne est de 339 le 2013-02-14, 14:48

Derniers sujets

» [FIESTA] Senediaspora Dibi-Party !
par Pamela FC 2016-07-29, 07:53

» [Urgent] ana ngene fo len rerati?????
par Pamela FC 2016-07-29, 07:51

» VENEZ DECOUVRIR LES MIRACLES DE SERIGNE SANGUE MBACKE NDIAYE
par Keurgui 2016-02-17, 22:03

» Cherche partenaire financier
par Tymaqueen 2015-12-26, 15:38

» FAITES BRILLER VOTRE ETOILE
par lemaitre 2015-06-02, 08:24

» [VIDEO] Le Scandale Sexuel De Diombasse DIAW !
par gundio 2015-05-12, 09:38

» Cherche client grossiste pour vente pneu
par gundio 2015-05-12, 09:28

» [CHANSONS PAILLARDES] Populaires et chaleureuses
par toti98 2015-03-22, 03:48

» Achat en ligne au Sénégal
par blueline 2015-02-17, 08:23

» Forum Café liquide prêt à boire
par maefi15 2014-12-21, 05:46

» [MINI ROMAN] Tout Et Rien... Dans Une Vie (Par: Helena)
par kheuss115 2014-12-16, 09:16

» appareil dentaire
par kheuss115 2014-12-16, 09:11

» [PSY] Comment Avoir Du Répondant?
par Alexita 2014-12-15, 18:00

» QUELLE REPUBLIQUE POUR LE SENEGAL ?
par Keurgui 2014-12-11, 23:14

» Pommade Miracle
par pommade miracle 2014-11-28, 03:29

» la fiche de lecture sur le roman sous l orage
par ndeyendack99 2014-11-26, 08:24

» Connaissez vous un coin dans Dakar où je peux trouver des putes la journée ?
par papii diatta 2014-11-12, 06:26

» [MOTS] Les mots et leurs contraires improbables
par dimbedior 2014-08-14, 12:03

» [SCOOP] L’épouse frustrée diffuse sur le net les photos nues de la maîtresse de son époux
par dimbedior 2014-08-14, 11:15

» Un solution pour guérir de la drépanocytose
par Overdo'z 2014-08-04, 12:12

» Ou Videz mes testicules?
par Overdo'z 2014-08-04, 12:09

» [COMMUNAUTÉ] Senediasporois Des Réseaux Sociaux: Facebook, Hi5, Skyblog, Twitter...
par Pamela FC 2014-06-20, 17:21

» [EXPRESSION] Ekirir Kom On Le San Riyénkpourle Pélézir...!
par Pamela FC 2014-06-20, 17:17

» La démocratie du Sénégal ?
par Keurgui 2014-05-18, 15:37

» [VOYANCE] Le Désespoir Au Bout Du Fil !
par annedev 2014-04-28, 20:12

» Belle Prostituée
par Absciss BABISTO 2014-04-12, 07:29

» [CON-CUL-RANCE] Exprès-Saut - T'y Go - On Range Orange - Osez Baiser !
par Absciss BABISTO 2014-03-28, 05:42

» WANTED...Mais vous êtes où????
par tonso 2014-03-23, 17:55

» Les rendez-vous de Minuit
par tonso 2014-03-20, 20:10

» roy dakh!!!! chansons reprises!!
par tonso 2014-03-20, 19:22

» Prendre un appart ou pas ?
par madicisse 2014-03-09, 16:17

» Homosexualité : Vos avis !
par madicisse 2014-03-09, 15:08

» Le nom THIAM: Wolof ou Toucouleur ?
par jamnajo 2014-02-17, 13:02

» Parodies Youssou Ndour!
par yamar 2014-02-17, 04:22

» [POULAAR] Discussions Générales en POULAAR !
par fedande 2013-11-05, 09:11

» Alexita... The End ?
par negger bi 2013-10-09, 09:56

» [POESIE] Le Paradis Des Amoureux Des Strophes !
par Cubana 2013-09-18, 02:58

» infos sur 2 chanteurs sénégalais
par fallougreg 2013-08-21, 10:56

» Sweet Usher ?
par Pamela FC 2013-08-10, 20:40

» Existe-t-il des lutins africains ?
par KoccBirima 2013-07-29, 19:24

» [SEXE] La Taille Du Vagin : Polémiques De Pointures !
par KoccBirima 2013-07-29, 19:20

» Affaire Tamsir Jupiter Ndiaye : Ce que les enquêteurs ont trouvé dans le bureau du chroniqueur
par KoccBirima 2013-07-11, 09:58

» Le désespoir de deux familles
par negger bi 2013-06-22, 07:36

» [FOUDRE] Déclaration D'Amour !
par Armand 2013-05-22, 17:13

» [HUMEUR] Coups De Gueule: Qu'est-ce qui vous énerve réellement?
par Jacaré 2013-05-19, 09:49

» UNE CELEBRE « BANDE DESSINEE BELGE » TRADUITE POUR LA PREMIERE FOIS EN WOLOF
par Absciss BABISTO 2013-04-13, 18:31

» Vos Bizarreries et découvertes scientiNiques
par KoccBirima 2013-04-07, 14:18

» [PAGE PERSO] Secrets de famille: Le Blog de Cubana,!
par Sistersandrine 2013-03-05, 22:28

» [VENGEANCE] Comment Vous Vous Y Prenez?
par Gentil 2013-02-28, 03:45

» Quand je suis rentré ce soir là et que Fatou a servi le diner (Premier acte)
par KoccBirima 2013-02-25, 09:37

Mars 2024

LunMarMerJeuVenSamDim
    123
45678910
11121314151617
18192021222324
25262728293031

Calendrier Calendrier

TEST

TESTTESTTESTTESTTESTTEST
Le Deal du moment : -20%
-20% sur le Lot de 2 écrans PC GIGABYTE ...
Voir le deal
429 €

+15
Sistersandrine
maman gaye
Maï
Man Nit Ki
Tyf
Abssiss BABISTO
Naginaa
20zero
Damisco
Abou.salama
bint0705
Nemie
Fatim
Kayla
Man Dofbi
19 participants

    [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-04-30, 03:53

    LEUK DAWOUR MBAYE



    Existe-t-il un Sénégalais, Dakarois de surcroît, qui n'ait jamais entendu parler de Leuk Dawour Mbaye ?

    Leuk Dawour est le rab de Dakar, de même que Ndoumbé Diop est le rab de Diourbel, Mame Coumba Lamba, celui de Rufisque, Mbossé, celui de Kaolack…

    Il est bien connu qu'une ville n'appartient pas aux humains qui s'y activent dans la journée, mais à un rab qui l'inspecte la nuit. Gare à celui qui se trouve sur son chemin. On dit que Ndoumbé Diop apparaît sous forme de poule accompagnée de ses poussins. Voir cette poule après minuit, signifie mort immédiate ou folie incurable. Mbossé, lui, prend la forme d'un varan. Il y en a un dont on dit qu'il attend que tu sois au milieu d'une rue ; il se transforme alors en deux barriques tonitruantes qui surgissent des deux extrémités de l’artère, tournent à grande vitesse et viennent t'écrabouiller. Demandez aux aïeuls, ils vous raconteront plein d'histoires de ce genre. Ceux à qui il arrive de rester dans les rues jusqu'à des heures indues, risquent de mauvaises rencontres. On les retrouve, le lendemain, secs et inertes comme des bouts de bois ou, dans le meilleur des cas, marchant avec la bouche derrière la tête. Naturellement, je ne pouvais pas gober de telles sornettes. Pourtant...

    Laissez-moi reprendre mon souffle avant de continuer…

    Tout a commencé la veille de la « disparition » de Bakary, mon époux. C'est ma mère qui utilise ce mot, disparition. Quant aux autres, ils n'arrêtent pas de me dire qu'il est mort, ce que je n'arrive pas à croire. Bakary ne peut pas m'abandonner comme ça… Sans même dire adieu... Non, je ne pleurniche pas. Il n’y a pas de raison. Je ne suis pas inquiète non plus, je sais qu'il va revenir. Il est juste allé visiter de la famille à Mbour. Sa voiture est sans doute tombée en panne...

    Nous nous étions rencontrés, je m’en souviendrai toujours, lors d'une soirée sénégalaise à la Cité Universitaire, à Paris. Le courant passait à merveille. Le coup de foudre, comme on dit. Depuis, nous ne nous sommes jamais quittés. Nous nous sommes mariés en France, car mon père ne pouvait accepter pour gendre quelqu'un d'une autre caste et surtout d’une basse classe sociale. Moi, j'avais trouvé l'homme de ma vie et, pour rien au monde, je n'allais le lâcher.

    Bakary était musicien, un talentueux percussionniste. En fait, il jouait de tout. Doué en tout, il composait souvent de jolies ballades pour moi, moi toute seule. Cependant, ce qui me liait le plus à lui, c'était, sans parler de l'amour et du respect qu'il manifestait à mon égard, sa grande sensibilité qui faisait sa faiblesse et sa force en même temps. Il était égal à lui-même en toutes circonstances. Tout comme moi, il rejetait quasiment toutes conventions sociales et menait sa vie tel que bon lui semblait. Mais, contrairement à moi, il venait, comme je l'ai dit tout à l'heure, d'un milieu très modeste, de parents pauvres, pour ainsi dire.

    Moi, vous vous en doutez, je suis, disons-le, du Sénégal d'en haut. Je ne m'en vante pas, mais je n'en ai pas honte non plus. Il faut bien naître quelque part, non ? Mon père est connu de tous les hommes d'affaires du pays et ma mère a de grandes responsabilités dans l'administration. Je suis la cadette de mes quatre frères. La seule fille de la famille. Que les indigents se réconfortent en écoutant mon histoire ! Les princesses, souvent, envient les Cendrillon. J’ai été élevée dans un luxe où je me sentais comme en prison.

    On m'imposait les bonnes manières car, dans ce milieu, l'image qu'on donne de soi est au-dessus de tout. J'ai été gavée de bonnes manières, gavée jusqu'à en vomir. Pouah ! Les bonnes manières ! « Habille-toi comme ci... Marche comme ça... Parle ainsi... Ne regarde pas là... Qu'as-tu fait à telle heure ? … Qui est ce garçon qui a téléphoné ? … Tu ne sortiras pas cette semaine... Faut qu'on t'accompagne... Fais attention aux voyous... Y’a invitation... Y’a réception... » Holà ! Holà ! Ce mode de vie me dégoûtait. Pourtant, je devais jouer le jeu, faire semblant... C'était l'unique manière de gagner la confiance de mes parents et les convaincre de m'envoyer poursuivre mes études à Paris.

    Je m'efforçais même d'être souriante et aimable avec Matar, ce fils de ministre qu'ils m'avaient présenté et invitaient à la moindre occasion.

    - Comme il est charmant, ce garçon ! s'exclamait maman.

    - C'est une tête ! Le pays a besoin de jeunes comme lui, renchérissait papa.

    Au diable, le pays ! Au diable, la tête de Matar ! (Le pauvre ! Il n'y comprenait rien. Dès que je me retrouvais seule avec lui, nos parents voulant laisser germer une certaine intimité, je l'envoyais valdinguer.)

    J'étais enfin à Paname ! Maman qui avait effectué le voyage avec moi, resta presque deux mois dans mon appartement, histoire de s'assurer que tout allait bien. Elle préparait mes repas, mettait mon linge dans la machine à laver et faisait mon lit. Il est vrai qu'à l'époque, je n'étais même pas capable de faire un café ou un œuf sur le plat. On faisait tout pour moi. Les riches ne laissent pas leurs enfants sans garde-fous. On m’éloignait du feu et de tout danger. Même quand j'allais à la maternelle qui était juste en face de chez nous, il fallait toujours quelqu'un pour me faire traverser la route. Que voulez-vous ? On ne choisit pas ses parents. Maman qui interceptait mon courrier, me remettait les lettres que Matar m'envoyait, presque tous les jours. De très maladroites déclarations d'amour, de quoi remplir mes sacs-poubelles. Je continuai quand même à jouer le jeu jusqu'au départ de ma génitrice qui me fit souffler, ô combien !




    Pour Vos Commentaires, Cliquez ici !


    Dernière édition par le 2007-04-30, 21:50, édité 2 fois
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-04-30, 03:54

    (2ème partie)


    J'étais inscrite aux beaux-arts. Ah ! Je me souviens de la tête de papa. Oh ! Oh ! Fallait le voir, mon vieux ! J'avais catégoriquement refusé les barbantes études de droit qu'il me proposait... wow* ! On a quand même le droit de décider soi-même, non ?

    Comme argent de poche, mes parents m'envoyaient pratiquement le salaire d'un jeune cadre dynamique. Je n'ai jamais su ce qu'est un « jeune cadre dynamique », mais bon, c'est une expression comme une autre. J'avais, en tout cas, de quoi faire des folies.

    J'étais, à vrai dire, la petite bourgeoise naïve et un peu capricieuse sur les bords, qui s’évadait enfin de sa cage d'or. Je voulais découvrir le monde et l'avaler. Je sortais quand je voulais, et avec qui je voulais. Je m'habillais selon mes humeurs, et rentrais quand je le décidais. Je ne saurais raconter à quel point je m'éclatais. Au début, je me fis souvent avoir. Cela me servit, l'expérience étant une valeur sûre. J'appris à connaître ma nature et mes limites.

    Ce fut alors, que Bakary entra dans ma vie. C'était le bol d'air dont j'avais tant besoin. Je découvris l'amour et le bonheur qui va avec. Je ne voulais plus qu’une chose : passer le reste de ma vie avec lui. En fait, je crois que ce n'était même pas une décision, ça allait simplement de soi.

    Mes parents, informés par je ne sais quelle commère, prirent le contre-pied. Comme d'habitude ! Mais alors là, je peux vous dire que quand on me cherche, on me trouve ! Bon sang ! Qu'on me foute la paix ! Ma vie, je n'ai que ça, et c'est à moi d'en disposer. Même Dieu n'a pas à la contrôler. Mon père à qui ses fonctions ne permettaient pas beaucoup de déplacements, faillit plus d'une fois, au téléphone, se taper une crise cardiaque. Maman, quant à elle, prenait souvent l'avion pour tenter de récupérer sa fille perdue dans les bras d'un pauvre type. Je faisais front à mon père, et elle cherchait à calmer les esprits, comme on dit. Elle pleurait ou pleurnichait, prise entre le marteau et l'enclume. Rien à faire. Ils me faisaient de la peine, mais que voulaient-ils donc ? Que pouvais-je faire ? Sacrifier ma vie pour leur faire plaisir ? Eh bien non ! Non, non et non ! Non, mes vieux, vous êtes, donc laissez-moi être aussi ! Mon amour-propre me poussa à trouver un petit boulot à mi-temps. Caissière dans un supermarché. Mes parents n’avaient plus qu’à garder leurs sous pour leurs vieux jours. Désormais, les ponts étaient coupés. J'avais quand même conservé l'appartement. Ils l'avaient acheté et mis à mon nom. Le comble est que j'y vivais avec Bakary. Quel pied de nez !

    A notre retour à Dakar, nous avons créché dans l'appartement qu'un ami nous avait loué. Bakary avait trouvé du travail, comme animateur, et cherchait des musiciens pour former un groupe. Son salaire n'était pas très élevé, et mes sculptures ne se vendaient pas comme des petits pains. Nous avions juste de quoi survivre sans toucher à nos économies.

