senediaspora.com

Veuillez Bien Vouloir Vous Connecter, Sinon Vous Enregistrer SI Vous Venez D'Arriver !

Pour Avoir Accès A Certains Sujets De Discussion, Il Faut Nécessairement Vous Enregistrer Sinon Vous Connecter Dans Cas Échéant!

Merci Et Bienvenue Sur SENEDIASPORA!

Rejoignez le forum, c’est rapide et facile

senediaspora.com

Veuillez Bien Vouloir Vous Connecter, Sinon Vous Enregistrer SI Vous Venez D'Arriver !

Pour Avoir Accès A Certains Sujets De Discussion, Il Faut Nécessairement Vous Enregistrer Sinon Vous Connecter Dans Cas Échéant!

Merci Et Bienvenue Sur SENEDIASPORA!

senediaspora.com

Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
senediaspora.com

Le Plus Grand Forum Du Sénégalais...

Qui est en ligne ?

Il y a en tout 44 utilisateurs en ligne :: 0 Enregistré, 0 Invisible et 44 Invités

Aucun


Le record du nombre d'utilisateurs en ligne est de 339 le 2013-02-14, 14:48

Derniers sujets

» [FIESTA] Senediaspora Dibi-Party !
par Pamela FC 2016-07-29, 07:53

» [Urgent] ana ngene fo len rerati?????
par Pamela FC 2016-07-29, 07:51

» VENEZ DECOUVRIR LES MIRACLES DE SERIGNE SANGUE MBACKE NDIAYE
par Keurgui 2016-02-17, 22:03

» Cherche partenaire financier
par Tymaqueen 2015-12-26, 15:38

» FAITES BRILLER VOTRE ETOILE
par lemaitre 2015-06-02, 08:24

» [VIDEO] Le Scandale Sexuel De Diombasse DIAW !
par gundio 2015-05-12, 09:38

» Cherche client grossiste pour vente pneu
par gundio 2015-05-12, 09:28

» [CHANSONS PAILLARDES] Populaires et chaleureuses
par toti98 2015-03-22, 03:48

» Achat en ligne au Sénégal
par blueline 2015-02-17, 08:23

» Forum Café liquide prêt à boire
par maefi15 2014-12-21, 05:46

» [MINI ROMAN] Tout Et Rien... Dans Une Vie (Par: Helena)
par kheuss115 2014-12-16, 09:16

» appareil dentaire
par kheuss115 2014-12-16, 09:11

» [PSY] Comment Avoir Du Répondant?
par Alexita 2014-12-15, 18:00

» QUELLE REPUBLIQUE POUR LE SENEGAL ?
par Keurgui 2014-12-11, 23:14

» Pommade Miracle
par pommade miracle 2014-11-28, 03:29

» la fiche de lecture sur le roman sous l orage
par ndeyendack99 2014-11-26, 08:24

» Connaissez vous un coin dans Dakar où je peux trouver des putes la journée ?
par papii diatta 2014-11-12, 06:26

» [MOTS] Les mots et leurs contraires improbables
par dimbedior 2014-08-14, 12:03

» [SCOOP] L’épouse frustrée diffuse sur le net les photos nues de la maîtresse de son époux
par dimbedior 2014-08-14, 11:15

» Un solution pour guérir de la drépanocytose
par Overdo'z 2014-08-04, 12:12

» Ou Videz mes testicules?
par Overdo'z 2014-08-04, 12:09

» [COMMUNAUTÉ] Senediasporois Des Réseaux Sociaux: Facebook, Hi5, Skyblog, Twitter...
par Pamela FC 2014-06-20, 17:21

» [EXPRESSION] Ekirir Kom On Le San Riyénkpourle Pélézir...!
par Pamela FC 2014-06-20, 17:17

» La démocratie du Sénégal ?
par Keurgui 2014-05-18, 15:37

» [VOYANCE] Le Désespoir Au Bout Du Fil !
par annedev 2014-04-28, 20:12

» Belle Prostituée
par Absciss BABISTO 2014-04-12, 07:29

» [CON-CUL-RANCE] Exprès-Saut - T'y Go - On Range Orange - Osez Baiser !
par Absciss BABISTO 2014-03-28, 05:42

» WANTED...Mais vous êtes où????
par tonso 2014-03-23, 17:55

» Les rendez-vous de Minuit
par tonso 2014-03-20, 20:10

» roy dakh!!!! chansons reprises!!
par tonso 2014-03-20, 19:22

» Prendre un appart ou pas ?
par madicisse 2014-03-09, 16:17

» Homosexualité : Vos avis !
par madicisse 2014-03-09, 15:08

» Le nom THIAM: Wolof ou Toucouleur ?
par jamnajo 2014-02-17, 13:02

» Parodies Youssou Ndour!
par yamar 2014-02-17, 04:22

» [POULAAR] Discussions Générales en POULAAR !
par fedande 2013-11-05, 09:11

» Alexita... The End ?
par negger bi 2013-10-09, 09:56

» [POESIE] Le Paradis Des Amoureux Des Strophes !
par Cubana 2013-09-18, 02:58

» infos sur 2 chanteurs sénégalais
par fallougreg 2013-08-21, 10:56

» Sweet Usher ?
par Pamela FC 2013-08-10, 20:40

» Existe-t-il des lutins africains ?
par KoccBirima 2013-07-29, 19:24

» [SEXE] La Taille Du Vagin : Polémiques De Pointures !
par KoccBirima 2013-07-29, 19:20

» Affaire Tamsir Jupiter Ndiaye : Ce que les enquêteurs ont trouvé dans le bureau du chroniqueur
par KoccBirima 2013-07-11, 09:58

