Fanny Diard - marie claire
Parce que toute cette histoire n'est qu'une vaste querelle de voisinage. Les détracteurs du séchoirs ont déclaré indésirable la lingerie dans le jardin d'à côté. Pourquoi ? La raison officielle : la peur de voir son quartier déprécié à cause d'une image trop populaire, voire prolétaire. La raison officieuse ? Ces chers voisins seraient incommodés par la vue du linge étendu.
Le dernier problème est d'ordre juridique : toute loi étatique autorisant les citoyens à s'affranchir d'un règlement de copropriété diminue le droit de propriété lui-même. Et aux Etats-Unis, c'est grave. Cela peut remonter en Cour Suprême.
Les règlements des « private communities » (associations de propriétaires) diffèrent d'un état à l'autre. En effet selon si l'on vit en Floride, en Utah, dans le Maryland ou en Oregon, l'utilisation du séchoir n'est pas toujours autorisée et cela crée des conflits de lois qui peuvent devenir ingérables.
Si les écologistes se battent, c'est aussi pour réduire d'environ 10% leur facture d'électricité, et diminuer leur émissions de C02 dans l'atmosphère. Quand on sait que les américains sont tête de liste des plus gros pollueurs au monde, faire sécher des vêtements sur la corde à linge ne devrait pas être un problème, et pourtant...
« A première vue, accrocher du linge, c'est une chose futile. Pourtant, ça ouvre sur des questions comme les droits de l'individu, la propriété privée, la classe sociale, l'esthétique, l'environnement. »
Cette histoire a pris peu à peu des proportions énormes, un homme a même fusillé son voisin à Verona dans le Mississipi, le meurtrier a dit à la police qu'il « en avait plus que marre de répéter, depuis un an, qu'il ne voulait pas voir ça sous ses fenêtres ».
Un film, « Drying for Freedom » (jeu de mot sur sécher/drying) et mourir/dying pour la liberté), est actuellement en préparation et sortira au mois de mai prochain.
On attend donc l'issue de cette histoire avec curiosité, on aura peut être une réponse le 19 avril prochain, proclamé jour du « hanging day », (« jour de l'étendage du linge »).