    Nous achetâmes une petite maison au bord de la mer. Toute l'histoire partit de cette maison. Depuis treize ans, nul ne l'avait habitée. Celui qui l'avait fait construire, mourut une semaine après son installation et ne précéda sa femme que de quelques jours. Elle fut louée, par la suite, à deux autres personnes qui moururent, l'une comme l'autre, de morts, nous disait-on, bien mystérieuses. Nul n'osait plus y résider parce qu'elle était, soi-disant, hantée. On l'appelait « La maison de Leuk Dawour ». La rumeur faisait croire que c'était le rab qui provoquait ces morts successives. On n'y dormait pas plus de vingt jours. Ces ouï-dire, loin de nous décourager, nous aidèrent à l'acheter à un prix très abordable. Nous commençâmes par la rénover.

    Je dois toutefois signaler que la première fois que je vis cette maison, elle affichait un aspect fort lugubre qui m’inquiétait un peu. Sur les murs vétustes et affreusement veinés d'étranges fissures, je percevais les traces profondes d'un mystère quelque peu sinistre. Une pesante et glaciale sensation de solitude y régnait. C'était la seule maison à tourner le dos à l'océan pour s'ouvrir sur un [c***]-de-sac. Il y avait quand même un balcon d'où l'œil et l'oreille attentifs pouvaient suivre les discours des vagues qui balayaient la plage rocailleuse. La fraîcheur marine entrait dans les quatre chambres, dont deux au rez-de-chaussée. La cuisine était spacieuse, de même que la salle de bains. Ce n'était certes pas une superbe villa, mais elle nous convenait. Je voulais juste un « chez moi ». Lointains étaient les temps où je me plaignais du moindre manque de confort. J'avais définitivement tourné le dos à la bourgeoisie sordide.

    Pendant que les travaux d'aménagement suivaient leur cours, je m'aventurai, seule, une nuit, à visiter notre future demeure. En fait, j'y cherchais plutôt refuge. Bakary et moi, nous nous étions disputés. Une de ces disputes qui alimentent pratiquement toute vie de couple. Vous savez, vivre avec autrui n'est pas chose aisée. Même avec l'être qu'on aime de tout son cœur, on a parfois besoin d'un peu de solitude, histoire de faire face à soi-même. Pendant ces moments, la présence de l'autre peut devenir irritante, insupportable, et tout alors peut donner naissance à des conflits... Pour tout dire, j'avais juste besoin de prendre un peu l'air.

    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


    Dernière édition par le 2007-04-30, 04:29, édité 1 fois
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-04-30, 03:56

    (Suite et fin)


    J'avais roulé quelques pétards soigneusement gardés dans mon sac à main où il y avait aussi un paquet de Camélia Sport, mes cigarettes préférées, une bouteille de whisky et une bombe lacrymogène, au cas où de petits voyous viendraient m'wow*. Il était, je crois, deux heures du matin, peut-être bien trois heures. C’était la première fois que je me rendais en ces lieux à une heure si avancée. J'avais garé ma voiture devant le portail.

    Seule dans la cour, adossée à un mur, mon joint de Lopito dans une main, mon Johnny Walker dans l'autre, je pensais à des choses et à d'autres. Je rêvassais, tout bonnement. J'étais peinarde.

    A un moment donné, il se produisit quelque chose d’extraordinaire. Un vent d'une puissance inouïe fit irruption dans la baraque. Tout se mit à trembler, et moi avec. Bien que ce fût la pleine lune, le ciel trouva le moyen de porter son manteau le plus obscur, et la terre se mit à concurrencer la mer dans l'agitation. Tout bougeait autour de moi, même le bout de carton sur lequel j'avais posé mes fesses. Le vent se matérialisa et prit des formes et des couleurs si merveilleuses que je regrettai de n'avoir pas pris mon appareil photo. J'étais surprise, étonnée et fascinée, mais je n’avais pas peur. J'étais défoncée et j'assistais, placide, au spectacle qui s'offrait à moi. Le vent émettait des hurlements démentiels qui couvraient les râles assourdissants des vagues kamikazes qui s'écrasaient contre la rocaille. Il entrait dans la bâtisse, faisant claquer portes et fenêtres, puis revenait, furieux, tourbillonner dans la cour. Il prit enfin, sous mes yeux, une forme bien distincte : la silhouette d'un cheval. Plus qu'une silhouette, c'était un cheval bien réel, un cheval tout blanc dont la robe luisante brillait autant que ses yeux rouges de sang. Il n'avait qu'une patte sous le ventre et se déplaçait par petits bonds. Pas de doute, c'était Leuk Dawour Mbaye, tel que les anciens l'ont décrit. Ma grand-mère me racontait que dans sa jeunesse, il lui arrivait, la nuit, de se blottir dans son lit, transie de frayeur, car elle entendait des « Klop ! Klop ! Klop ! » Les pas de Leuk Dawour inspectant les rues. J'étais en présence de l'unique et indéniable maître de Dakar, celui qui, depuis des temps immémoriaux, avait mainmise sur la ville. Je fus saisie d'effroi, tétanisée. Je n'osais faire aucun mouvement, pas même cligner de l'œil, malgré toute la poussière qu'il y avait dans la cour. Je transpirais dans mon t-shirt et dans mon vieux jean troué, à tel point qu'on eût dit que je prenais une douche, tout habillée. Des sueurs froides. J'observais Leuk Dawour s'élever vers le ciel et se suspendre au-dessus de ma tête, dans un gigantesque et impressionnant feu d'artifice. Soudain, un hennissement se fit entendre tout près de moi et me fit sursauter. Je me retournai. Il n'y avait qu'une échelle en bois posée contre le mur lézardé. Il m'avait pourtant semblé que le hennissement venait de cette échelle. Je n'eus pas le temps de me remettre de ma stupeur. Je vis l'échelle se trémousser, comme sous l'emprise d'une décharge électrique, et s'enfoncer lentement dans la terre, provoquant d’horribles bruits de craquements d'os. Si j'en avais eu le courage, je me serais pincée pour m'assurer que je ne rêvais pas. Je vis l'échelle descendre jusqu'à être complètement engloutie par la terre. Leuk Dawour aussi disparut. Puis, plus rien. Le calme revint, calme que perturbaient, par intermittence, les cris larmoyants des vagues agonisantes.

    « Bizarre ! Bizarre ! » me disais-je. Je sortis de la cour en chancelant. J'étais dans tous mes états, excepté celui de conduire une voiture. Je me rendis à une grande route pour héler un taxi. Et si Leuk Dawour s'était déguisé en chauffeur de taxi ? J'avais toutes les angoisses du monde, mais je n'avais pas le choix. Tout se passa bien, heureusement. Néanmoins, j'étais sûre que le rab de Dakar n'allait pas me lâcher la grappe si facilement. Je sentais son regard sur mon dos. Il me suivait...

    Bakary dormait. Je me déshabillai et me couchai près de lui. Jamais je ne l'avais serré aussi fort dans mes bras que cette nuit-là. Il s’était réveillé plusieurs fois pour me demander si j’allais bien. Je répondais : « Oui. » Je ne voulais pas lui raconter... De toute façon, il allait me dire que j'avais eu des hallucinations. Depuis quelques temps, il n'arrêtait pas de me dire que je fumais trop de joints et buvais trop... Ah ! J'étais « en état », comme on dit ici. Une grossesse de deux mois...

    Le lendemain, à mon réveil, Bakary n'était pas à mes côtés. Il avait laissé un mot sur la table pour dire qu'il allait visiter de la famille à Mbour et risquait de rentrer tard dans la soirée. J'étais au courant de ce voyage depuis longtemps. Mais ce qu'il tenait à dire dans son message, était dans les derniers mots : « Passe une bonne journée. Je t'embrasse très fort. Je t'aime. »

    Je pris le bus pour aller revoir les « lieux ». Les ouvriers n'étaient pas encore arrivés. Ils n'avaient pas d'heures fixes. Ils commençaient quand ils voulaient, c'est-à-dire tard. Je fis le tour de la maison. Rien ne paraissait anormal. Tout était en ordre. Même l'échelle était à sa place. Je vis ma bouteille presque vide et mes mégots plantés dans le sable. Je pris ma bagnole et rentrai chez moi, toute confuse.

    Je ne me sentais pas bien. J'eus la nausée, de terribles douleurs au ventre et des écoulements. Mon embryon finit dans les chiottes. C'était, de toute évidence, un coup de Leuk Dawour. Comment allais-je le dire à Bakary ? Oh, quelle journée !

    Je me sentais si mal que je dus débrancher mon téléphone et me coucher de très bonne heure, après avoir ingurgité une bouteille de whisky et cramé plusieurs joints. Il me fallait du remontant.

    La terrifiante image du cheval unipède me hantait. J’étais tourmentée par le rab de Dakar. Pourquoi m'avait-il laissée en vie ? Quand allait-il resurgir ? Pour me rassurer, je me mis au pieu, un petit pistolet sous mon oreiller. C'était un 25 Raven semi-automatique que papa, soucieux de ma sécurité, m'avait offert. Je dormais, le doigt sur la gâchette. Disons que je somnolais...

    Je ne saurais vous dire l'heure. Tout ce dont je me souviens, c’est qu’à un moment donné, je sentis le regard de Leuk Dawour se poser sur moi. Il avançait son museau vers mon visage. De la fumée sortait de ses naseaux. Mais, avant qu'il ne pût me toucher, j'avais tiré. Il s'écroula au pied du lit en poussant un cri inhumain. Du sang coulait sur le plancher, pendant qu'une cigarette brûlait mes draps. Je venais d'éliminer le rab de Dakar...

    Depuis cette nuit, je n’ai cessé de répéter au psychiatre, chaque fois que je suis en face de lui, le regardant droit dans les yeux : « Oui, j'ai descendu Leuk Dawour Mbaye, mais j'étais en légitime défense. »



    Extrait des "NOUVELLES FANTASTIQUES SENEGALAISES" L'Harmattan 2005.


    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]


    Dernière édition par le 2007-05-06, 12:40, édité 1 fois
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-04-30, 07:19

    Bon, je vais poster mes conneries ailleurs, à Waxtaanu Faan ou chez Man nit ki, car personne ne lit ici.
    Kayla
    Kayla
    ADO
    ADO


    Messages : 1848
    Age : 33
    Date de naissance : 27/12/1990
    Profession : Etudiante
    Points : 11

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Kayla 2007-04-30, 07:32

    Et si pourtant, moi je lis deh!!
    Fatim
    Fatim
    REINE DE SENEDIASPORA
    REINE DE SENEDIASPORA


    Messages : 16785
    Age : 38
    Date de naissance : 31/07/1985
    Profession : diom
    Points : 7802

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Fatim 2007-04-30, 07:52

    moi aussi j'ai lu
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-04-30, 08:34

    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]




    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    Nemie
    Nemie
    ENQUÊTEUR
    ENQUÊTEUR


    Messages : 9166
    Age : 76
    Date de naissance : 23/05/1947
    Profession : cultivatrice
    Points : 8828

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Nemie 2007-04-30, 08:36

    affraid affraid j'espére que je ne vais pas faire de cauchemards cette nuit. quelle histoire. C'est normal qu'elle devient folle. Au fait n'aurait -elle pa tué son mari au lieu de leuk Dawour j'aimerai pas le rencontrer
    [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi) Smilies6
    Nemie
    Nemie
    ENQUÊTEUR
    ENQUÊTEUR


    Messages : 9166
    Age : 76
    Date de naissance : 23/05/1947
    Profession : cultivatrice
    Points : 8828

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Nemie 2007-04-30, 08:38

    Man Dofbi tu es vraiment quelqu'un d'exceptionnel Ben Voilà
    bint0705
    bint0705
    ENFANT
    ENFANT


    Messages : 982
    Age : 37
    Date de naissance : 07/05/1986
    Profession : etudiante
    Points : 1

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par bint0705 2007-04-30, 08:38

    Si c ca Nemam, g dde a l'auteur parce que j'avais pas bien compris. En tt quoi moi aussi cette petite histoire me perturbe...
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-04-30, 08:44

    Oui, elle a descendu son mari qui voulait lui faire une bise.
    Maintenant, elle est ici, à Fann, avec moi.Sad
    bint0705
    bint0705
    ENFANT
    ENFANT


    Messages : 982
    Age : 37
    Date de naissance : 07/05/1986
    Profession : etudiante
    Points : 1

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par bint0705 2007-04-30, 08:50

    Mdrrrrrrr, l est ici a Fann avec moi!!!! rétaane rétaane Mandofbi...seu pseudo bi amoul fenn!!!!
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-04-30, 09:16

    MADOU DIALANE


    Il est des événements dont on ne parle pas, mais qui devraient défrayer la chronique.

    L’histoire que je vais relater, s’est passée à Diourbel, une ville du Sénégal.

    Arame avait grandi très vite, peut-être trop vite. A peine âgée de quatorze ans, elle circulait déjà dans un corps de femme. C’était une fille, comme on dit, bien éduquée, qui obéissait à ses parents. Elle n’avait pas « fait les bancs », c’est-à-dire qu’elle n’était jamais allée à l’école des Blancs, mais elle savait faire le ménage et la lessive, préparer à manger et puiser de l’eau. « A quoi sert une jeune fille, sinon à cela ? » disait son père qui, du reste, ne s’occupait que des garçons à qui il inculquait son métier de cordonnier.

    Tout se passa bien dans la vie d’Arame, jusqu’au jour où elle commença à avoir ses menstrues. Ces périodes étaient accompagnées de terribles douleurs. Jamais une femme de sa famille n’en avait connu de telles. Elle se tordait et pleurait, en proie à d’atroces douleurs lancinantes. On dit que les maux de tête sont bons pour les hommes, les maux de ventre, bons pour les femmes. Mais des comme ça, aucune femme n’en voudrait.

    Sagar, sa mère, n’arrivait plus à dormir. Elle était persuadée qu’il y avait quelque chose d’anormal. Aucune mère n’est insensible au mal qui touche son enfant. Elle l’avait emmenée au dispensaire et à l’hôpital Lübke, les infirmiers et docteurs ne pouvaient la soulager. Une amie lui avait alors conseillé de consulter le guérisseur Madou Dialane.

    On ne savait pas grand-chose de cet homme, sinon qu’il venait d’un des pays de la sous-région, et qu’il aurait des pouvoirs surnaturels. D’aucuns disaient qu’il était Mossi, d’autres, Haoussa. Il semblait avoir longtemps vécu au Sénégal, vu qu’il parlait bien le wolof, même s’il avait un fort accent. De profondes balafres sillonnaient ses joues, ce qui lui donnait un air farouche qu’accentuaient ses gros yeux rouges et sa barbe broussailleuse et grisonnante. On ne badinait pas avec lui. Il avait loué une chambre au quartier Keur Cheikh où ses patients allaient le consulter. Il s’était fait, dans la ville, une réputation de grand guérisseur. Quand la médecine dite moderne s’avérait impuissante, on allait le voir.

    Sagar et Arame le trouvèrent assis sur une natte, devant sa chambre, à l’ombre d’un acacia, un éventail à la main. C’était en début d’après-midi. Le soleil battait son plein. Il n’y avait personne d’autre dans la cour. Il portait un boubou ocre galonné de petits miroirs et de cauris, signe qu’il était un mystique. Un bonnet rouge couvrait son crâne, et une queue de buffle trônait sur ses jambes croisées. A son cou, pendaient des grigris de toutes sortes.

    - Assalamalikoum ! fit Sagar, avec une légère flexion des genoux.

    Madou Dialane cracha, devant lui, les miettes de cola qu’il avait dans la bouche.

    - Malikoumsalam ! Soyez les bienvenues !

    Il jaugea ses visiteuses d’un regard intense. Quand ses yeux croisèrent ceux d’Arame, celle-ci eut un frisson. L’homme avait tout d’un fauve. Il se retourna et appela :

    - Mouna !

    Une femme sortit d’une des trois chambres que comptait la maison. Bien que d’un certain âge, elle restait vigoureuse. Ses seins flasques et nus ballottaient sur son ventre, juste au-dessus de son pagne attaché autour des reins.

    - Amène-leur une natte pour s’asseoir et de l’eau à boire. Il fait trop chaud.

    Mouna exécuta la tâche et retourna dans sa chambre.

    - Quels sont vos pas ? demanda Madou Dialane.

    Sagar, assise en face de lui, avala une gorgée d’eau et répondit :

    - C’est mon amie Thioro Fall, que vous devez bien connaître, qui m’a conseillé de vous amener ma fille qui souffre d’une maladie que nous ne connaissons pas. Personne ne sait ce que c’est.

    Madou Dialane se concentra, comme pour mettre ses djinns à l’écoute.

    - Oui, je connais bien Thioro Fall. De quoi souffre votre fille ?

    - Comme je vous l’ai dit, nous ne le savons pas. Elle a de terribles maux de ventre qui, souvent, semblent la couper du reste du monde. Nous sommes allées voir tous les docteurs, ils n’y peuvent rien. C’est pourquoi nous sommes venues ici.

    Le guérisseur posa sa main sur le visage de la jeune fille, lui tira la paupière avec son pouce et ausculta son œil.

    - Vous avez bien fait, dit-il. La médecine des Blancs est très limitée. Aucun docteur ne peut soigner cette fille. Je vais voir ce que je peux faire.

    Il se leva et secoua sa queue de buffle à sa gauche, puis à sa droite, en marmonnant quelques mots que ses visiteuses ne comprenaient pas. Elles sentaient seulement qu’il s’adressait à des êtres invisibles. Il entra dans sa chambre et en ressortit, un instant plus tard, avec une petite corne et une lame de rasoir. Il parlait toujours aux êtres invisibles, lorsqu’il reprit sa place. Il ordonna à la fille de soulever sa marinière et de se coucher sur le flanc, sur la natte. Il lui tata le ventre avant d’y faire deux petites incisions avec la lame de rasoir. Là-dessus, il posa la corne et aspira avec sa bouche placée au bout de la corne trouée. La corne s’accrocha au ventre de l’adolescente, telle une ventouse. La mère regardait, attentive. Puis, Madou Dialane bourra sa pipe, qu’il alluma, et se mit à tirer des bouffées de fumée, tout en continuant son dialogue avec les êtres invisibles. De temps à autre, il secouait affirmativement la tête ou disait : « Hum ! Hum ! », ce qui montrait qu’il recevait les informations dont il avait besoin. Arame ne bougeait pas. Sagar restait silencieuse. Il s’écoula un long moment avant que le guérisseur n’enlevât la corne. Dedans, il y avait des caillots de sang noirâtres. Triomphalement, il les montra à la mère.

    - Voilà ce dont souffre votre fille !

    Arame, toujours allongée sur le flanc, et sa mère aux yeux écarquillés, restèrent accrochées à ses lèvres. Il prit tout son temps pour examiner les caillots de sang, puis il ralluma sa pipe. Un silence plein de suspens régna, interrompu par les « Hum ! Hum ! » que Madou Dialane lâchait de temps en temps. Brusquement, il planta la corne dans la terre, versa une poignée de sable sur la blessure de la jeune fille et déclara :

    - Des djinns et des rabs sont dans son ventre.

    - Han ! s’exclama Sagar en plaçant sa main devant sa bouche, comme pour contenir son désarroi. Que me dites-vous ?

    - Oui, il y a des djinns et des rabs dans son ventre, confirma Madou Dialane.

    Pauvre fille ! Elle n’avait que quatorze ans. Elle resta médusée, se demandant ce qui lui arrivait. Au moins, on connaissait le mal. Il ne restait plus qu’à trouver le remède.

    Madou Dialane laissa de la fumée sortir de ses narines, secoua sa queue de buffle et s’ébroua en éternuant.

    - Dieu m’est témoin ! Cette fille est possédée, mais je vais la soigner.

    Sagar souffla de soulagement.

    - Je ne compte que sur vous, lui dit-elle.

    - Il faut qu’elle revienne ici, demain, à la même heure, seule. Si vous assistez à l’opération, les djinns et les rabs, une fois chassés de son ventre, iront se réfugier dans le vôtre. Aucun être humain ne doit être présent.

    Son ton était catégorique, autoritaire. On n’affronte pas un tel personnage. Sagar comprit qu’elle n’avait rien à lui objecter.

    « Elle doit amener un poulet rouge et trois mille francs », dit le guérisseur, avant de rallumer sa pipe. Il ferma les yeux, conversant toujours avec des êtres invisibles. « Hum ! Hum ! »

    Le lendemain, Arame débarqua chez lui, avec un poulet rouge aux pattes attachées et trois billets de mille francs. Elle était seule. Il l’attendait dans sa chambre.

    - Entre, ma fille, dit-il quand il l’entendit saluer devant la porte.

    Arame poussa le rideau et fit un pas hésitant. Il faisait un peu sombre dans la pièce, l’unique fenêtre étant fermée. Il y avait de fortes odeurs de fumées de tabac, d’encens et d’autres herbes. Il faisait aussi chaud que la veille. Aux murs, étaient suspendus des grigris, des crânes d’animaux et d’autres objets bien étranges. Elle tremblait, la fille de quatorze ans. « Avance ! » lui cria la voix rauque de Madou Dialane. « Et referme la porte derrière toi ! » Elle n’avait qu’à obéir. Elle posa le poulet par terre et referma la porte. Il prit l’argent qu’elle lui tendait et la fit asseoir sur le lit, à côté de lui. Elle tremblait toujours, la pauvre fille.

    Madou Dialane secoua sa queue de buffle et s’assit à même le sol. Il avait l’air grave et préoccupé. Il réprimanda des êtres invisibles, puis se mit à tracer des traits sur le sable qui tapissait le sol de sa chambre. Arame ne savait où se mettre. Madou Dialane, s’exprimant dans une langue incompréhensible qui devait être celle des djinns, tira un panier qui se trouvait sous le lit. Il souleva le couvercle et en sortit un gros serpent… non venimeux. Arame, affolée, se roula en boule sur le lit, avec un cri étouffé. Madou Dialane sourit.

    - Voici Dakoura, le redoutable ! C’est un djinn qui s’est métamorphosé en serpent. C’est mon associé. Lui seul peut te sauver.

    Arame se faisait toute petite au coin du lit, tout contre le mur. Elle regardait avec angoisse le reptile qui se mouvait dans les mains du guérisseur.

    - Dakoura ! dit Madou Dialane.

    - Oui, répondit le serpent, d’une voix étrangement humaine.

    - Cette personne en face de toi, est-elle du sexe masculin ou féminin ?

    - Féminin.

    - Peux-tu la soigner ?

    - Oui.

    Arame eut l’impression que c’était Madou Dialane qui jouait au ventriloque, mais elle n’était pas en état de penser. Pour elle, c’était la première fois qu’elle entendait la voix d’un djinn. L’homme lui ordonna de se dévêtir. Elle enleva sa marinière et croisa ses bras sur sa poitrine, pour cacher ses seins. « Enlève tout ! » dit le guérisseur. Obéissante, elle se dévêtit complètement. Il lui ordonna, en brandissant le serpent, de s’allonger sur le lit.

    Elle était couchée sur le dos, les pieds touchant le sol, les jambes écartées. Madou Dialane le voulait ainsi. Il remit le serpent dans le panier qu’il referma. Il égorgea le poulet et le tint ferme, pendant qu’il gigotait, laissant le sang couler sur les seins, le ventre et les cuisses de la jeune fille qui transpirait de peur. Il prépara un breuvage qu’il mit dans une petite calebasse et lui dit de tout boire. Quand Arame finit de boire, elle se sentit ailleurs, entre le sommeil et la veille. Elle ne savait plus où elle était.

    - Quoi qu’il arrive, lui dit Madou Dialane, n’ouvre pas les yeux. Et si tu as mal, ne crie surtout pas, car si tu le fais, Dakoura sera en colère et te mordra. Il est dangereux quand il se met en colère. Très dangereux. Il va entrer dans toi et chasser les djinns et les rabs que tu as à l’intérieur. A un moment donné, tu le sentiras cracher son venin. C’est ainsi qu’il combat le mal.

    Elle ne souffla mot. De toute façon, elle ne se rendait presque compte de rien. Elle s’endormit.

    Quand elle se réveilla, quelques heures plus tard, elle fut horrifiée de voir tout ce sang sur elle. Elle ne savait pas si elle saignait ou si c’était le sang du poulet.

    - Ne dis rien à personne, lui ordonna Madou Dialane, même pas à ta maman. Si tu racontes quoi que ce soit, Dakoura ne pourra plus te soigner et tu passeras le reste de ta vie avec des djinns et des rabs dans ton ventre. Reviens dans une semaine, avec un autre poulet.

    Ainsi, chaque semaine, Arame s’amenait avec un poulet, et Dakoura faisait son travail.

    Un matin, Sagar arriva chez le guérisseur, avec deux poulets.

    - C’est pour vous remercier, dit-elle, car depuis quatre mois qu’elle vient ici, ma fille n’a plus de maux de ventre. Par contre, elle me fait penser à une femme enceinte.

    - Ce n’est rien ! répondit Madou Dialane en éclatant de rire. Ce n’est rien du tout ! Les djinns ont soufflé dans son ventre avant de sortir. Cela arrive souvent. Il n’y a pas à s’inquiéter. Dans quelques jours, elle sera tout à fait normale.

    Ce fut la dernière fois qu’on vit Madou Dialane dans cette ville. Mouna, à qui on demandait des explications, répondait : « Il est parti comme il est venu. Il me doit encore cinq mois de loyer. Et je vous jure qu’il n’a même pas eu la gratitude de me remercier pour tous ces poulets que je cuisinais pour lui. »

    Un beau jour, la jeune Arame accoucha d’un bébé qui ressemblait beaucoup à Madou Dialane. C’était un garçon. On l’appela Ndiogou Fama et l’on dit de lui qu’il était l’hybride d’un djinn et d’une rab.
    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

    bint0705
    bint0705
    ENFANT
    ENFANT


    Messages : 982
    Age : 37
    Date de naissance : 07/05/1986
    Profession : etudiante
    Points : 1

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par bint0705 2007-04-30, 09:30

    Encore un charlatan ce Madou Dialane qui se fait passer pr un grand guerisseur!!!! Si seulement les principaux concernes pouvaient etre avertis ca eviterais beaucoup de mesaventures....
    Abou.salama
    Abou.salama
    EMBRYON
    EMBRYON


    Messages : 157
    Age : 44
    Date de naissance : 27/04/1979
    Profession : Moudjahid fi sabilillah
    Points : 7

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Abou.salama 2007-04-30, 09:32

    as salamou alaykoum

    saway MaN DoFbI yémé nga , macha allah hafizakallah wa ayadaka bi nasrihi
    Nemie
    Nemie
    ENQUÊTEUR
    ENQUÊTEUR


    Messages : 9166
    Age : 76
    Date de naissance : 23/05/1947
    Profession : cultivatrice
    Points : 8828

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Nemie 2007-04-30, 09:37

    Il s'est bien fichu d'eux ce faux marabout.
    Damisco
    Damisco
    ADULTE
    ADULTE


    Messages : 5313
    Age : 38
    Date de naissance : 06/04/1985
    Profession : Apprenti-avion
    Points : 831

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Damisco 2007-04-30, 10:06

    Madou Dialane!!!
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-04-30, 10:12

    C'est hélas une réalité.
    Il y a plein de Madou Dialane au pays.
    Kayla
    Kayla
    ADO
    ADO


    Messages : 1848
    Age : 33
    Date de naissance : 27/12/1990
    Profession : Etudiante
    Points : 11

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Kayla 2007-04-30, 15:10

    Man dofbi, sama nijay, tu nous gates trop!!

    Dieureudieuf!
    20zero
    20zero
    ADO
    ADO


    Messages : 2234
    Age : 44
    Date de naissance : 16/09/1979
    Profession : chomeur
    Points : 18

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par 20zero 2007-05-01, 02:42

    j'ai enfin eu le temps de lire.c'est vraiment fantastique.les themes egalement sont interessants surtout pour des gens comme moi.alors nous avons bien le droit d'en reclamer ecore et encore.
    Naginaa
    Naginaa
    ADULTE
    ADULTE


    Messages : 4360
    Age : 43
    Date de naissance : 20/08/1980
    Profession : Graphiste
    Points : 100

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Naginaa 2007-05-04, 22:35

    waaawwwwwwwwwwww passionnant
    décidément tu me surprend toujours
    queen
    continues on en aura jamais assez Bravo
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-05-05, 06:32

    FANTA SARR

    Dans sa jeunesse, Fanta Sarr était amoureuse d’un Libanais, un « Libanais tout rouge » qui venait de Beyrouth. Ibra Thioro ne voulait pas de ce Libanais comme gendre. Il battait rudement sa fille et l’enfermait dans une chambre, mais dès qu’il la laissait sortir, elle retournait chez son Libanais. Quand on donna sa main à son cousin Tâla Ndiaye, elle se mit à chanter :

    « Je n’en ai pas le droit, mais
    C’est mon Libanais que j’aime.
    Mon « Libanais tout rouge »
    Est celui que je préfère. »

    Tâla Ndiaye habitait le quartier Keur gou mag, à Diourbel. Il était très amoureux de son épouse. Cela ne le dérangea pas qu’on eût à égorger un poulet sur le drap blanc pour faire croire que la mariée venait de perdre sa virginité. Tout le monde se doutait bien que Fanta et son Libanais n’y allaient pas de main morte. Quand elle accoucha, quelques mois plus tard, d’une fille appelée Nogoye Ndiaye, les rumeurs allèrent bon train. Le bébé avait la peau très blanche et ne bronza que très peu au fil des années. Fanta savait qu’elle avait tout le monde contre elle, ce qui ne la dérangeait guère. C’était une panke, une femme turbulente et bagarreuse. Par provocation, elle chantait :

    J’ai une femme, j’ai un enfant,
    Je ne vais plus retourner à Beyrouth,
    Beyrouth, Beyrouth, Beyroutha.

    Son mari, faible de caractère, ne devait son semblant d’autorité qu’au soutien de son beau-père. Il n’osait même pas demander à sa femme où elle allait la nuit, quand elle sortait du lit en lui disant « Je vais me promener » et ne rentrait qu’au petit matin. Il fut soulagé, lorsqu’il apprit que le Libanais avait vendu sa boutique et était rentré à Beyrouth. Ce soulagement ne dura pas longtemps. Une nuit, Fanta lui dit :
    - J’ai à te parler et je ne veux pas qu’un autre entende ce que je te dis. Ne le répète à personne. Si tu ne retiens pas ta langue, je la couperai et je coudrai tes lèvres avec une aiguille. Je vais partir en voyage. Je ne sais pas quand je reviendrai, mais je veux que tu prennes bien soin de ma fille pendant mon absence.
    - Où veux-tu aller ?
    - Ça ne te regarde pas. Écoute plutôt ce que je te dis. Que rien ne lui manque ! Tu m’entends ? Tu peux épouser une autre femme si tu veux, pourvu qu’elle la traite bien, autrement c’est à moi que tous deux, vous rendrez des comptes.
    - Fanta, mon cœur, c’est toi que j’aime...
    - Moi, mon cœur est avec quelqu’un d’autre.
    - Dis-moi au moins où tu veux aller pour que…
    - Je t’ai dit que ça ne te regarde pas. Maintenant, ne m’agace plus. Je suis fatiguée, je veux dormir.

    Fanta disparut. Certains racontaient qu’elle était à Beyrouth, d’autres pensaient qu’elle s’était suicidée et d’autres encore disaient qu’elle était à Bathurst ou à Conakry.

    Quand elle revint, dix années plus tard, elle n’était plus la jeune femme que l’on pouvait enfermer dans une chambre pour la battre. Elle avait des bras à soulever deux hommes en même temps et les jeter en l’air. Rien qu’avec sa voix, elle pourrait casser une porte et sur son derrière, elle sentirait à peine le poids d’un camion-citerne. A quiconque lui demandait où elle était, homme, femme ou enfant, elle répondait : « Occupe-toi de tes affaires. » C’était après le décès de son père survenu pendant son absence, ce qui lui donnait plus de liberté, d’arrogance et d’agressivité. Ses colères étaient fréquentes et elle était très redoutée. Elle avait ridiculisé un homme au marché Ndoumbé Diop en lui flanquant une gifle qui l’avait envoyé au sol. Un autre jour, un groupe de jeunes gens médisaient d’elle. Elle s’était inopinément présentée au milieu d’eux, un pilon en main. « Que l’un d’entre vous répète ce qu’il a dit et je l’envoie en enfer ! » Les yeux étaient baissés, le silence pesant. On ne badinait pas avec cette virago de Fanta Sarr.

    Sa fille avait alors treize ans et était d’une grande beauté. Elle avait de loin le teint le plus clair de la famille et sa longue chevelure, lisse, noire et ondulée, faisait rêver toutes les femmes. Les garçons rôdaient autour d’elle, mais gare à celui qui s’approchait trop près d’elle. Fanta Sarr allait le trouver dans sa famille et l’apostrophait : « Toi, Abdoulaye Mbodj, avec ta noirceur de charbon, je veux que tu laisses ma fille tranquille. Va faire ton petit malin ailleurs, sinon je reviendrai, ici même, te casser la gueule, devant ta maman qui n’y pourra rien. Thimm ! Espèce de vaurien ! Avec tes oreilles pareilles à des éventails repliés ! » Fanta semait la terreur dans le quartier.

    Le plus terrifié de tous était Tâla Ndiaye. Le pauvre mari invoquait jour et nuit un secours divin. Il était petit de taille et maigre comme un squelette. Recroquevillé sur lui-même, il semblait porter toute l’angoisse de la terre sur sa carcasse. Il avait, tout le temps, l’air d’un oiseau affolé. Il tournait tristement les yeux à droite et à gauche, sursautant à chaque fois que Fanta le regardait ou lui adressait la parole. Il était un tailleur très renommé qui n’avait pas d’égal à Diourbel. Son travail devint vite un prétexte qu’il utilisait pour fuir sa femme. Il l’aimait autant qu’il la craignait. Il la craignait non seulement parce qu’elle le malmenait physiquement, mais aussi parce qu’il n’arrivait pas à la satisfaire au lit. Il avait beau la combler de cadeaux et faire de la haute couture pour elle, elle le méprisait. « Thimm ! lui disait-elle. Homme de rien du tout ! » Quand le soleil déclinait, Tâla commençait à prier : « Ô, mon Dieu ! Mon Dieu, aide-moi ! » Il redoutait l’heure de l’épreuve. Dès que le crépuscule arrivait, il tombait malade ou le prétendait. Il avait essayé toutes les plantes et racines aphrodisiaques, consulté d’éminents guérisseurs et de nombreux charlatans, rien à faire. La peur bloquait ses nerfs. Quand il se mettait au lit et fermait les yeux, Fanta le secouait à la manière d’une enfant qui punit sa poupée :
    - Hé ! C’est à toi que je parle. Ne fais pas semblant de dormir. Fais quelque chose ou je vais chercher un autre homme.
    - Ô ! Fanta, ne vois-tu pas que je suis malade ?
    - Tu n’as rien du tout. Thimm ! Est-ce ça qu’on appelle un homme ? Éloigne-toi de moi. Je ne veux pas que tu me files tes microbes.

    Fanta était une femme d’affaires. Elle voyageait beaucoup et ramenait des tissus et d’autres produits qu’elle revendait. Ses débiteurs n’étaient pas enviables. Elle les traquait impitoyablement. Et quand par malheur vous acceptiez l’un de ses cadeaux – qu’elle vous forçait pratiquement à accepter – ou quand elle vous rendait un service, vous aviez de gros ennuis : elle vous le rappelait à chaque occasion, en en rajoutant à outrance, vous faisant bien comprendre que vous lui deviez quelque chose et aviez intérêt à ne rien lui refuser. Il lui arrivait de voyager pendant plusieurs jours. A son retour, elle n’avait aucun problème à dire à son mari couché près d’elle : « Ah ! Heureusement qu’il y a des hommes qui peuvent faire leur travail ! Il m’a esquintée, ce garçon ! Toute la nuit durant, il ne m’a pas laissée souffler une seconde. A chaque fois que je le croyais vidé, le voilà qui recommençait avec l’ardeur d’un jeune lion en rut. Hum ! Tout mon corps en frétille encore. C’est quand même la plus savoureuse des fatigues. Ah ! Quel homme ! Vivement que j’y retourne ! Toi, Tâla, que ta main ne me touche pas ! J’ai besoin de bien dormir pour récupérer. »







    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-05-05, 06:33

    Merci, les gars !
    J'en ai donc rajouté.
    Bonne lecture !
    Abssiss BABISTO
    Abssiss BABISTO
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 13755
    Age : 40
    Date de naissance : 09/09/1983
    Profession : Séetankatou télé
    Points : 13564

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Abssiss BABISTO 2007-05-05, 06:48

    Salut ici !

    Grand tu as frappé fort !!! Très fort même !!
    Mais...... c'est quand même TOI Ehey !

    Ok, je suis en train de lire (je suis paresseux et je procède par partie Wink ).
    Alors je voulais juste préciser qu'il y a quelques soucis dans le texte Wink .
    En effet, j'ai remarqué que le système de censure a intercépté pas mal d'expressions (wow*) et ([c***]-de-sac) par exemple.
    Je viens juste de les reemarquer et je crois que je vais penser à redéfinir la censure car pour le second, ça n'a rien à voir avec le dépassement (je vais y réflechir pour la redéfinition du filtre).

    Sinon je crois que ça ne dérange pas trop Wink et que tout le monde aurait compris.

    En tout cas je suis bien plongé dans le texte Ehey .
    Je viens de dépasser le "blabla" naïf de la partie "rose" des nouvelles !
    Ils ont acheté la maison "hantée", les frissons vont démarrer affraid Ehey !
    Donc je m'arrête là, je fais d'autres choses, je réfléchis sur ce qui "pourrait" suivre et je continuerai après Embarassed !

    J'allais oublier : j'aime beaucoup le style d'écriture. Je sens la révolte de la petite naïve Ehey ! C'est clair, ça se passe toujours comme ça, elle avait vraiment besoin de liberté car elle étouffait vraiment dans ce luxe arrogant d'où elle provient.
    Mais bon, elle a été chanceuse d'être assez raisonnable car en général si ça se passe comme ça, les dégâts seraient, pour ainsi dire, incommensurables Ehey !

    A la prochaine Embarassed
    Naginaa
    Naginaa
    ADULTE
    ADULTE


    Messages : 4360
    Age : 43
    Date de naissance : 20/08/1980
    Profession : Graphiste
    Points : 100

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Naginaa 2007-05-05, 08:18

    Thieuy talla Ndiaye massa waay
    super encore Bravo
    Kayla
    Kayla
    ADO
    ADO


    Messages : 1848
    Age : 33
    Date de naissance : 27/12/1990
    Profession : Etudiante
    Points : 11

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Kayla 2007-05-05, 10:27

    Man Dofbi, mba dou ni lala Man Nit Ki di deff? héhé
    Li mome autobiographie la may nourol hahahaha

    Encore une fois, merci pour ce beau texte!
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-05-05, 13:41

    ahahaha !!!!
    Kayla, il y a des points communs, mais Man Nit Ki et moi, nous passons autrement nos nuits.Ehey

    Naginaa, merci waay !

    Petit Thiam, je vois que tu es bien en retard.
    Nemie
    Nemie
    ENQUÊTEUR
    ENQUÊTEUR


    Messages : 9166
    Age : 76
    Date de naissance : 23/05/1947
    Profession : cultivatrice
    Points : 8828

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Nemie 2007-05-05, 13:49

    Teudd ci souf Man Dofbi nak sa Fanta Sarr bi mofi diare di dem pauvre talla ndiaye nayssane amoul chance
    Abssiss BABISTO
    Abssiss BABISTO
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 13755
    Age : 40
    Date de naissance : 09/09/1983
    Profession : Séetankatou télé
    Points : 13564

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Abssiss BABISTO 2007-05-05, 13:53

    Ehey si si je sais, mais je vais me rattrapaz t'inquiète
    Abssiss BABISTO
    Abssiss BABISTO
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 13755
    Age : 40
    Date de naissance : 09/09/1983
    Profession : Séetankatou télé
    Points : 13564

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Abssiss BABISTO 2007-05-05, 13:55

    Ok, d'après la masse commentairielle sur Fanta je crois que je suis bien obligé de faire un Hol on sur Leuk Dawour et de l'attaquer !!
    D'acciord, j'y réfléchis, je mange une pomme et je reviens héhé
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-05-05, 15:58

    Babel, comme tu parles souvent de ta grand-mère, j'ai quelque chose pour toi.
    Abssiss BABISTO
    Abssiss BABISTO
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 13755
    Age : 40
    Date de naissance : 09/09/1983
    Profession : Séetankatou télé
    Points : 13564

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Abssiss BABISTO 2007-05-05, 16:20

    Man Dofbi a écrit:Babel, comme tu parles souvent de ta grand-mère, j'ai quelque chose pour toi.
    Embarassed Embarassed Ouais Mame Codou Crying or Very sad Elle me manque beaucoup, bou déé doone taggo maniko mou khaar baci kanam mais bon.... Sad !!

    J'impatiente alors grand !! Embarassed !
    Abssiss BABISTO
    Abssiss BABISTO
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 13755
    Age : 40
    Date de naissance : 09/09/1983
    Profession : Séetankatou télé
    Points : 13564

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Abssiss BABISTO 2007-05-05, 22:44

    Pufffffffffff Tâla NDIAYE daal vrai yambar la kwaa thimm, kii louko dall nii? héhé !

    Ok je lis, j'i pas fini Fanta Ehey !

    Non mais qu'est-ce qu'elle est cruelle celle-là What a Face .

    Ok, on y va, mais Grand Dofbi, pourquoi Tâla a attendu toutes ces dix années lui aussi?
    Il est fou ou je n'ai pas compris ou quoi?
    Ensuite, après tout ce temps, la femme revient et reprend le tralala quotidien au même point où elle l'avait laissé (cris, menaces, harcèlements, frayeur...).
    Le mari ne pouvait-il pas se forger une toute petite "personnalité" pendant toute cette absence-là?

    Aussi, après dix ans d'absence, pourquoi n'a-t-il justement pas penser à prendre une autre femme (d'ailleurs Fanta lui avait soumis l'idée bien que les fins seraint différentes) et à son retour, l'envoyer au diable ? !!!

    En tout cas cool cool Ehey !
    Non mais c'est vrai quoi, j'aime bien les récits comme ça car ça me fait mal jusqu'à la fin, et quand je pense à un déroulement de l'intrigue qui passe à droite, l'auteur me force à voir par droite What a Face !
    Ca m'enerve mais c'est cool, j'aime bien !

    Mais aussi ce Tâla là a vraiment busillé son nom ! Thimm héhé !
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-05-05, 23:30

    BADOU ET NOGOYE


    A son arrivée, Badou salua Oncle Tâla, puis suivit Tanta Fanta dans une chambre où elle l’invita à s’asseoir sur un grand lit. Il y avait aussi des chaises, une armoire et une table avec des bols et divers objets posés dessus. Un canari occupait un coin. Des photos étaient accrochées aux murs.

    - Nogoye ! cria Fanta.

    - Naam ! (oui !) répondit une jolie voix.

    Nogoye arriva. Du haut de ses dix-huit ans, nantie de la beauté inaltérable des femmes noires et du charme troublant des Orientales, elle brillait telle une étoile. Fanta voulait lui trouver un bon mari et Badou lui semblait être un excellent parti.

    - Badara, que dis-tu de ça ? hasarda-t-elle en poussant sa fille vers le jeune homme.

    Si Badou était de race blanche, il serait tout rouge sur le moment. Il sourit pour contenir son embarras et serra la main de Nogoye qui alla ensuite s’asseoir sur une chaise, troublée, elle aussi, par cette présentation incongrue.

    - Bon, je vais vous laisser discuter et faire connaissance, dit Fanta. Je dois m’occuper de ma cuisine. Faites tout ce que vous voulez, mais ne cassez pas mon lit.

    Elle sortit, laissant ces deux timides créatures brutalement jetées l’une en face de l’autre. Badou et Nogoye avaient, tous deux, les yeux baissés. Ils se rongeaient les ongles ou tournaient nerveusement les pouces. Chaque coup d’œil sur le visage de l’autre était un instant volé.

    - Na nga def, Nogoye ? (Comment vas-tu, Nogoye ?) bégaya Badou.

    - Maa ngui fi rek (Ça va.), murmura-t-elle, comme si sa voix était restée au fond de sa gorge et refusait de sortir.

    Le silence était embarrassé. Parfois, l’un d’eux parlait du temps.

    - Il fait chaud aujourd’hui.

    - Ah oui ! Il fait très chaud !

    Et le supplice continuait, dans le silence. Ils ne furent soulagés que quand Fanta arriva avec le repas.

    - Qu’il n’en reste rien, dit-elle en posant un grand bol devant Badou.

    Elle avait préparé du poulet et de la salade, avec des légumes. A l’époque, Diourbel était une terre très fertile. On trouvait de l’eau à quatre, trois ou même deux mètres de profondeur dans le sol. Dans les champs et potagers, il y avait des séanes, de grands puits coniques creusés ça et là, où l’on descendait remplir les arrosoirs. L’eau était si claire que les jardiniers s’y baignaient le soir, avant de rentrer à la maison. Les goyaves de Diourbel étaient convoitées dans tout le Baol, de même que ses betteraves, ses navets, ses choux, ses pommes de terre, ses mangues et ses salades.


    Le lendemain, El Hadj Doudou appela son fils :

    - Ton oncle Tâla Ndiaye m’a parlé de tes relations avec Nogoye. Si tu veux l’épouser, je n’ai rien contre. Sa mère est turbulente, mais elle, Dieu merci, elle est bien éduquée. Je pense que c’est bon pour toi de laisser une femme ici. Elle pourra habiter dans cette maison en attendant ton retour de France, Inch’Allah.

    Badou était déphasé. Il n’avait jamais dit à personne qu’il voulait épouser cette fille. Nogoye lui plaisait certes, mais il craignait l’engrenage familial. Et puis, il ne songeait pas encore à se marier.






    Damisco
    Damisco
    ADULTE
    ADULTE


    Messages : 5313
    Age : 38
    Date de naissance : 06/04/1985
    Profession : Apprenti-avion
    Points : 831

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Damisco 2007-05-06, 01:06

    Merci Yow Dof bi ,ton roman est fantastique.ce qui me plais c'est surtout son originalité .c'est un roman typiquement sénégalais.Et les descriptions aussi sont très bien faites.
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-05-06, 01:30

    Merci, Damisco ! Je fais de mon mieux.

    Oui, Babel, tu as raison. en effet dans la première version, Talla avait épousé une autre femme (et même des enfant Ehey ) et Fanta à son retour l'avait obligé à divorcer. Mais c'était mal écrit et j'ai pensé que je pouvais tout simplement l'enlever. Ta remarque me montre que j'ai eu tort de le faire. Je vais donc lui rendre sa femme.rétaane
    Abssiss BABISTO
    Abssiss BABISTO
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 13755
    Age : 40
    Date de naissance : 09/09/1983
    Profession : Séetankatou télé
    Points : 13564

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Abssiss BABISTO 2007-05-06, 07:58

    C'est ça même grand, rendons lui sa femme pour voir comment ça se passera par la suite !

    En tout cas je suis sûr que Fanta n'aura aucun grand souci à la bouter dehors cette pauvre petite épouse de substitution Sad !
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-05-07, 15:33

    Je vois que personne n'a lu "Badou et Nogoye"
    donc, ce n'est pas la peine d'en poster d'autres.Crying or Very sad
    Nemie
    Nemie
    ENQUÊTEUR
    ENQUÊTEUR


    Messages : 9166
    Age : 76
    Date de naissance : 23/05/1947
    Profession : cultivatrice
    Points : 8828

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Nemie 2007-05-07, 15:53

    Moi je l'ai lu hier mais j'avais pas le temps de poster Ben Voilà on attend la suite apparemment Badou est pris au dépourvu on veut bien savoir ce qu'il va devenir. Wa Fanta Sarr migui nek dictature ba tay va t-elle changer un jour et puis où elle était passé scratch Continues vraiement tes histoires ça nous changent
    Abssiss BABISTO
    Abssiss BABISTO
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 13755
    Age : 40
    Date de naissance : 09/09/1983
    Profession : Séetankatou télé
    Points : 13564

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Abssiss BABISTO 2007-05-07, 16:10

    Nemam a écrit:Moi je l'ai lu hier mais j'avais pas le temps de poster Ben Voilà on attend la suite apparemment Badou est pris au dépourvu on veut bien savoir ce qu'il va devenir. Wa Fanta Sarr migui nek dictature ba tay va t-elle changer un jour et puis où elle était passé scratch Continues vraiement tes histoires ça nous changent
    C'est exactement ça, moi aussi j'attendais la suite. Au fait je l'attendais tellement que je ne trouve plus le plaisir de le mixer avec Leuk dawour que j'ai toujours pas pu boucler Crying or Very sad pale !

    La siwit waay Grand Ehey !! Moom nak dafa gaawa diéngou !! Non mais c'est clair, je ne comprends pas pourkoi les gens aiment lire et fermer la fenetre.
    Laisser au moins une remarque, un mot, une phrase à l'auteur fait toujours du bien, même si cela doit etre une critique, mais helàs Wink !
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-05-07, 17:36



    L’ÂME SŒUR

    Charles-Edouard Bourciez avait quarante ans. Cet informaticien, célibataire endurci, n’avait pas préparé ce voyage, quand bien même il en rêvait depuis des années. Tout était parti, pour ainsi dire, d’un coup de tête. Il lui avait fallu moins d’une semaine pour se décider.

    Depuis son adolescence, il avait la troublante sensation d’être un personnage de roman. Ceux qui ont lu « MIRAGES DE PARIS » d’Ousmane Socé, sauront de quoi je parle. Son père, d’origine sénégalaise, s’appelait Fara, et sa mère, une Française, Jacqueline. Sa grand-mère, Suzanne Bourciez, lui avait appris que sa mère avait trépassé en le mettant au monde, et que son père s’était suicidé quelques semaines plus tard, en se jetant dans la Seine. Elle lui avait affirmé ne pas connaître Ousmane Socé, mais lui avait quand même offert le roman qui semblait raconter l’histoire de ses parents. Charles-Edouard avait fait des recherches et avait lu tout ce qu’il pouvait trouver sur cet auteur. Il avait aussi lu ses autres ouvrages : « KARIM », « RYTHMES DE KHALAM » et que sais-je encore. On disait de lui qu’il fut, outre l’un des premiers, l’auteur le plus fécond de la littérature romanesque sénégalaise d’avant 1950. Ousmane Socé Diop fut, dit-on, un des premiers à se prononcer pour le métissage culturel, rejoint plus tard par Senghor. Tout cela, Charles-Edouard le savait. Pour lui, cet homme avait bel et bien existé, ça ne faisait presque aucun doute. Mais quel était le lien avec ses parents ? Il avait lu quelque part que ce roman, « MIRAGES DE PARIS », serait en partie autobiographique. Cela l’aurait bien soulagé d’y croire, mais dans ce cas, certaines « coïncidences » resteraient inexplicables. Comment se faisait-il que Fara et Jacqueline soient les prénoms des principaux personnages du roman ? Et surtout, comment se faisait-il que dans ce livre, Jacqueline meurt dans la salle où elle venait d’accoucher, et que Fara se jette plus tard dans la Seine ? Et la famille Bourciez qui est celle de Jacqueline dans le roman ? Charles-Edouard Bourciez ne pouvait se résoudre à croire à un tel hasard. Il savait que sa mère était morte pendant qu’elle le mettait au monde, alors que dans le roman, la mort est due à une hémorragie survenue quelques heures après la naissance du bébé. Mais cela n’écorchait en rien ses convictions. L’auteur devait être un proche de ses parents, peut-être même, son père. Ce qui le troublait plus encore, c’était que son vrai prénom à lui était mentionné dans ce bouquin. Sa grand-mère à qui il posait la question avec insistance, parce qu’il n’arrivait plus à faire la différence entre la fiction et la réalité, avait fini par lui avouer : « Oui, comme dans le roman, ton père t’avait appelé Sidia, mais j’ai préféré te donner les prénoms de ton grand-père, Charles-Edouard. » Madame Bourciez lui avait montré une vieille coupure de journal où l’on relatait comment le corps de son père avait été repêché de la Seine. Il ne pouvait donc pas être Ousmane Socé. Par contre, aucun papier n’avait été trouvé sur son père, prouvant qu’il s’appelait vraiment Fara. Pas même un permis de séjour en France. Et nul ne semblait avoir entendu ni lu son nom de famille quelque part. Dans le roman, Fara serait originaire d’un village nommé Niane, sur la plaine du Cayor. Ses recherches n’avaient pas permis de dire qu’il était de ce village, encore moins de retrouver sa famille.

    Charles-Edouard n’avait connu ni sa mère ni son père. Sa grand-mère, qui l’avait déclaré à la mairie et lui avait trouvé une nourrice, était son tout. Il lui arrivait même, quand il était petit, de l’appeler maman. Son grand-père était, de son vivant, affectueux, mais distant. Était-ce à cause de la couleur de la peau de son petit-fils ou en voulait-il toujours au père de ce dernier ?

    Charles-Edouard n’avait pas souffert de racisme dans ce milieu bourgeois où il avait grandi, mais il savait parfaitement, depuis son enfance, qu’il n’était pas comme les autres. Ses cheveux, la couleur de sa peau et celle de ses yeux lui disaient qu’il n’était pas comme les autres enfants, bien qu’il eût, comme eux, la même culture, la même éducation. Il avait très tôt consulté le dictionnaire pour connaître les significations des mots comme « nègre », « mulâtre », « métisse », « bâtard », qu’il lui arrivait parfois d’entendre, avec l’impression qu’ils le désignaient. Ces mots lui collaient à la peau, alors qu’il n’avait pas demandé à les acquérir en naissant. Une injustice qu’il gardait enfouie dans son cœur, quelque part dans une parcelle de son jardin de frustrations insondables et inavouées. Ce jardin était rempli de toutes sortes de mauvaises herbes, et il ne songeait guère à le débroussailler. Il fallait montrer aux Bourciez que tout allait bien, malgré tout. Le faisait-il, ne fût-ce qu’inconsciemment, pour défendre l’image de son père ? Il n’avait jamais voulu se poser la question.

    Il possédait quelques photos de sa mère, une belle jeune femme blonde aux yeux bleus, mais pas une seule de son père. Il l’imaginait donc tel qu’il était décrit dans le roman de Socé. Un élégant jeune homme au teint noir, mince et grand de taille. Sa grand-mère lui disait qu’il était très instruit. « Un Noir très cultivé et très soigné dans sa mise. Il avait aussi beaucoup de charme », répétait-elle, ce qu’il était flatté d’entendre. Il avait de la compassion pour cet homme qui avait escaladé le mur du Père-Lachaise pour aller passer la nuit sur la tombe de sa dulcinée sur laquelle il avait déposé une couronne de roses blanches. Cet homme qui avait la possibilité de rentrer dans son pays natal, mais avait choisi de mourir là où sa compagne avait rendu l’âme, et où son fils allait grandir : Paris, la ville lumière. Il ne trouvait pas ce père indigne, et il ne pouvait pas en vouloir, non plus, à ses grands-parents de n’avoir jamais pu accepter qu’un Noir devînt le mari de leur fille. C’était une autre génération, se disait-il. Et puis, dans le roman, Madame Bourciez avait soutenu Jacqueline dans son combat. Sa grand-mère l’aimait, et cet amour, il l’avait toujours ressenti. Quelle grand-mère peut haïr son petit-fils dont la mère est morte en accouchant ?

    Ce fut seulement quand il tomba sur une biographie de Napoléon écrite par un auteur contemporain, que Charles-Edouard remit ses convictions en doute. Il comprit qu’il est possible de raconter une histoire que l’on n’a pas vécue. Il finit par être persuadé que ses parents étaient bien ceux décrits dans le livre, et qu’Ousmane Socé n’avait fait que lire les faits divers et y avait ajouté un peu de romance. Cela le rassurait de penser ainsi. Quand l’énigme est trop compliquée, il faut trouver la réponse la plus simple, se dire qu’il ne peut en être autrement, et fermer les yeux pour passer à autre chose. Il avait résolu son problème en reconnaissant qu’il n’y avait pas d’autre solution.

    En décidant d’effectuer ce voyage, il s’était dit : « Jamais je ne saurai qui est mon père, mais je m’en fous. Je veux juste visiter la terre de mes ancêtres. » Maintenant qu’il était dans l’avion qui volait vers Dakar, il n’avait qu’un plus désir qui était sur le point de se réaliser : fouler de son pied le sol qui fut jadis celui de son père. Il n’en demandait pas plus. Il voyait cela comme un devoir.

    Un remaniement dans l’entreprise pour laquelle il travaillait, venait de faire de lui le directeur adjoint. Il avait demandé trois semaines de congé pour faire face à la situation. Le lendemain de cette promotion inattendue, marchant sur un nuage, il était passé devant une agence de voyage et, sans trop savoir pourquoi, il était entré et avait dit à la femme derrière le comptoir :

    - Je voudrais un billet pour le Sénégal.

    - Dakar ?

    - Oui, s’il vous plait !

    - Pour quand, monsieur ?

    - Euh… disons pour le week-end prochain.

    - Première ou deuxième classe ?

    - Peu importe.

    Il avait choisi Air Sénégal International, se disant que cela aurait plu à son père inconnu. C’était un vol direct Paris-Dakar. Pendant la semaine, il s’était fait vacciner contre toutes les maladies éradiquées d’Europe depuis belle lurette, mais qui faisaient encore des ravages en Afrique. La vieille Madame Bourciez qui l’avait accompagné à l’aéroport, avait insisté pour qu’il prît quelques boîtes de préservatifs. « On ne sait jamais, là-bas, avait-elle dit en les fourrant dans ses poches, avec le sida et toutes ces maladies... Et toi, mon garçon, je te connais. Fais attention à toi. Tu vois ce que je veux dire ? »

    Charles-Edouard avait, en effet, un penchant de dragueur bien affiché depuis son adolescence. Séduire était pour lui une façon de s’affirmer, de s’accepter, de prouver qu’il n’était pas inférieur, mais pareil aux autres, en gros, une manière physique de transcender sa différence ou une fuite devant les questions qui le tracassaient.

    Il se disait que le hasard avait bien fait de l’installer en première classe. Il était soulagé de n’avoir pas à se mêler de si tôt à tous ces gens bizarres avec leurs tonnes de bagages à main. Il faut dire qu’il n’avait jamais véritablement été en contact avec des Noirs. Il vivait comme un Blanc, parmi les Blancs. Les rares Noirs qu’il avait côtoyés, étaient des promotionnaires ou des collègues de travail avec qui il n’avait aucune affinité. Juste la politesse conventionnelle. Les autres, il les voyait dans les rues. Ses grands-parents l’avaient, sans qu’il ne s’en rendît compte, jusque là, bien façonné. Mais, quelque part dans son jardin secret, il avait toujours rêvé de connaître l’Afrique. Ce qu’il lisait dans les bouquins, les guides pour touristes, les journaux et sur le Net, tout comme ce qu’il voyait à la télé, ne lui suffisait pas. C’était un rêve dont il n’osait pas parler aux Bourciez. Puis, avec le temps, il l’avait enterré avec ses autres frustrations dont il ne pipait jamais mot.

    Il était en pleine rêverie, quand l’hôtesse lui signala qu’il devait redresser son siège et attacher sa ceinture. L’atterrissage était imminent. Il trouva qu’elle avait une jolie voix et un beau sourire, mais ses pensées étaient ailleurs. Elles allaient de ses parents à ses nouvelles fonctions dans son entreprise, et revenaient immanquablement à ce qui pouvait bien l’attendre au Sénégal. Il n’avait jamais, auparavant, traversé l’Atlantique, ses voyages se limitant à l’Europe. Il avait réservé, depuis Paris, une chambre d’hôtel et une voiture de location. Il était muni de son chéquier, de sa carte bleue et d’euros qu’il allait convertir en C.F.A., la monnaie locale. Il avait de quoi y passer des mois et des mois, et être à l’aise, mais il avait pourtant prévu de n’y rester qu’une semaine.

    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-05-07, 17:38

    (L'AME SOEUR 2)


    Il débarqua à l’aéroport Léopold Sédar Senghor, tout agité. C’était un soir de décembre. La température avoisinait les vingt degrés. Il faisait doux. Il ôta quand même sa veste et desserra le nœud de sa cravate. Il passa les formalités administratives, puis récupéra sa petite valise contenant quelques vêtements, une trousse de toilette et des comprimés pour se préserver du paludisme, cette maladie qui tue plus que le sida et contre laquelle on a les moyens de lutter efficacement, mais qu’on laisse égrener ses victimes. On dit que le paludisme tue, en Afrique, un enfant toutes les vingt ou trente secondes.

    Avant même qu’il ne passât à la douane, deux hommes qui l’avaient repéré, sans doute à cause de son teint de métis, ne lui lâchant pas la grappe, proposaient de l’aider à faire passer ses bagages, sans contrôle. « Je n’ai que cette petite valise et cet ordinateur. Je n’ai rien à déclarer et je ne suis pas pressé », répondait-il avec une amabilité forcée qui cachait difficilement son agacement. Des collègues qui étaient déjà allés en Afrique, l’avaient mis en garde contre ces brigands d’un nouveau genre. Pour s’en débarrasser, il leur donna, à chacun un billet de banque et les remercia.

    - Voulez-vous un taxi ? demanda l’un d’eux.

    - Non, merci ! Quelqu’un vient me chercher.

    - Faites attention aux voleurs !

    - Merci ! Adieu !

    Ils le laissèrent enfin tranquille.

    En effet, quelqu’un l’attendait. Parmi ceux qui s’étaient agglutinés dernière la barrière qui séparait ceux qui arrivaient de ceux qui venaient les chercher, il vit un homme tenant une pancarte sur laquelle il put lire : « M. Bourciez. » Il lui fit un signe de la main accompagné d’un sourire de soulagement. « Ils ne sont pas si mal organisés que ça », pensa-t-il. Il réussit à se frayer un passage, restant sourd aux interpellations « Taxi, monsieur ? » qui fusaient de partout. Une vigoureuse poignée de main, et il se présenta :

    - Charles-Edouard.

    - Je suis Modou. Votre voiture est au parking.

    - Etes-vous le chauffeur ? Je ne connais pas les rues et à cette heure-ci…

    - Je vais vous conduire à l’hôtel. Donnez-moi votre valise.

    Le Parisien trouvait les rues de Dakar étroites et obscures. Elles participaient à l’exotisme auquel il s’attendait. Il avait baissé la vitre pour respirer à pleins poumons cet air embaumé d’odeurs jusqu’ici inconnues de lui. Enfin l’Afrique ! A son grand bonheur, Modou n’était pas bavard. Il lui avait juste demandé comment s’était passé le voyage, à quelle heure il avait quitté Paris, et s’il faisait très froid là-bas. Charles-Edouard ne voulait pas d’un guide, souhaitant tout découvrir par lui-même, mais il se dit que Modou pourrait bien lui être utile, malgré tout. Il engagea la conversation :

    - Comment est la vie ici ?

    - Vous savez, ici, c’est le système D, on se déwow* comme on peut.

    - Est-ce que le pays est stable ?

    - Le Sénégal est un pays de paix et de téranga, comme nous disons.

    - C’est quoi, téranga ?

    - L’hospitalité.

    - Tant mieux alors !

    Modou le faisait penser à son père ou plutôt à Fara du roman de Socé. Il avait l’air intelligent et s’exprimait bien en français.

    L’hôtel le surprit. C’était un hôtel comme on en voyait à Paris. Grand, propre, luxueux, avec un service impeccable. Il déclina l’offre du bagagiste et préféra prendre un pot avec Modou, au bar, dans le hall, histoire de faire plus ample connaissance.

    - Qu’est-ce que vous prenez ?

    - Un cola, s’il vous plait ! Que du sucré !

    - Pas d’alcool ?

    - Jamais d’alcool !

    - Oui, c’est vrai que vous êtes musulmans, au Sénégal.

    - La majorité, oui. Mais il y en a qui boivent quand même de l’alcool. Moi, jamais.

    - Etes-vous marié ?

    - J’ai deux femmes et six enfants.

    - Deux femmes ? fit Charles-Edouard, étonné.

    - Deux femmes. Et je pense à une troisième.

    - Comment faites-vous avec autant de femmes ?

    - C’est une tradition ici, et c’est permis par l’islam. On peut avoir jusqu’à quatre femmes.

    - C’est ahurissant. Quatre femmes ! Je connais un peu l’histoire du Sénégal, mais la religion, ce n’est pas vraiment mon truc. Chez nous, en France, la polygamie n’est pas permise.

    Modou éclata de rire.

    - Vous ne savez donc pas ce que vous ratez !

    - Comment faites-vous pour nourrir tous vos enfants ?

    - Dieu est grand ! répondit Modou, tout souriant. Nous disons qu’à chaque bouche qu’Il ouvre, Il fournit sa pitance.

    « J’en apprendrai des choses, ici ! » pensa Charles-Edouard. Après le départ de Modou, il appela sa grand-mère pour lui dire qu’il était bien arrivé à Dakar. Elle était contente, mais toujours inquiète, Madame Bourciez. « Fais bien attention ! » lui dit-elle avant de raccrocher.

    Le lendemain, il prit son petit-déjeuner à l’hôtel, se mit en chemise et sortit faire, à pied, un tour en ville. Il se sentit regardé comme une écharde dans cette société. Dans les rues, des enfants déguenillés lui tendaient la main en criant : « Toubab ! Toubab ! » Il savait, grâce à ses lectures, que « Toubab » signifie « Blanc ». Etre Noir en France et Blanc au Sénégal, il ne manquait plus que ça ! Il acheta des habits africains et retourna à l’hôtel. Là, il s’installa au balcon, sur une chaise longue, n’ayant que son slip sur lui. Il s’enduisit de crème et passa la journée à bronzer. Il avait, auparavant, appelé Modou pour lui dire que tout allait bien, mais qu’il avait besoin d’être seul pour un moment. Le lendemain, il offrit encore son corps au soleil. « Quelque part, se disait-il, je suis des leurs. Il faut donc que je m’intègre. »

    Il se leva de bon matin et fut fier, sous la douche, de son teint marron foncé. Il mit ses habits africains et descendit au restaurant de l’hôtel où il commanda un café et un œuf sur le plat. La serveuse était élégante dans son ensemble coloré, une espèce de marinière que continuait une jupe longue. Elle avait des hanches comme si elle portait des colts, et un buste qui rendrait Marilyne Monroe folle de jalousie. Quand elle lui tournait le dos, il n’avait que ces mots en tête : « Quel beau [c***] ! » Sa collègue qui servait la table d’à côté, avait les mêmes attributs. Il resta longtemps à les contempler, ne ratant aucun de leurs mouvements. « En voilà, des filles bien foutues ! » conclut-il en se levant.

    Arpentant les rues de la capitale, il se surprit à ne plus regarder que les femmes. Il n’en croyait pas ses yeux. Des derrières comme il n’en avait jamais vu, des seins majestueux, des hanches à lui couper le souffle, des tailles de guêpe ! Cette coquetterie raffinée et ce charme irrésistible, sans parler de cette grâce, sont les signes distinctifs des Sénégalaises ! Des femmes qu’on ne risquait pas de prendre pour des hommes. La féminité, ici, n’était plus un mot, mais des corps visibles et sans doute palpables. Ce déferlement de beauté le faisait suffoquer. Il n’en pouvait plus. « Pitié, mon Dieu ! hurlait son cœur haletant. Pitié ! » Un pays où toutes les femmes sont belles ! Devait-il se pincer pour s’assurer qu’il ne rêvait pas ? Il se dit que quand Dieu modelait le corps de la femme, il avait dû prendre tout son temps au Sénégal, pour parfaire son œuvre.

    Il se demanda comment son père avait pu laisser de telles femmes pour aller s’amouracher à Paris. Peut-être n’étaient-elles pas si belles à l’époque, se dit-il. Sur les vieilles photos qu’il pouvait trouver sur le Net, ayant toujours son Laptop avec lui, il vit que les femmes, auparavant, s’habillaient autrement, avec plus de décence, si l'on peut dire. Lui, il avait droit aux pantalons moulants, aux robes africaines tout aussi moulantes, aux jupes courtes et aux t-shirts s’arrêtant au-dessus du nombril. Il pensa à sa mère, Jacqueline, qui, dans le roman, croyait qu’on allait nu au Sénégal. Cela le fit sourire. Il ne faudrait surtout pas que ces femmes soient complètement nues, se dit-il, cela serait trop crû et atténuerait cette beauté que l’imagination aiguise, amplifie et remodèle à volonté. Lui aussi, après tout, avait une fausse image du Sénégal. Il ne s’attendait pas à tant de beauté. Rien de comparable à tout ce qu’il avait vu jusqu’ici. N’y avait-il pas de femmes noires à Paris ou ne les voyait-il pas ? Elles ne devaient pas toutes être des Sénégalaises, se répondit-il. Ces perles qui étaient rares en Europe, constellaient à présent tout horizon vers lequel il tournait le regard. Quel compliment, pensa-t-il, que de dire à une femme : « Tu es belle comme une Sénégalaise ! » Au point où en étaient ses pensées, si on lui avait demandé d’élire Miss Univers, il aurait désigné la première femme rencontrée dans les rues de Dakar. C’était comme fantasmer sur les yeux bridés, et se retrouver en Chine.

    Sur la longue liste de ses conquêtes, il y avait certes des métisses, mais toutes n’avaient pas ces corps de rêve. Non, les métisses n’ont pas souvent de tels derrières. Elles ont presque toutes de jolis visages, mais les formes qu’il découvrait ici étaient inédites pour lui. Il se promit de faire, un jour, une recherche pour savoir si ces atouts sont héréditaires du côté du père ou de la mère.

    Il passa une autre journée à s’extasier dans les rues de la capitale. Des corps, rien que des corps ! Des femmes callipyges à n’en plus finir !

    Le lendemain, il s’attarda enfin sur les visages. Deux repères lui manquaient : la couleur des cheveux et celle des yeux. Il put, très vite, s’en passer. Les femmes d’ici avaient toutes les yeux et les cheveux de la même couleur, mais chaque visage était unique, et extraordinairement captivant. Il s’attardait sur les nez, les sourcils bien fournis ou rasés que remplaçait un trait habilement dessiné au crayon, les longs cils que l’on croirait artificiels, les yeux éblouissants et sidérants. Les fronts, les mentons, rien n’échappait à son œil admiratif. Et que dire de ces lèvres charnues et ourlées, débordantes de volupté ? Il était frappé par la blancheur des dents qu’accentuait la couleur de la peau. Les sourires qu’il voyait ou recevait, ne devraient exister qu’au paradis des bienheureux. Ces femmes, se dit-il, sont capables de faire tomber des pierres sous leur charme.

    Le soir, en rentrant à l’hôtel, il se demandait si elles étaient, aussi, intelligentes. « Elles sont trop belles pour être intelligentes. On ne peut pas tout avoir à la fois », se disait-il.

    Il fit appel à Modou pour savoir ce qu’il en était du Q.I. de ces reines de beauté. Modou lui apprit que le pays regorgeait d’intellectuelles, de femmes diplômées des plus grandes universités du monde, d’écrivains de talent, et de renommée internationale, de ministres, de docteurs, de tout ce que sont les femmes européennes. Mais cela ne lui suffisait pas. Il voulait les rencontrer et discuter avec elles. Modou se chargea d’établir les contacts. Charles-Edouard n’en revenait pas. Belles, intelligentes et cultivées à la fois ! Après chaque rencontre, il gardait précieusement les coordonnées de la belle demoiselle en se disant : « Voilà sans doute la femme de ma vie, l’âme sœur ! » Il avait quand même tenu à converser avec les autres femmes, celles qui n’étaient pas allées à l’école des Blancs, juste pour vérifier si cette intelligence et cette culture ne venaient pas de l’éducation civilisatrice du colon. Modou servait d’interprète. La stupéfaction du Parisien fut encore plus grande. Ces femmes avaient tous les diplômes de l’école de la vie. Il finit par se dire que l’ignare, c’était lui.

    Maintenant, il lui fallait absolument une de ces belles Sénégalaises. Mais laquelle ? Comment choisir ? Son carnet débordait d’adresses et de numéros de téléphone. Il fut tenté par la polygamie. Quatre femmes ! Pourquoi pas ? Les lois du pays le permettaient. Cette idée, bien que fort alléchante, avait dans ses pensées, les amères préludes d’une vie gâchée d’avance. Il n’était pas dans sa culture d’avoir plusieurs femmes en même temps. Et puis, quelque chose l’agaçait chez certaines d’entre elles. Elles lui demandaient toujours de l’argent. Il sourit : « Elles n’ont pas tout. Il leur manque l’argent. » Modou lui disait : « Ici, la plupart des femmes ne croient qu’à l’argent. Neuf sur dix te suivront, si elles savent que tu as les poches pleines. » Du pognon, il en avait certes, mais il ne voulait pas se laisser appâter par des prostituées camouflées. Il cherchait l’âme sœur dont il sentait la présence, quelque part, dans cette oasis de beauté.



    [/size]


    Dernière édition par le 2007-05-07, 17:44, édité 1 fois
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-05-07, 17:40

    (L'AME SOEUR 3)


    Il conduisait sa voiture, regardant moins la route que les femmes sur le trottoir. Ce fut ainsi, qu’il manqua griller un feu rouge. Il freina pile, dans un assourdissant grincement de pneus. A sa gauche, une rutilante voiture rouge était stoppée, vitres baissées. La conductrice, amusée par ce chauffeur si distrait, se tourna vers lui et sourit. Il resta bouche bée. Jamais il n’aurait soupçonné l’existence d’une telle créature. Il n’était plus question de beauté, mais de divinité. Il avait, physiquement, ressenti l’aura de ce sourire s’infiltrer en lui, comme dans les films fantastiques, quand un regard fait jaillir des éclairs ou des faisceaux de lumière qui tétanisent le personnage en face ou le transforment en autre chose. Il n’était plus lui-même. Il sentait des frissons parcourir son corps, et son cœur battre tous les records de vitesse. Elle le regardait, toujours en souriant. Il était comme sous hypnose. Respirait-il encore ? Il ne saurait le dire. Son feu à elle passa au vert. Elle devait tourner à gauche, alors que lui, il continuait tout droit. Elle détourna la tête pour appuyer sur l’accélérateur et braquer le volant. Cela le libéra de cette emprise inexplicable, mais sa gorge se serra, comme si on l’étranglait. La laisser partir comme ça ? Jamais de la vie ! L’énergie du désespoir décupla alors son imagination. Il s’empara de son téléphone portable qu’il gardait toujours sur le siège à sa droite et le jeta dans la voiture qui démarrait. La jeune femme lui adressa un éclat de rire qui, pour lui, ne voulait dire qu’une chose : « J’attendrai ton coup de fil. »

    Il alla directement à l’hôtel et se mit sous la douche pour retrouver ses esprits. Il tremblait d’émoi quand il passait la serviette sur son corps. Il retourna sous la douche, encore et encore. Il se détendit enfin. Il appela Modou et lui dit de le rejoindre à l’hôtel.

    Modou le trouva tout excité.

    - Que se passe-t-il ?

    - J’ai rencontré une déesse !

    - Mon ami, ce ne sont pas les déesses qui manquent ici, fit Modou d’un ton taquin. Tu n’as toujours pas fait ton choix ?

    - Non, Modou, je ne plaisante pas. J’ai vu une déesse, une vraie !

    Il raconta son histoire, avec le débit d’un enfant qui vient d’assister à un événement extraordinaire.

    - Tu sais donc ce qu’il te reste à faire, lui dit Modou. Appelle-la sans tarder.

    - Oui, je sais. C’est pourquoi je voulais que tu sois là. Il se peut qu’elle ne parle pas français. Tu vois ce que je veux dire ?

    - Un interprète ?

    - C’est cela même ! Viens, on descend.

    Ils se rendirent dans le hall de l’hôtel, pour téléphoner. Charles-Edouard avait du mal à se contrôler. Les serveuses qui auparavant l’enflammaient, avaient maintenant des airs de crottins, comparées à cette vision figée dans sa mémoire. Il composa le numéro qu’il connaissait si bien, celui de son téléphone portable. Il se tourna vers Modou qui attendait tout près de lui :

    - Une cigarette, s’il te plait !

    C’était pour se donner de la contenance car il avait arrêté de fumer depuis des années. Ses mains tremblaient. Modou alluma une cigarette qu’il lui tendit.

    - Merci ! Viens, approche-toi ! Ça sonne !

    « Oui ? » fit une douce voix féminine, en français.

    - Bonsoir ! C’est moi, Charles, Charles-Edouard… Je vous ai rencontrée tout à l’heure. Je suis le propriétaire du portable … Vous vous en souvenez ? … Là, je suis à l’hôtel…

    Il fit signe à Modou qu’il n’avait pas besoin de lui. Ce dernier s’éloigna et alla commander un cola. Il sirotait sa boisson en se demandant ce qui arrivait à son ami de quelques jours. Brusquement, une tape, dite amicale, faillit lui casser les omoplates. Charles-Edouard venait de raccrocher. Tel un joueur de foot qui vient de marquer un but, il poussa un cri et se jeta sur lui.

    - Oui ! Ça y est !

    - Du calme ! Du calme ! répétait Modou.

    Tout le monde se retourna pour voir le pauvre Modou s’affaisser sous le poids de son ami qui semblait perdre la raison.

    - Nous avons rendez-vous, cette nuit, dans une boîte. Tiens, voici l’adresse. Sais-tu où elle se trouve ?

    Modou prit le papier sur lequel une écriture nerveuse avait griffonné quelque chose qu’il réussit quand même à déchiffrer.

    - Je pourrai t’y emmener, si tu veux, mais je n’y resterai pas…

    - Tu n’auras nul besoin d’y rester. Tu n’as même pas à y aller. Dis-moi seulement où se trouve cette boîte de nuit. Après, c’est mon affaire.

    Le reste de la soirée s’écoula à un rythme si lent que les minutes semblaient durer des années. Charles-Edouard passa des heures à se pomponner devant le miroir et à changer interminablement de vêtements. Il alla même acheter de nouvelles chaussures. Le costume qu’il avait finalement choisi, après mille hésitations, nécessitait des pompes d’une couleur bien précise.

    Quand bien même la boîte de nuit avait un nom sénégalais, la patronne était une Française, une certaine Chantal Durin.

    Chantal était une femme au cœur fermé, mais aux jambes ouvertes. Elle couchait avec tout le monde, mais elle n’aimait personne. Les hommes, elle les voulait très beaux ou très talentueux. Et quand elle les avait assez utilisés, elle les jetait de la même façon qu’on jette le noyau d’un fruit qu’on vient de manger. Elle ne supportait pas d’être seule. La solitude l’obligeait à faire face à elle-même. Elle se cachait derrière les sensations charnelles ou derrière l’euphorie que procurent l’alcool et les drogues. Elle n’avait, dans ses actes et pensées, aucun scrupule, aucune morale, aucune honte. Elle se foutait complètement des lendemains et ne suivait que ses désirs et profits. Elle foulait aux pieds la société et ses conventions, le monde et son histoire, la vie et ses lois. Elle avait beaucoup d’argent. Ses milliardaires de parents avaient été victimes d’un accident d’avion et tout l’héritage lui était revenu. Elle était une fille unique qui détestait ses parents. Pourquoi ? Allez donc savoir. D’après les mauvaises langues, c’était à cause du corps qu’ils lui avaient « légué ». Elle était moche, disons-le. Sa laideur physique n’avait d’égale que celle de son caractère. Toute petite, elle rêvait d’être une belle vedette de cinéma ou de musique, une vedette avec beaucoup de fans, tellement de fans qu’il lui aurait fallu des centaines de gardes du corps. Hélas, on n’a pas toujours ce qu’on veut. Chantal, à vrai dire, ressemblait à un monstre préhistorique en miniature. Elle s’était, à maintes reprises, livrée à la chirurgie esthétique, sans succès. Et puis, quand la laideur vient de l’intérieur, elle est difficile à cacher. En outre, elle était de très petite taille, et ça, c’est un handicap que l’argent n’a pas encore résolu. Elle portait des chaussures à talons hauts, mais ce sont des échasses qui lui auraient été nécessaires pour atteindre la taille désirée. C’était une blonde. Pardon, une fausse blonde. Elle portait des lentilles qui lui faisaient des yeux bleus, comme si la beauté du regard était dans la couleur des prunelles. Ses oreilles étaient des éventails que sa chevelure camouflait en permanence. Ses fesses faisaient penser à la surface d’une table à repasser. Ses jambes étaient difformes, et elle portait des pantalons très serrés qui comprimaient sa graisse. Ses dents ne furent présentables qu’après avoir été, presque toutes, changées. Par contre, des seins comme elle en avait, on n’en trouvait même pas à Hollywood. Elle les avait vraiment en hauteur et n’avait, sur ce point, aucun complexe devant les Sénégalaises. De splendides nénés abonnés aux décolletés les plus osés ! Chantal se voulait sexy et attirante.

    Il fut un temps où elle possédait une somptueuse villa dans la proche banlieue parisienne. Elle avait beaucoup d’animaux dans son domaine. Une douzaine de chiens, des chats, des oiseaux, des singes et de la volaille. Mais dès qu’il y en avait un que la vieillesse gagnait ou qui avait le moindre pépin, elle le faisait piquer. « On ne vit qu’une fois, disait-elle, pas de temps à perdre pour le malheur d’autrui. » Un jour qu’elle se promenait dans les bois avec ses chiens, l’un d’eux se blessa gravement en tombant dans une fosse. Elle regarda la pauvre bête qui hurlait de douleur, puis s’éloigna sans se retourner. Quelques jours plus tard, on trouva le cadavre d’un caniche aux deux pattes cassées. Son comportement avec les humains était identique. Jamais elle n’allait visiter un parent ou un ami malade. Elle ne se donnait même pas la peine d’envoyer un bouquet de fleurs ou de passer un coup de fil. Elle avait rejeté tous les membres de sa famille. Tantes, grands-parents, cousins, elle ne voulait pas les connaître. « On naît seul, disait-elle, et chacun pour soi. » Bien entendu, elle ne voulait pas d’enfant. Elle s’était faite avorter plusieurs fois, avant de se faire stériliser.

    Elle était propriétaire, à Paris, d’une grande boîte de nuit, où elle était reine. Tout employé qui ne la considérait pas comme telle, était viré sans sommation. Il fallait exécuter ses ordres sans rouspéter.

    Une nuit, elle était rentrée seule chez elle, contrairement à ses habitudes. Elle était très excitée. Dans sa boîte, elle avait rencontré un bel homme, charmant et viril, qui lui avait résisté. Cette résistance l’intriguait, l’agaçait et lui plaisait en même temps. Elle l’avait remarqué dès qu’il était entré, tel un prince qui revient victorieux d’une grande bataille. Il s’était installé dans un coin et avait commandé un whisky. De loin, elle l’observait. Il sirotait son Jack Daniel’s, le cigare à la main, tout en dodelinant de la tête au rythme de la musique. Parfois, il jetait un regard désintéressé sur les pimbêches qui se tortillaient sur la piste de danse. Toutes les femmes l’avaient remarqué, mais personne n’osait s’approcher de cette espèce de bulle qu’il avait instaurée autour de lui, ce mystère dans lequel il resplendissait. Il y avait ce genre d’atmosphère qu’on ne trouve que dans les films bien faits.

    Chantal avait donné une bouteille à un serveur.

    - Pour le monsieur, là-bas ! Dis-lui que c’est de la part de la patronne, et emmène un deuxième verre.

    Elle s’était mise ensuite dans la peau de Cléopâtre, avait redressé son torse pour bien mettre ses nichons en évidence et avait, dignement, marché vers César.

    - Pouvons-nous trinquer ? avait-elle dit en s’asseyant.

    - Je vous en prie.

    Après une demi-heure de conversation banale, un scénario de séduction mutuelle, ils s’étaient mis à danser, utilisant leurs corps et la musique pour continuer le dialogue. L’homme était, à la fois, proche et distant, insondable. Il n’était pas loquace et semblait avoir la tête ailleurs, mais son regard exprimait d’hallucinantes voluptés.

    Chantal, dans sa salle de bains, le revoyait, comme s’il était en face d’elle. Elle repensait à ce moment où il effleurait son visage, de son haleine, la tenant par la taille en murmurant :

    - Tchao, Bello ! Je serai là, demain, à minuit.

    - A l’heure du crime ! avait-elle ajouté.

    Elle sentait encore sur ses lèvres, le baiser qu’il y avait déposé avant de lui tourner le dos. Elle avait proposé de le ramener. Il lui avait répondu qu’il était en bagnole. « Je suis sûre que je lui plais », se disait-elle en se regardant dans la glace et en soupesant sa poitrine.

    Elle ne dormit presque pas de la nuit, tellement elle pensait à lui. Elle se leva vers quinze heures, plus excitée que jamais. La journée s’annonçait longue. Elle fut à la boîte de nuit, plus tôt que d’ordinaire, et surprit ses employés par sa gentillesse et sa bonne humeur.

    Dès qu’il arriva, tout se passa très vite. C’était comme s’il en avait toujours été ainsi. Elle l’emmena chez elle. Il ne voulut pas utiliser des préservatifs parce qu’il trouvait que « ce n’est pas naturel. » Cela n’avait guère contrarié Chantal.

    Quand elle se réveilla, il n’était plus à côté d’elle. Elle l’appela. Il ne répondit pas. « Il doit être aux toilettes », pensa-t-elle. Elle enlaça l’oreiller qui portait son odeur et referma les yeux, un petit sourire aux coins des lèvres. Elle se sentait épuisée, mais satisfaite. Elle se remit à dormir. Un pressant besoin la tira du lit. Elle se précipita vers la salle de bains, ouvrit la porte et s’écria, presque aussitôt : « Oh ! Mon Dieu ! » Avec sa pâte dentifrice, il était écrit en gros caractères sur son miroir : « BIENVENUE DANS LE MONDE DU SIDA ! »

    Six mois plus tard, les médecins lui confirmèrent la chose. Chantal vendit tous ses biens et disparut de la circulation parisienne… Elle se rendit à Dakar où elle ouvrit une nouvelle boîte de nuit. Celle-là même où Charles-Edouard attendait sa déesse.



    [/size]


    Dernière édition par le 2007-05-07, 17:45, édité 1 fois
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-05-07, 17:41

    (L'AME SOEUR 4)


    Il s’était attablé dans un coin et consultait sa montre toutes les deux minutes. Chantal qui n’arrêtait pas de venir lui demander si tout allait bien, commençait à l’agacer.

    - J’attends quelqu’un, finit-il par lui dire.

    - Votre épouse ?

    - Oui.

    Elle s’éloigna, pour ne plus revenir. Il continua de regarder les gens qui remplissaient la boîte, au fur et à mesure qu’ils y entraient. « Elle ne viendra pas », se disait-il, avec l’espoir de se tromper. Il s’était bien trompé. Ce fut, brusquement, comme si le soleil était, d’un coup, jeté dans les ténèbres. Elle était devant lui, dans une longue robe noire. Il ne l’avait pas vue entrer. Elle lui sourit et ouvrit son sac à main.

    - Voici ton portable, dit-elle. Je peux m’asseoir ?

    - Je t’en prie.

    La voix tremblotante, la gorge desséchée, il osa quand même la regarder. Oh ! Que ses yeux étaient blancs ! Et ses dents plus blanches encore ! Elle posa le téléphone portable sur la table.

    - Très original ! Jamais un homme ne m’a abordée de la sorte.

    - Tu peux le garder. Comme ça, je n’aurai pas à te demander ton numéro.

    - C’est gentil. Comment t’appelles-tu encore ? Charles ou Charly ?

    - Sidia. Je m’appelle Sidia. C’est le prénom que mon père, Sénégalais, m’a donné, mais beaucoup de gens m’appellent Charles-Edouard. C’est aussi ce qu’on lit sur mes papiers.

    - Lequel préfères-tu ? Sidia ou Charles-Edouard ?

    - Appelle-moi Sidia.

    - D’accord, Sidia. Permets-tu à Didi de t’offrir quel-que chose à boire ?

    - J’ai laissé de la monnaie au bar, dis-moi ce que tu veux et je vais le chercher, fit-il en se levant, tout bouleversé par cette apparition.

    - Un jus d’orange, s’il te plait ! La prochaine tournée est pour moi.

    - O.K. !

    Il alla passer la commande et se retourna pour la regarder. Vue de dos, elle était une guitare classique dont il ne manquait que le manche. Il prit le jus d’orange et marcha vers elle. Plus il s’approchait, plus il sentait son corps frissonner. Elle scintillait de fraîcheur et de vie. Il lui semblait qu’il n’y avait qu’elle dans cette salle presque comble. Charles-Edouard, je veux dire Sidia, sentit un air glacial monter de ses pieds à ses cheveux qui se dressèrent sur sa tête. L’effluve d’un parfum exquis qui n’avait d’autre source que le corps de sa déesse, tenta de lui faire perdre la raison. Il résista et regagna son siège. Il n’y avait plus aucun doute, il avait l’âme sœur en face de lui. Il s’imagina le jour où son père, dans le roman, avait emmené sa mère dans une boîte de nègres à Paris. Il se dit que ce qu’il vivait, lui, devait être mille fois plus fort. Tout cardiologue qui aurait ausculté le cœur de Sidia durant les heures qu’ils passèrent ensemble dans cette boîte de nuit, aurait déclaré : « Cet homme n’est pas normal. Même un cœur de souris ne bat pas si vite. » Tout se passa bien. Ils discutèrent, dansèrent, s’amusèrent. Et quand ils partirent, Chantal, folle de jalousie, se priva de leur dire au revoir.

    Didi était venue en taxi. Sidia proposa de la déposer chez elle. Elle accepta. Comme il ne connaissait pas les rues, elle le guida. Il était tard dans la nuit. Il se gara devant la porte d’une villa à Fann Résidence. Elle lui fit un bisou et descendit. Il la vit ouvrir une porte dont il mémorisa le numéro. « Je t’appelle demain », dit-il. Elle baisa sa propre main et souffla ce baiser vers lui. Il démarra, tout heureux, pendant qu’elle refermait la porte derrière elle.

    Il n’arriva pas à dormir, tellement il était excité. Tôt le matin, il appela Modou.

    - Modou, j’ai trouvé l’âme sœur ! Je vis comme dans un rêve !

    - Félicitations ! Fixons un rendez-vous vers midi. On ira déjeuner quelque part. Comme ça, tu me raconteras tout. Je suis curieux.

    Entraîné par le désir inassouvi de mieux connaître cette femme, il posa, sans s’en rendre compte, un lapin à Modou. Il se rendit à l’adresse qu’il avait bien mémorisée et sonna. Une fillette d’une dizaine d’années ouvrit. Sidia reconnut en elle quelques traits de Didi. De toute évidence, c’était sa sœur.

    - Est-ce que Didi est là ?

    - Didi ? fit la gamine hébétée.

    - Oui. Didi, ta sœur.

    Pour toute réponse, elle courut vers ce qui devait être le salon en criant : « Maman ! Maman ! » Une Didi plus âgée apparut. Ce ne pouvait être que la mère. Elle marcha vers lui et dit en français :

    - Bonjour, monsieur ! Qui cherchez-vous ?

    - Bonjour, madame ! Je cherche Didi.

    - Didi ?

    - Oui. Je l’ai déposée ici, cette nuit, vers deux ou trois heures du matin.

    La dame recula d’un pas et considéra l’intrus. Il n’avait pas l’air d’un fou, bien au contraire, mais ses paroles en faisaient bien un. Didi, sa fille, était morte depuis quelques années. Elle ne dit plus un mot. Elle se mit tout simplement à l’examiner pour déceler les graines de folie qu’un riche accoutrement peut souvent si bien dissimuler. Ce fut alors, qu’il vit, par-dessus son épaule, la voiture rouge garée dans la cour.

    - Oui, Didi, celle qui conduisait, hier, cette voiture-là.

    La dame se retourna et considéra la voiture, tout en se demandant qui était ce personnage si particulier.

    - Qui êtes-vous, monsieur ?

    - Sidia. Sidia ou Charles-Edouard, c’est selon. J’ai rencontré Didi, hier après-midi, alors qu’elle conduisait cette voiture… Nous étions, hier soir, ensemble, en boîte de nuit. C’est moi qui l’ai raccompagnée ici, vers deux heures du matin, je crois. J’avais promis de l’appeler, mais… Euh… Comme j’étais dans les parages, je suis venu à l’improviste. Dort-elle encore ?

    La dame écarquilla les yeux et considéra encore le personnage.

    - Vous avez vu Didi, hier ?

    - Puisque je vous ai dit, madame, que nous avons passé la soirée ensemble.

    - De quelle Didi parlez-vous ?

    - Celle qui conduisait cette voiture.

    La dame se retourna encore et regarda la voiture, comme pour s’assurer qu’elle n’avait pas bougé depuis ces années.

    - Monsieur, vous devez vous tromper. Cela fait trois ans que cette voiture n’a pas changé de place. Voyez-vous les toiles d’araignées en dessous ?

    - Je les vois, madame, mais je sais que j’ai vu Didi, hier, dans cette voiture, et que nous avons passé la soirée ensemble. Auriez-vous l’amabilité de lui dire que Sidia est là ? Elle m’attend, j’en suis sûr.

    La dame commença à sentir une farce d’un mauvais goût. Elle avait enterré sa fille aînée, il y avait trois ans de cela, et elle en avait encore les yeux gorgés de larmes. Accident de la circulation, lui avaient certifié les sapeurs pompiers qui furent les premiers sur les lieux. Didi était morte avec une copine, dans la voiture de cette dernière.

    - Monsieur, s’il vous plait, arrêtez votre cinéma ! Ce n’est pas drôle du tout.

    Ahuri, il lui répondit :

    - Madame, s’il vous plait, dites-lui que je suis là ! Je pars après-demain. Réveillez-la, si elle dort. Elle m’a dit que j’étais le bienvenu à tout moment.

    Il avait les yeux implorants d’un lamentable soupirant quémandant la présence de sa bien-aimée. La dame était consternée par cette troublante sincérité. Cet homme avait certes vu une Didi dans une voiture rouge, mais ce ne pouvait en aucune manière être sa fille.

    - Vous vous trompez d’adresse, monsieur.

    Sidia aussi, commença à prendre la chose pour une farce d’un mauvais goût. On ne joue pas avec les sentiments d’autrui.

    - Elle a mon portable, je l’appelle donc.

    Il sortit de sa poche le nouveau téléphone portable qu’il venait d’acheter, et composa son ancien numéro. Le téléphone sonna et sonna, personne ne répondit. Il réitéra l’appel. Même résultat.

    - Elle ne répond pas, elle dort sans doute. Réveillez-la, s’il vous plait, et dites-lui que Sidia est là !

    Déconcertée par ce comportement, la dame l’examina encore de pied en cap. Il n’avait pas l’air dangereux, il était plutôt pitoyable.

    - Venez, monsieur.

    Il la suivit dans le salon.

    - Asseyez-vous. Voulez-vous boire quelque chose ?

    - Un verre d’eau, s’il vous plait ! Et dites-lui, je vous en prie, que je rentre en France après-demain.

    Elle lui tendit un verre d’eau et une photo.

    - Est-elle celle que vous cherchez ?

    La gorgée d’eau resta bloquée dans sa gorge. C’était bien elle. Il n’avait pas rêvé. Il n’en avait d’ailleurs jamais douté. Il se souvenait bien de l’adresse, et puis il avait remarqué, aussi bien chez la sœur que chez la mère, cet air de famille qui en disait long. Ses mains tremblaient sur le cadre de la photo.

    - Oui, c’est bien elle..

    - C’est impossible, monsieur.

    - C’est la vérité, madame. Nous étions ensemble hier soir Dites-lui que je suis là. Sidia. Dites-lui que Sidia est là.

    Quelle mère peut rester insensible à l’amour sincère qu’un homme éprouve pour sa fille ? Elle avait en face d’elle, le genre d’homme dont elle rêvait pour sa fille, car ce sont souvent les belles-mères qui choisissent les beaux-fils. Elle fut attendrie.

    - Comment l’avez-vous rencontrée ?

    Sidia raconta toute l’histoire.

    - Didi, ma fille, est décédée depuis trois ans, dit-elle tristement.

    Elle aurait voulu remonter le temps. Elle aurait voulu que sa fille fût encore vivante pour se jeter dans les bras d’un tel homme.

    Sidia pensait autrement. Voulait-on lui faire croire que celle avec qui il avait, la veille, passé la soirée, était morte depuis trois ans ? L’Afrique a certes ses mystères, mais il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles. Il s’énerva.

    - Madame, si elle est morte depuis trois ans, montrez-moi donc sa tombe !

    Ce fut ainsi qu’ils se rendirent au cimetière. Sur la tombe où une pancarte indiquait qu’elle était celle de Didi, il trouva son téléphone portable. Tout le monde resta interdit. Sidia, lui, pensa que c’était un coup monté. Didi avait dû poser l’appareil sur la tombe, et se cacher quelque part. Il trouva ce jeu bien morbide.

    - Madame, s’il vous plait, arrêtons ce cirque !

    La dame ne répondit pas. Elle savait que ce qui se passait, sortait de l’ordinaire.

    - Monsieur, je vous conseille de rentrer chez vous, le plus tôt possible.



    [/size]


    Dernière édition par le 2007-05-07, 17:46, édité 1 fois
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-05-07, 17:43

    (L'AME SOEUR - FIN)


    Charles-Edouard raconta l’histoire à Modou qui lui donna le même conseil : « Rentre vite chez toi ! » Mais lui, il voulait tout entendre, sauf ces paroles. « C’est quoi, ce cinéma ? » se demandait-il. Il devait coûte que coûte revoir cette femme qui lui avait fait perdre la tête. Il rêvait déjà de leur mariage et même de leur nuit de noces. Il dut se retenir pour ne pas en parler à sa grand-mère, au téléphone. Il lui dit seulement que le Sénégal était un merveilleux pays et qu’il s’y sentait bien. « Elle va penser que c’est encore une aventure comme les autres, mais quand elle la verra… » Il se rendit plusieurs fois chez Didi dont la mère finit par lui dire : « Je vous en prie, monsieur, ne revenez plus ici. » Il se contenta alors de rôder autour de la maison. Il alla, la nuit, à la boîte de Chantal. Pas de Didi.

    - Non, monsieur, elle n’est pas venue ici, lui dit la patronne.

    - Vient-elle souvent ici ?

    - Je ne l’y ai vue qu’hier soir, avec vous. Et je ne m’occupe pas de ce que font les épouses de mes clients, fit-elle d’un ton cinglant.

    Il resta quand même dans la boîte de nuit jusqu’à la fermeture, avec l’espoir qu’elle allait y venir. Pas de Didi. Avant de se rendre à l’hôtel, il alla se garer devant sa porte, se demandant s’il devait sonner ou pas. Il était très tard. Il fut raisonnable et alla se coucher. Le lendemain, il passa presque toute la journée à rôder autour de la maison. Pas de Didi. Il questionna quelques voisins qui lui dirent qu’elle était morte et enterrée depuis trois ans. Il ne les croyait pas non plus. Ce ne pouvait être qu’un complot contre lui. Son histoire par contre, réveilla bien des curiosités. En Afrique, des nouvelles de ce genre se répandent très vite. Sidia et Didi étaient au centre de toutes les conversations. Le Parisien, populaire malgré lui, était accosté par tout le monde. On lui parlait des revenants, des esprits et des djinns. Il ne pouvait y croire. Tout ce qu’il se demandait, c’était à quel jeu jouait son âme sœur.

    Ce fut alors, que l’idée lui vint de louer une chambre dans les parages. Il sonna à la maison juste en face de chez Didi, de l’autre côté de la rue. Un homme ouvrit.

    - Oui ?

    - Bonjour, je voudrais savoir s’il y a une chambre à louer dans cette maison.

    - Toutes les chambres sont déjà louées.

    - Êtes-vous le propriétaire ?

    - Non, je suis locataire.

    - Vous êtes locataire ? Bien. De quel côté donne votre chambre ?

    - De ce côté-ci. Au premier étage. Pourquoi ?

    - Ecoutez, je vous fais une proposition. Je veux louer votre chambre pour quelques jours et je vous paye le prix que vous voulez. Combien demandez-vous ?

    L’homme le regarda d’un air perplexe. Il n’était pas au courant de l’histoire.

    - Louer ma chambre pour quelques jours ?

    - Oui, monsieur ! Et je vous paye, comptant, le prix que vous voulez.

    L’homme sourit :

    - Il y a des hôtels en ville…

    - Je sais, monsieur, mais je veux votre chambre. Je vous propose cinq cents mille francs C.F.A., un demi-million, pour une semaine. En plus, je vous paye une chambre à l’hôtel, pendant tout le temps que je serai là. Il est d’ailleurs fort probable que cela ne dure pas une semaine… Un jour ou deux… Je peux vous donner l’argent dans moins d’une heure, si vous voulez.

    - Cinq cents mille francs ?

    - Oui, monsieur ! Cinq cents mille francs ! On peut aller maintenant à la banque.

    L’homme ne chercha pas à comprendre le pourquoi de cette proposition. Il se demandait seulement s’il avait, en face de lui, un détraqué ou un arnaqueur. Lui qui ne payait que trente mille francs par mois, comment pouvait-on lui proposer une telle somme pour quelques jours ? Pour s’en assurer, il accepta d’aller à la banque. Ah ! L’argent ! Quelle clef ! L’homme prit les sous et lui céda les lieux.

    Sidia acheta une paire de jumelles et s’installa devant la fenêtre qu’il ne quittait que pour aller aux toilettes ou à la douche. Ses repas, il les commandait par téléphone. Modou n’avait plus de ses nouvelles, et il n’allait plus à son hôtel. Il passait son temps à surveiller l’entrée de la villa d’en face. Il était persuadé qu’il finirait par voir Didi. Il dit à sa grand-mère qui appelait sans cesse : « J’ai quelques problèmes à régler ici, je reviens sous peu. J’ai encore besoin de quelques jours. » Puis, il ne répondait plus, quand il voyait sur l’écran de son téléphone portable que le coup de fil venait de Paris. Il n’écoutait même pas les messages qu’on lui laissait. Le seul coup de fil qu’il attendait, ne venait pas. Il passait la nuit devant sa fenêtre, convaincu qu’il verrait Didi quand elle rentrerait pour dormir.

    Une nuit, alors qu’il somnolait devant la fenêtre, son téléphone émit un son. Il le prit et vit qu’il venait de recevoir un Sms : « Arrête de me chercher ! Pour ton bien, rentre chez toi. » Chose bien étrange, rien ne lui permettait de retrouver qui avait envoyé ce message, quand bien même il était persuadé que c’était Didi.

    Le lendemain, il se rendit auprès des agents des télécommunications qui lui firent savoir qu’eux non plus, n’y comprenaient rien. C’était un avertissement qu’il prit pour une plaisanterie. Il n’allait pas retourner à Paris sans la revoir. « Quoi qu’il arrive ! » se disait-il.

    Aussi étrange que cela puisse paraître, ce fut la vérité telle que l’ont racontée les témoins. On le retrouva un beau matin, devant sa fenêtre, immobile, les yeux grand ouverts. Avait-il vu le fantôme de son âme sœur, celui de son père ou les deux en même temps ? Nul ne sut jamais le dire. On ferma ses yeux qui gardèrent leur secret.


    [/size]
    Kayla
    Kayla
    ADO
    ADO


    Messages : 1848
    Age : 33
    Date de naissance : 27/12/1990
    Profession : Etudiante
    Points : 11

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Kayla 2007-05-07, 17:57

    Mon oncle, j'ai deja lu Crying or Very sad . En tout cas j'avais adore!!! C'etait reste dans ma tete pendant des jours.


    Excellent, comme d'habitude : feu :
    bint0705
    bint0705
    ENFANT
    ENFANT


    Messages : 982
    Age : 37
    Date de naissance : 07/05/1986
    Profession : etudiante
    Points : 1

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par bint0705 2007-05-08, 04:49

    MAis c'est une sorciere cette dame.... scratch
    bint0705
    bint0705
    ENFANT
    ENFANT


    Messages : 982
    Age : 37
    Date de naissance : 07/05/1986
    Profession : etudiante
    Points : 1

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par bint0705 2007-05-08, 05:15

    Ahhh notre grand ecrivain! c toujours un plaisir de te lire... Genial!
    avatar
    Man Dofbi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 377
    Age : 110
    Date de naissance : 01/07/1913
    Profession : Lu ma ci xam ?
    Points : 5

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Man Dofbi 2007-05-08, 06:27

    Ndaw si kay, doy na waar.
    Pourtant le texte est inspiré d'une rumeur qui avait fait beaucoup de bruit au Sénégal. Mais c'était une veste et non un portable.
    Histoire vraie ou délire collectif, je ne saurais te dire.
    Nemie
    Nemie
    ENQUÊTEUR
    ENQUÊTEUR


    Messages : 9166
    Age : 76
    Date de naissance : 23/05/1947
    Profession : cultivatrice
    Points : 8828

    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Nemie 2007-05-08, 11:54

    xana kay ça ne peut pa être vrai hum hum quelle histoire. On dirait que c'est une mise en garde qui veut dire "Faitres attention au coup de foudre" héhé Sinon ce qui est arrivé à Chantal est vraiment triste.
    Bravo Man Dofbi une autre Ben Voilà

    Contenu sponsorisé


    Etudes Re: [NOUVELLE] Les Nouvelles fantastiques (Par: Man Dofbi)

    Message par Contenu sponsorisé


      La date/heure actuelle est 2024-03-28, 04:21