» Le désespoir de deux familles
par negger bi 2013-06-22, 07:36

» [FOUDRE] Déclaration D'Amour !
par Armand 2013-05-22, 17:13

» [HUMEUR] Coups De Gueule: Qu'est-ce qui vous énerve réellement?
par Jacaré 2013-05-19, 09:49

» UNE CELEBRE « BANDE DESSINEE BELGE » TRADUITE POUR LA PREMIERE FOIS EN WOLOF
par Absciss BABISTO 2013-04-13, 18:31

» Vos Bizarreries et découvertes scientiNiques
par KoccBirima 2013-04-07, 14:18

» [PAGE PERSO] Secrets de famille: Le Blog de Cubana,!
par Sistersandrine 2013-03-05, 22:28

» [VENGEANCE] Comment Vous Vous Y Prenez?
par Gentil 2013-02-28, 03:45

» Quand je suis rentré ce soir là et que Fatou a servi le diner (Premier acte)
par KoccBirima 2013-02-25, 09:37

Avril 2024

LunMarMerJeuVenSamDim
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
2930     

Calendrier Calendrier

TEST

TESTTESTTESTTESTTESTTEST
Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal

+18
Chérinette
amintinwniang
Akissi Sukali
weshweshflyer
Sweet
Fatim
Abscisse BABISTO
Pamela FC
myta
Khapi
Tyf
Nemie
fatou33
Absciss BABISTO
Sugar
Diom LERABE
Zalzal
Lyncx
22 participants

    [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Lyncx
    Lyncx
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 8887
    Age : 33
    Date de naissance : 01/01/1991
    Profession : Raay sama sikkim
    Points : 12027

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Lyncx 2009-06-05, 09:17

    Rappel du premier message :

    LA CALEBASSE TROUÉE
    (Première Partie)


    12h30 heures. L'heure de pointe. L'heure où chaque individu, tel mu par une force irrésistible, se rue vers le dehors, à la recherche d'un réconfort chimérique. Il semblait qu'une cloche avait sonné, qu'un mystérieux joueur de flûte hypnotisait cette ville et poussait chacun à sortir, qui pour aller acheter de quoi manger, qui pour fumer, pour boire, ou simplement pour prendre l'air sur une terrasse.
    Il détestait cette heure. Non pas que ce fut le seul moment de la journée où il n'avait rein à faire d'autre que de dévisager des visages fermés dans le métro, mais parce qu'il ne comprenait pas pourquoi tout le monde était obligé de prendre le même chemin que lui. Non content d'en avoir bavé au boulot, il devait encore supporté de rester collé pendant trois quarts d'heure contre une femme qui sentait l'alcool à plein nez, un ouvrier poussiéreux, ou encore, les jours où il avait de la chance, la vitre du la porte de la rame. Ce supplice lui semblait fomenté de toute pièces, par cette congrégation de travailleurs affairés qui semblait lui dire: "Nous travaillons. Ça excuse le reste!". Il lui tardait de rejoindre son appartement, rue de la Pulpe, pour se remettre de cette matinée épuisante.
    Arrêt des Héros Morts. C'était là qu'il devait descendre, et prendre la correspondance bus qui le déposerait à 20 mètres de chez lui. Il se faufila entre les passagers renfrognés, dérangés par cet énergumène qui voulait descendre avant le terminus. Il s'excusa, et s'extirpa tant bien que mal vers le quai que traversait un air étonnamment respirable. Enfin dehors!
    Où se trouvaient les escalators déjà? Ah, oui! A sa gauche... Il n'avait pas encore pris l'habitude de descendre à cette station, car il venait d'emménager. Ayant pris l'appartement il y avait à peine dix jours, il cherchait un peu ses repères dans ce quartier, et même à son travail. Son boss lui disait toujours: "Habitue-toi d'abord au gens, Eliman, et tu t'habitueras facilement aux lieux." Facile à dire. Lui qui était si peu sociable, se familiariser avec des collègues en moins de 3 mois relevait de la gageure...

    Il prit donc l'escalator, et commença à monter vers la rue. Devant lui, souriant, un père jouait avec ce qu'il considérait comme ses deux fils. Mêmes têtes, même expression faciale, même couleur de cheveux. Ils riaient de bon coeur, du rire de l'insouciance. Il les regardait, et ressentait en même temps une certaine amertume. Il aurait tant voulu rester chez lui, à Pikine, aux côtés de ses frères, avec pour seul souci quotidien les études! Et ses pensées commencèrent à voguer vers le Sénégal.

    Absorbé, il ne remarqua pas le portefeuille qui s'échappait de la poche latérale du pantalon père à cause des mouvements que faisait son fils autour de ses jambes. Le portefeuille remua, se tint un moment en équilibre, puis, suite à un mouvement du père pour calmer ses enfants qui jouaint, tomba sur la marche juste devant lui. Le père ne remarqua rien. Lorsqu'Eliman vit ce portefeuille, il soupçonna qu'il devait appartenir à l'homme devant lui. Il le ramassa et s'apprêta à l'interpeler pour le lui rendre.

    Et à ce moment là, il se passa quelque de terrible. Subitement, le ciel entra par le toît de la station de métro, éparpillant dans le hall un amas poussiéreux de poutres métalliques et de béton. Les escalators qui marchaient se soulevèrent, comme de fragiles petites chenilles propulsés dans les airs par un souffle titanesque. Les murs se joignirent, et écrasèrent tous les gens qui se trouvaient entre eux dans une étreinte formidable, qui ne laissait même pas le temps d'apercevoir les visages. En dessous de lui, la terre se soulevait, palpitait, et s'ouvrait, béant, engloutissant les personnes qui le suivaient. Les guichets automatiques se déstructuraient, et semblaient obéir à une force destructrice qui les muait en véritables chars écrasant tout sur leur passage. En une seconde, le chaos prit place, l'obscurité s'abattit sur l'endroit qui, un instant plus tôt, regorgeait d'insouciance.

    Une explosion venait de ravager le métro.

    Bon, je ne sais absolument pas quand je m'attaquerais à la suite.
    J'ai un emploi du temps assez déstructuré... Et je n'ai pas pris le
    temps de me relire, soyez indulgents


    (Lire Le Début--->>>)

    Nemie
    ENQUÊTEUR
    ENQUÊTEUR


    Messages : 9166

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Nemie 2009-06-25, 08:25

    héhé pourtant démon na dé mamy dou yama woo héhé
    Lyncx ladiouma dara damako bayi ak yalla rek
    Sugar
    Sugar
    SAGE
    SAGE


    Messages : 7517
    Age : 43
    Date de naissance : 31/12/1980
    Profession : Tipsé
    Points : 11238

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Sugar 2009-06-25, 08:33

    ah oui, c'est vrai, j'avais oublié k da gnou ko cocufier ndeysane .

    kikay limo takh mou beugue gnou takal ma gnarel depuis
    Khapi
    Khapi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 2220
    Age : 42
    Date de naissance : 12/09/1981
    Profession : Forumiste
    Points : 3920

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Khapi 2009-06-25, 08:48

    Au fait Lyncx, tu m'as pas encore répondu, qu'est ce qui t'a inspiré sur ce coup?
    Sugar
    Sugar
    SAGE
    SAGE


    Messages : 7517
    Age : 43
    Date de naissance : 31/12/1980
    Profession : Tipsé
    Points : 11238

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Sugar 2009-06-25, 08:58

    c moi feu feu
    Khapi
    Khapi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 2220
    Age : 42
    Date de naissance : 12/09/1981
    Profession : Forumiste
    Points : 3920

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Khapi 2009-06-25, 09:17

    Tchiiip! y a rien de romantique ici, topal fii way.
    Lyncx
    Lyncx
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 8887
    Age : 33
    Date de naissance : 01/01/1991
    Profession : Raay sama sikkim
    Points : 12027

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Lyncx 2009-06-26, 01:45

    Khapi a écrit:Au fait Lyncx, tu m'as pas encore répondu, qu'est ce qui t'a inspiré sur ce coup?

    Je ne sais pas... Une idée, un personnage, et c'est parti...

    Non, en fait, je me suis longtemps questionné sur le mécanisme de l'inspiration, et sur les relations que tisse le cerveau humain avec la noosphère. Je ne pense pas que des hommes soient plus prédisposés à l'inspiration que d'autres. ce sont les événements qui nous inspirent. Un homme qui n'est confronté à aucun événement ne sera pas inspiré.

    Donc au final, je pense que c'est le fait de lire ici tant de bons romans, ou peut-être d'être confronté dans l'actualité à tant d'affaires inextricables, ou simplement le fait que les relations humaines me fascinent, qui m'a inspiré... Je ne saurais dire.
    Sugar
    Sugar
    SAGE
    SAGE


    Messages : 7517
    Age : 43
    Date de naissance : 31/12/1980
    Profession : Tipsé
    Points : 11238

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Sugar 2009-06-26, 03:45

    wa gawal si suite bi nak
    Lyncx
    Lyncx
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 8887
    Age : 33
    Date de naissance : 01/01/1991
    Profession : Raay sama sikkim
    Points : 12027

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Lyncx 2009-06-26, 13:27

    Ma ngui ci kawam... Soo bayyi won sama tankou digg bingayy fowé mu gueuneu gaaw... héhé
    myta
    myta
    CELLULE
    CELLULE


    Messages : 8
    Age : 33
    Date de naissance : 18/10/1990
    Profession : étudiante
    Points : 20

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par myta 2009-06-26, 13:37

    slu tt l mond j croi bien k chu la ptite dernier a adhérer a votre forum.pr l premier sujet g trouvé c pti roman et j pens k c cool.bah jémeré just savoir a koi consiste vrémn c forum?en espérant madapté com lé vétéran...
    Pamela FC
    Pamela FC
    SAGE
    SAGE


    Messages : 19416
    Age : 32
    Date de naissance : 26/10/1991
    Profession : Rêveuse
    Points : 41017

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Pamela FC 2009-06-26, 13:46

    A discuter, à dialoguer, donner ton avis sur tous les sujets qui t'intéressent etc etc...!!!! Bienvenue à toi!!!
    Abscisse BABISTO
    Abscisse BABISTO
    ENQUÊTEUR
    ENQUÊTEUR


    Messages : 8652
    Age : 78
    Date de naissance : 04/02/1946
    Profession : Tueur
    Points : 16109

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Abscisse BABISTO 2009-06-26, 15:30

    myta a écrit:slu tt l mond j croi bien k chu la ptite dernier a adhérer a votre forum.pr l premier sujet g trouvé c pti roman et j pens k c cool.bah jémeré just savoir a koi consiste vrémn c forum?en espérant madapté com lé vétéran...
    Salut 1 Bienvenue Bienvenue

    CLique ici [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] pour BIEN démarrer
    Fatim
    Fatim
    REINE DE SENEDIASPORA
    REINE DE SENEDIASPORA


    Messages : 16785
    Age : 38
    Date de naissance : 31/07/1985
    Profession : diom
    Points : 7802

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Fatim 2009-07-25, 18:04

    dembeu ak tey yeup journee lecture la ka def
    lynx defal lou gaw way gor dey gaw mba mou loukhouss
    Khapi
    Khapi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 2220
    Age : 42
    Date de naissance : 12/09/1981
    Profession : Forumiste
    Points : 3920

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Khapi 2009-07-25, 18:13

    ndax nga meun si dara Fa.
    Sweet
    Sweet
    SAGE
    SAGE


    Messages : 8196
    Age : 33
    Date de naissance : 22/12/1990
    Points : 12980

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Sweet 2009-07-25, 19:47

    pffff pas très orginale mais ça va quand même
    Khapi
    Khapi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 2220
    Age : 42
    Date de naissance : 12/09/1981
    Profession : Forumiste
    Points : 3920

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Khapi 2009-07-25, 19:52

    racontes nous ton histoire qui lui ressemble. soxar nga!
    Sweet
    Sweet
    SAGE
    SAGE


    Messages : 8196
    Age : 33
    Date de naissance : 22/12/1990
    Points : 12980

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Sweet 2009-07-25, 19:53

    je suis pas soxor chui juste objective et je dis la verdad c'est tout
    Sweet
    Sweet
    SAGE
    SAGE


    Messages : 8196
    Age : 33
    Date de naissance : 22/12/1990
    Points : 12980

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Sweet 2009-07-25, 19:53

    La vérité sors de la bouche des enfants non?
    Khapi
    Khapi
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 2220
    Age : 42
    Date de naissance : 12/09/1981
    Profession : Forumiste
    Points : 3920

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Khapi 2009-07-25, 19:58

    Oui desfois mais pas tjrs, j'attends que tu nous raconte l'histoire qui ressemble à celle là, c'est pas encore fini celle là, "pour info, just pour info", j'ai oublié sax que toi tu préfères Jamal à Gad elmaleh.
    Fatim
    Fatim
    REINE DE SENEDIASPORA
    REINE DE SENEDIASPORA


    Messages : 16785
    Age : 38
    Date de naissance : 31/07/1985
    Profession : diom
    Points : 7802

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Fatim 2009-07-25, 20:02

    Sweetusher a écrit:pffff pas très orginale mais ça va quand même
    ki mo sofffffffffffff
    Sweet
    Sweet
    SAGE
    SAGE


    Messages : 8196
    Age : 33
    Date de naissance : 22/12/1990
    Points : 12980

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Sweet 2009-07-25, 20:26

    iiiishh miiiiiiiiiiiciiiiiiii
    weshweshflyer
    weshweshflyer
    BÉBÉ
    BÉBÉ


    Messages : 559
    Age : 40
    Date de naissance : 08/04/1984
    Profession : flyer
    Points : 1245

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par weshweshflyer 2009-07-25, 23:20

    ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh les mecs c'etait trop bon
    Akissi Sukali
    Akissi Sukali
    SAGE
    SAGE


    Messages : 6742
    Age : 36
    Date de naissance : 27/04/1987
    Profession : Mandikat
    Points : 13168

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Akissi Sukali 2009-08-03, 19:28

    franchement, je kiff, les descriptions sont bien faites, le style est recherché, rien a dire on a limpression de vivre le truc!!maintenant nak on a ttend la shuiite, la shuite!!!! Bravo
    Nemie
    Nemie
    ENQUÊTEUR
    ENQUÊTEUR


    Messages : 9166
    Age : 76
    Date de naissance : 23/05/1947
    Profession : cultivatrice
    Points : 8828

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Nemie 2009-08-05, 05:01

    Lyncx t'es où?
    Akissi Sukali
    Akissi Sukali
    SAGE
    SAGE


    Messages : 6742
    Age : 36
    Date de naissance : 27/04/1987
    Profession : Mandikat
    Points : 13168

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Akissi Sukali 2009-08-05, 06:47

    Nemam a écrit:Lyncx t'es où?
    en tt k Lyncx est wanted dééé!!! les keuf et les detective de senediaspora faites kelk choz bokk!!ns on ve la shuiiiiiiiiiiiittttteeee waye!!!!
    amintinwniang
    amintinwniang
    CELLULE
    CELLULE


    Messages : 1
    Age : 40
    Date de naissance : 04/04/1984
    Profession : infirmiere
    Points : 1

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par amintinwniang 2009-08-09, 09:48

    complete way on attend la suite
    Lyncx
    Lyncx
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 8887
    Age : 33
    Date de naissance : 01/01/1991
    Profession : Raay sama sikkim
    Points : 12027

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Lyncx 2009-08-29, 07:13

    Maangui ci kawam deh. Itté yé beuri ba dofloo meu rek...
    Chérinette
    Chérinette
    ADO
    ADO


    Messages : 1904
    Age : 35
    Date de naissance : 16/06/1988
    Profession : topatoko
    Points : 3851

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Chérinette 2009-11-20, 11:11

    pourquoi vous ne terminez jamais ce que vous commencez? [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
    Lyncx
    Lyncx
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 8887
    Age : 33
    Date de naissance : 01/01/1991
    Profession : Raay sama sikkim
    Points : 12027

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Lyncx 2010-01-30, 12:52

    Mamy a écrit:wa gawal si suite bi nak

    Fatim a écrit:dembeu ak tey yeup journee lecture la ka def
    lynx defal lou gaw way gor dey gaw mba mou loukhouss

    Khapi a écrit:ndax nga meun si dara Fa.

    Akiss a écrit:franchement, je kiff, les descriptions sont bien faites, le style est recherché, rien a dire on a limpression de vivre le truc!!maintenant nak on a ttend la shuiite, la shuite!!!! Bravo

    Akiss a écrit:
    Nemam a écrit:Lyncx t'es où?
    en tt k Lyncx est wanted dééé!!! les keuf et les detective de senediaspora faites kelk choz bokk!!ns on ve la shuiiiiiiiiiiiittttteeee waye!!!!

    amintinwniang a écrit:complete way on attend la suite

    Chérinette a écrit:pourquoi vous ne terminez jamais ce que vous commencez? [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

    Bon c'est décidé, je vous mets la suite ce soir inshaAllah... héhé héhé Kénn gueunou leen exigeants...
    Rubi
    Rubi
    SAGE
    SAGE


    Messages : 8222
    Age : 38
    Date de naissance : 20/09/1985
    Profession : Sathie
    Points : 20502

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Rubi 2010-01-30, 13:14

    makhala kene rawoulene yenit.lolene cmcer dolene ko egali [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
    Lyncx
    Lyncx
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 8887
    Age : 33
    Date de naissance : 01/01/1991
    Profession : Raay sama sikkim
    Points : 12027

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Lyncx 2010-01-30, 13:56

    J'hésite à tout mettre... Je pense que je vais tout récapituler dans six messages différents, pour ceux qui n'auraient pas tout lu. On y va:
    Lyncx
    Lyncx
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 8887
    Age : 33
    Date de naissance : 01/01/1991
    Profession : Raay sama sikkim
    Points : 12027

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Lyncx 2010-01-30, 14:06

    Lyncx a écrit:
    LA CALEBASSE TROUÉE
    (Première Partie)


    12h30 heures. L'heure de pointe. L'heure où chaque individu, tel mu par une force irrésistible, se rue vers le dehors, à la recherche d'un réconfort chimérique. Il semblait qu'une cloche avait sonné, qu'un mystérieux joueur de flûte hypnotisait cette ville et poussait chacun à sortir, qui pour aller acheter de quoi manger, qui pour fumer, pour boire, ou simplement pour prendre l'air sur une terrasse.
    Il détestait cette heure. Non pas que ce fut le seul moment de la journée où il n'avait rein à faire d'autre que de dévisager des visages fermés dans le métro, mais parce qu'il ne comprenait pas pourquoi tout le monde était obligé de prendre le même chemin que lui. Non content d'en avoir bavé au boulot, il devait encore supporté de rester collé pendant trois quarts d'heure contre une femme qui sentait l'alcool à plein nez, un ouvrier poussiéreux, ou encore, les jours où il avait de la chance, la vitre du la porte de la rame. Ce supplice lui semblait fomenté de toute pièces, par cette congrégation de travailleurs affairés qui semblait lui dire: "Nous travaillons. Ça excuse le reste!". Il lui tardait de rejoindre son appartement, rue de la Pulpe, pour se remettre de cette matinée épuisante.
    Arrêt des Héros Morts. C'était là qu'il devait descendre, et prendre la correspondance bus qui le déposerait à 20 mètres de chez lui. Il se faufila entre les passagers renfrognés, dérangés par cet énergumène qui voulait descendre avant le terminus. Il s'excusa, et s'extirpa tant bien que mal vers le quai que traversait un air étonnamment respirable. Enfin dehors!
    Où se trouvaient les escalators déjà? Ah, oui! A sa gauche... Il n'avait pas encore pris l'habitude de descendre à cette station, car il venait d'emménager. Ayant pris l'appartement il y avait à peine dix jours, il cherchait un peu ses repères dans ce quartier, et même à son travail. Son boss lui disait toujours: "Habitue-toi d'abord au gens, Eliman, et tu t'habitueras facilement aux lieux." Facile à dire. Lui qui était si peu sociable, se familiariser avec des collègues en moins de 3 mois relevait de la gageure...

    Il prit donc l'escalator, et commença à monter vers la rue. Devant lui, souriant, un père jouait avec ce qu'il considérait comme ses deux fils. Mêmes têtes, même expression faciale, même couleur de cheveux. Ils riaient de bon coeur, du rire de l'insouciance. Il les regardait, et ressentait en même temps une certaine amertume. Il aurait tant voulu rester chez lui, à Pikine, aux côtés de ses frères, avec pour seul souci quotidien les études! Et ses pensées commencèrent à voguer vers le Sénégal.

    Absorbé, il ne remarqua pas le portefeuille qui s'échappait de la poche latérale du pantalon père à cause des mouvements que faisait son fils autour de ses jambes. Le portefeuille remua, se tint un moment en équilibre, puis, suite à un mouvement du père pour calmer ses enfants qui jouaint, tomba sur la marche juste devant lui. Le père ne remarqua rien. Lorsqu'Eliman vit ce portefeuille, il soupçonna qu'il devait appartenir à l'homme devant lui. Il le ramassa et s'apprêta à l'interpeler pour le lui rendre.

    Et à ce moment là, il se passa quelque de terrible. Subitement, le ciel entra par le toît de la station de métro, éparpillant dans le hall un amas poussiéreux de poutres métalliques et de béton. Les escalators qui marchaient se soulevèrent, comme de fragiles petites chenilles propulsés dans les airs par un souffle titanesque. Les murs se joignirent, et écrasèrent tous les gens qui se trouvaient entre eux dans une étreinte formidable, qui ne laissait même pas le temps d'apercevoir les visages. En dessous de lui, la terre se soulevait, palpitait, et s'ouvrait, béant, engloutissant les personnes qui le suivaient. Les guichets automatiques se déstructuraient, et semblaient obéir à une force destructrice qui les muait en véritables chars écrasant tout sur leur passage. En une seconde, le chaos prit place, l'obscurité s'abattit sur l'endroit qui, un instant plus tôt, regorgeait d'insouciance.

    Une explosion venait de ravager le métro.




    Lyncx a écrit:
    LA CALEBASSE TROUÉE
    (Deuxième Partie)


    De là où il se trouvait, il pouvait voir toute l'horreur de la scène. Du métal enchevêtré, des éclats de verre réduits en quinconce et étalés un peu partout, comme du sable brillant qui faisait ressortir le chaos ambiant, du sable et de la poussière qui drapait, sombre, les structures bouleversées. Aussi loin qu'il regardait, il ne reconnaissait plus ce lieu. il lui semblait qu'on l'avait déplacé en une seconde du métro vers un lieu inconnu, étranger, où il se sentait prisonnier. Il se sentait oppressé, étreint par une angoisse indicible. L'acouphène qui faisait bourdonner ses tympans lui donnait l'impression de baigner dans un rêve, un délire insensé, et autour de lui, tout concourrait à renforcer ce délire.

    Il était étendu depuis un moment, la tête tournée vers le trou béant que constituaient les escalators auparavant. Autour de lui, des cadavres jonchaient le sol pierreux, des cadavres dont il voyait l'horreur pour la première fois. A cinq mètres, l'enfant qu'il regardait jouer avec son père gisait, enlaçant son frère. Leurs corps étaient étonnamment indemnes, mais une barre métallique transperçait, raide et tâché de sang, leurs deux poitrines, les unissant dans une position macabre. Ce fut à ce moment qu'il réalisa qu'il ne rêvait pas.

    Il essaya de se lever, et constata que sa cuisse saignait légèrement, écorchée par un éclat de verre. Il tenait toujours dans sa main gauche le portefeuille de l'homme dont les enfants gisaient sous ses yeux. Très lucide cependant, il alla tâter le pouls des deux enfants: rien à faire, ils étaient froids. Il ferma les yeux de celui qui ressemblait à l'aîné, car l'autre avait l'air de dormir paisiblement. Et titubant, il se mit en quête de leur père. Il ne savait pas trop où chercher, tellement le chaos ambiant donnait l'impression qu'aucune vie n'était possible. Il scruta les alentours sombres, épousseta le sol, déplaça quelques pierres que le plafond en s'écroulant avait dispersées ça et là... Rien. Il entreprit alors de descendre plus bas, au coeur de l'abysse.

    Alors qu'il descendait, posant prudemment ses pieds l'un après l'autre, sur les marches métalliques qui ne ressemblaient plus qu'à des roches argentées, il entendit à sa gauche gémir un homme. Il s'arrêta, et entendit distinctement: "Aidez-moi". Il se précipita vers l'endroit d'ou venait la plainte, tituba, puis se heurta la tête à une poutrelle qui pendait. La plainte se faisait plus distincte. Il lui semblait qu'elle provenait d'un cavité qui, auparavant, servait de local aux agents de sécurité du métro.

    - Il y a quelqu'un? cria-t-il sur un ton incertain.

    Pour seule réponse, il ne vit que de la poussière s'échapper de la cavité. Un instant après, de l'eau commença à en suinter, d'abord lentement, puis de plus en plus torrentiellement.

    - Y a-t-il quelqu'un? s'enquit-il, de plus en plus inquiet. il s'approcha de quelques pas, et entendit des coups frénétiques assénés de l'autre coté de la porte métallique que des pierres bloquaient. Il réalisa soudain que l'homme à l'intérieur était en train de se noyer. Il essaya d'ouvrir la porte, en vain. Il chercha alors autour de lui un pied de biche qui lui permettrait de forcer l'accès. Rien. Désespéré, il prit un pierre et la fracassa sur le loquet de la porte. Elle ne s'ouvrit pas.

    Il commençait à paniquer, les coups frénétiques commençaient à s'amenuiser; lorsque soudain, alors qu'il cherchait un objet ressemblant à un levier, la porte s'ouvrit brutalement, sous la poussé formidable de l'eau que le local renfermait. La trombe l'envahit en le charria sur quelques dizaines de mètres, et amena en même temps le corps de l'homme qui était enfermé. Pendant un instant, Eliman crut qu'il était mort. Mais dix secondes plus tard, l'homme commença à tousser énergiquement, comme pour expulser l'eau que ses poumons avaient engloutie.

    - Vous allez bien? s'enquit Eliman.

    En guise de réponse, il ne reçut qu'un peu plus d'eau déglutie sur ses chaussures. Ses pauvres chaussures, envers lesquelles son père lui avait fait jurer de tenir comme à ses bijoux de famille. Il ne savait pas pourquoi ces chaussures revêtaient tant d'importance à ses yeux... Sans doute qu'à Pout-Diack, le village natal de son père, un cadeau renfermait toujours une partie de l'âme de l'offreur. En fait, c'est un de ses amis, maintenant mort, qui les lui avait offertes. La mort de son ami expliquait peut-être l'attachement qu'il leur vouait. Quoiqu'il en soit, après cet événement, ces chaussures étaient désormais inutilisables. Il fallait songer à les remplacer, quoique son père puisse en dire plus tard.

    Lorsque l'homme se fut ressaisi, il leva la tête et regarda autour de lui les décombres de la station. Eliman le reconnut: c'était le père des deux enfants morts.

    - Comment vous avez fait pour vous retrouver dans ce local? lui demanda-t-il

    L'homme semblait ne pas avoir entendu sa question. il regardait toujours les décombres, comme à la recherche de quelque objet. Après un long moment, il tourna enfin son regard vide sur Eliman, qui sentit aussitôt tout le caractère hors-de-propos de sa question.

    - Où sont mes enfants? lui demanda-t-il

    Et Eliman se sentit, pour la première fois de sa vie, coupable. Coupable d'avoir vu les cadavres en premier, ce qui lui donnait l'indicible impression d'y être pour quelque chose. coupable de n'avoir rien pu faire pour les sauver. Coupable d'avoir envié leur insouciance...

    - Euh... Je... Je les ai pas... euh... Je sais pas...

    Et l'homme se rua vers les escalators déchiquetés:

    - Rémus! Quentin! où êtes-vous? Allez, où êtes-vous?

    Sa voix sonnait comme un écho insupportable aux oreilles d'Eliman. Il aurait voulu tout arrêter, fuir dehors, vers l'air libre, mais un poids l'oppressait. Il resta figé, comme hébété par la douleur d'un homme que chaque seconde désespère... Il aurait voulu lui dire, mais il ne pouvait pas. Il resta cloué. Lorsque l'homme eut atteint le haut des escalators, Eliman entendit un cri qui ne pouvait signifier qu'une chose: il avait vu les corps de ses fils.

    Presque soulagé, il regarda autour de lui à la recherche d'autres rescapés: impossible d'aller plus loin. La bouche de métro était totalement obturée par des gravats et des poutrelles. Il se décida alors à remonter, et à aller aider le père des deux cadavres. En arrivant près de lui par derrière, il constatant que sa chemise était maculée de sang, comme si une balafre traversait son dos.

    - Je pense que nous devrions remonter, vous êtes blessé... Vous perdez du sang...

    L'homme était à quatre pattes, la tête entre les bras, prosterné sur les corps de ses fils. Il ne bougeait pas.

    - Monsieur? Venez, il faut que...

    Dès qu'il le toucha, l'homme s'écroula sur le côté. Mort, l'artère jugulaire tailladée.



    Lyncx a écrit:
    LA CALEBASSE TROUÉE
    (Troisième Partie)

    Horrifié, Eliman recula de plusieurs pas. Il ne pouvait réaliser ce qu'il voyait. L'homme baignait littéralement dans son sang, et Eliman ne pouvait concevoir que tout ce liquide sortait de son corps. Presque pâle, l'homme avait une étrange expression, comme s'il était étonné par la violence et la soudaineté de sa mort, et qu'il n'avait eu le temps que de hausser les sourcils.

    Visiblement, il s'était suicidé, avec la fine plaque d'acier qu'Eliman vit à côté de lui.

    D'aussi loin qu'il se souvenait, il n'avait jamais vu de suicidé. Tout au plus? entendu, quand on lui rapporta, un jour de juin, que leur professeur de français s'était donné la mort la veille. Il lui avait semblé ce jour là qu'un pan de sa vie s'effondrait, que ses repères s'évanouissaient. Le suicide de son professeur lui semblait d'autant plus inexplicable que rien, la veille au matin, ne reflétait la volonté d'un tel acte. Rien ne transparaissait, de cet homme qui lui avait été si cher. Il lui en avait voulu, de l'avoir quitté, de s'en être allé vers un monde incertain alors que lui, avait encore tant besoin de lui. Il se souvenait des regards furtifs que lui jetait sa mère quand il revenait de l'école les jours suivants, démoralisé, abattu, ayant perdu le maître qui lui donnait la motivation d'étudier cette si belle langue. Sa mère le sondait, comme pour déceler en lui les prémices d'une envie suicidaire ou délètère. Petit à petit, l'approche des examens du bacczlauréat et la pression qu'ils occasionnaient, chez lui, chez ses camarades comme chez ses pârents, lui avait fait temporairement oublier cet événement. Et comme pour lui rendre honneur, il eut la meilleure note au baccalauréat, sur toute l'étendue du territoire.

    Gardant son sang-froid, Eliman s'approcha de lui, et lui ferma les yeux avec sa main gauche, la droite tenant toujours le portefeuille. Il n'avait même pas eu le temps de le lui rendre, tellement les événements s'étaient bousculé dans son esprit. Dehors, la sirène des pompiers retentissait, une clameur montait, et il entendait les pas d'une troupe qui descendait les escaliers menant au hall où il se tenait debout, hébété.

    - Monsieur,... monsieur! Vous m'entendez? Vous êtes blessé? Vous vous sentez bien? le pressa un pompier visiblement aussi perturbé que lui. Allez, venez, nous allons remonter tout doucement, lui dit-il en le tenant par la taille et l'entrainant au dehors

    Eliman ne répondit pas. Ses oreilles bourdonnaient toujours. Indolent, il se laissa faire sans même qu'il réalisât l'endroit où on l'emmenait. Il avait encore une fois l'impression de nager dans un songe interminable, et ce bourdonnement incessant à ses oreilles achevait de l'isoler du monde. Il ne revint à lui que quand il respira l'air léger, quoiqu'encore poussiéreux, de la rue jonchée de pierres, de sable, et remplie de monde que la police tenait à bonne distance de la bouche de métro. Il remarqua au milieu de la rue un trou béant dans la chaussée, sans doute provoqué par l'effondrement du plafond du métro. Autour des véhicules des ambulanciers, des rescapés qui semblaient tout droit sortis d'un mauvais film d'horreur se laissaient prodiguer les premiers soins. Leurs vêtements étaient maculés, de sang pour la plupart, et lui rappelaient l'état lamentable de ses propres habits. Subitement, il revint à lui, et tout le brouhaha et la lumière des gyrophares le frappa brutalement, tel un nageur longtemps immergé qui remonte abruptement à la surface. Il eut besoin de s'asseoir, et se laissa choir sur le marchepied d'une ambulance.

    - Vous n'êtes pas blessé? Vous vous sentez-bien? Vous aviez de la famille? Quel est...

    En face de lui, le pompier insistait dans sa logorhée étourdissante.

    - Ne vous en faites pas, se força-t-il à répondre. Je vais bien... compléta-t-il, mal assuré.

    - Un médecin va venir s'occuper de vous, ne vous inquiétez pas. Ensuite, il se peut que la police vous pose quelques questions. Reposez-vous, ne pensez à rien, et si vous avez besoin de quelque chose, appuyez sur ce bouton seulement. D'accord? je vous laisse...

    Et il lui remit une sorte de télécommande, qui ressemblait vaguement à celles des chambres d'hopital. Après son départ, il regarda autour de lui. Il ne lui semblait pas qu'il y avait autant de survivants. Une vingtaine, au moins. Il en conclut qu'il devait y avoir une autre brèche, qu'il n'avait pas vue, plus loin. Cette explosion était si subite qu'il n'avait pas eu le temps de compter les gens qui se trouvaient autour de lui, une seconde avant le chaos. Il était cependant sûr que, en bas, sous les décombres dans lesquelles il avait été pris, des corps gisaient encore.

    - Laissez-moi passer... Inspecteur Faye, Interpol, dit un homme à un policier qui lui barrait l'accès aux zones cerclées de papier adhésif. Tenez, voici mon insigne, fit-il en lui mettant devant le visage du policier son portefeuille ouvert.

    Le policier le laissa passer après une petite vérification, et reprit aussitôt sa position antérieure.

    De ce bref échange, Eliman en resta figé. L'homme qui venait d'arriver était le portrait craché du malheureux qui, quelques minutes plus tôt dans le métro, s'était tailladé l'artère. Le même visage longiligne, les mêmes cheveux blonds, le même portefeuille cuir, brodé d'un gros fil noir! Il portait en outre un pantalon et une chemise noirs; cette dernière comportait même un léger accroc et une imperceptible tâche rouge sous le dernier bouton. Eliman regarda s'éloigner l'homme vers la bouche du métro où se tenaient quelques hommes armés en combinaison d'assaut, et esquissa un geste pour se lever et aller lui parler. Il se rendit compte alors que la blessure qu'il avait ignorée tout à l'heure lui faisait extrêmement mal, et le poussait à se rasseoir.


    Qui était cet homme? Etait-il victime d'une hallucination, ou étaient-ce bien deux personnes différentes qu'il venait de croiser en moins de trente minutes d'intervalle? Si c'était le cas, le fait qu'ils se trouvaient tous deux au même endroit était-il une coïncidence? Etaient-ils jumeaux? Tant de questions qui se bousculaient dans l'esprit encore perturbé d'Eliman, et lui donnèrent un vertige insupportable. Epuisé, il s'assoupit, la tête appuyée sur la portière ouverte de l'ambulance.

    Il se reveilla à l'hopital, les yeux brumeux, un masque respiratoire sur la bouche, la cuisse endolorie et fortement bandée dans un épais gaze blanc. Des vitres rendaient transparents le haut des murs, et autour de cette chambre, il voyait au dehors se succéder dans un désordre perceptible les brancards transportant des cadavres, recouverts de tissu ou non. Les médecins ne savaient plus où donner de la tête. Même si la chambre dans laquelle il se trouvait était relativement calme, il pouvait percevoir un brouhaha continu au dehors, comme si le public d'un stade de football s'était agglutiné dans un endroit si confiné. Des enfants pleuraient, des hommes et des femmes criaient, au milieu de cette scène d'apocalypse, poussiéreuse, ou affluaient chaque minute des estropiés, des morts et des familles à la recherche d'un proche. Il se leva en s'appuyant sur ses coudes, et regarda autour de lui. La chambre était éclairée par une lampe unique, glauque, qui donnait à la piece une ambiance assez glaciale. Sur une commode en face de lui, il reconnaissait quelques uns de ses effets: sa montre, le portefeuille qu'il n'avait pas eu le temps de rendre, son sac de travail, ainsi que quelques coupures et de la menue monnaie. A sa gauche, les volets des fenêtres étaient fermés. Il se recoucha, contemplant le plafond. Dans ses oreilles, le bourdonnement avait cessé, laissant place à une douleur incroyable.

    Sans crier gare, l'inspecteur qu'il avait vu plus tôt fit irruption dans la pièce. Il avait changé de chemise, mais ses yeux étaient rouges et légèrement boursouflés, comme s'il venait de pleurer chaudement. Il regarda Eliman un moment, referma la porte, puis s'approcha de lui. Eliman le regarda approcher, incapable de faire le moindre mouvement...

    Lyncx
    Lyncx
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 8887
    Age : 33
    Date de naissance : 01/01/1991
    Profession : Raay sama sikkim
    Points : 12027

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Lyncx 2010-01-30, 14:19

    Lyncx a écrit:
    LA CALEBASSE TROUÉE
    (Quatrième Partie)



    Il se tint debout devant le lit, et resta quelques instants à regarder Eliman. Ce dernier ne pouvait même pas parler, tant il avait l'impression d'avoir devant ses yeux le fantôme -- si réel -- de l'homme qu'il avait aidé dans le métro. Il se tenait toujours mi-couché, appuyé sur ses deux coudes,un tuyau respiratoire toujours collé sur sa bouche.

    Au bout d'une minute interminable, l'homme tira un chaise et s'assit devant Eliman, au niveau de ses genoux. Il donnait l'impression de ne pas savoir par où commencer. Il baissa le ragard un instant, puis le regarda ranchement.

    - Vous vous sentez mieux?

    Eliman ne sut pas s'il devait répondre ou non, tant l'impression d'être en présence d'un fantôme hagard était forte.

    - Euh... fit-il pour toute réponse

    - Je n'ai pas averti l'infirmère de votre réveil, car je voulais être le premier à vous parler... Ca ne vous dérange pas?

    - Je... Je sais pas. Je...

    Un silence se fit. Apparemment, l'homme cherchait ses mots.

    - Bon, je me présente: Inspecteur Albert Faye, Interpol, CTTF. Lors de l'attentat contre le métro que vous empruntiez il y a quatre jours, vous...

    - Comment? l'interrompit Eliman, sortant de sa torpeur. Quatre jours, vous dites?

    - Euh, oui... Cela s'est produit le lundi 10 Novembre. Vous êtes tombés dans un coma traumatique lors de l'évacuation des lieux par les pompiers, et vous dormez depuis lors...

    Eliman en était abasourdi. Il avait l'impression d'avoir fermé les yeux à peine quelques instants, entre le moment où il s'est assoupi sur le marchepied de l'ambulance et maintenant. