Tout d’un coup, le mari de ma tante vient dans la chambre et nous demande de passer la nuit chez lui, je lui fis comprendre que j’avais cours le lendemain, cours que je ne pouvais d’ailleurs rater sous aucun prétexte.
Il insiste, il est bizarre, il semble trembler. Je fus catégorique, il fallait absolument que je rentre avec mon frère parce que 18h allait passer.
Ca nous fait plaisir de venir voir notre cousin, on lui promit de revenir surement bientôt.
Arrivés chez nous une nouvelle nous attendait, la boutique était fermée, je me disais que ( gni dagni fontou , wala dagno beuri khaliss lou gni teudie heure bi ). Du monde entrait et sortait de chez moi, je me demandais ce qui pouvait bien se passer puisque la maison était presque vide tout à l’heure. Soudain une veille femme (que je jugeais commère) venait vers moi au seuil de la porte et me disait (sois forte mon enfant c’est la vie). Je me demandais ce qu’elle racontait (encore ses commérages surement). Je vis mon petit frère devant la maison qui pleurait, je lui demandais ce qu’il avait mais il ne répondait pas. Ce qui était sur c’est que cette nouvelle n’était pas bonne, il y’avait un décès mais qui ? Mon Dieu je ne voyais pas ma mère, je ne la voyais nulle part, soudain mes pensées défilèrent dans ma tête, non je ne pouvais pas penser à cela, ma mère est tout pour moi j’ai besoin d’elle. Je montais les escaliers en tombant presque. Je vois ma mère, quel soulagement, elle est assise dans le salon avec son chapelet, ma mère est la mais alors qui ? Mon Dieu mon grand père, je ne le voyais pas non plus et je me disais (il est vieux maintenant et d’ailleurs cela ne pouvait être que lui).
Je regrettais d’avoir pensé ainsi, mais cette personne que j’apercevais aller et venir, c’était lui mais alors qui est mort dans cette famille, j’allais dans le salon pour le demander a ma mère mais seules des larmes me répondirent. Ma tante me fit venir avec elle, elle m’amena dans ma chambre, et me parla de vie, de mort, de Dieu, d’âme, tout cela pour tourner autour de la peau pourquoi ne me disait –elle pas ce qui se passait.
Et soudain je crus entendre (ton père vient juste de mourir….) c’était impossible, il devait arriver la semaine prochaine, il était au Congo pour son travail. Non je ne pouvais y croire. Mes jambes ne pouvaient plus résister. Elle m’attrapa et me demanda de me coucher, mais non je sortais de la chambre en courant, je rejoignis ma mère espérant qu’elle me dise le contraire, mais elle pleurait.
Ma vie bascula, pourquoi cela m’arrivait à moi, je n’ai rien fait, j’eus des pensées affreuses, je maudissais tout le monde, cette tante porteuse de mauvaises nouvelles, tout le monde, j’errais, j’allais, je venais, mais pourquoi mon père à moi, pourquoi pas son père à elle, il est plus vieux lui.
Je pleurais, chose que je n’ai pas faite depuis bien longtemps. Mon père ne pouvait pas me laisser, sinon pour qui j’allais continuer à me battre pour décrocher le bac, il m’encourageait tout le temps par téléphone, il me disait de m’accrocher et que je recevrais un cadeau énorme si je réussissais.
Mon père que j’aime tant mais je n’ai jamais eu le temps de le lui dire, et c’était trop tard. Que signifiait ma vie sans lui, il était tout pour moi.
Je sortais de chez moi, je devais être seule, je marchais je regardais les gens, qui semblaient ne pas être au courant de ce qui m’arrivait. Je maudissais ceux qui riaient, j’eus envie de leur crier dessus, de leur demander de se taire et de pleurer avec moi, de partager cette souffrance avec moi, mais je ne pouvais pas, ces gens ne me connaissaient pas.
Que signifiait ma vie après cette triste nouvelle, je décidais de tout abandonner, de le rejoindre…
Mon père m’a quitté sans me dire au revoir, il m’avait promis que je le reverrai le samedi prochain, il me l’avait promis. Je n’arrivais pas à réaliser ce qui m’arrivait, et dire que ce matin j’étais heureuse, heureuse parce que je pensais que cette maudite semaine allait finir et que la prochaine allait être celle qui m’unirait de nouveau à lui.
Je rentrais chez moi, il faisait tard, apparemment tout le monde s’est inquiété pour moi. Je ne parlai à personne, j’entrai dans ma chambre, la ferma à clé et ouvra mon album. Je sortis une photo de lui, tout souriant, ce sourire dont j’étais à présent privé à jamais.
Je me résignai : cette fois je réalisai vraiment que mon père était parti à jamais.
Paix à son âme !
Dernière édition par Nymphe le 2009-10-04, 16:45, édité 1 fois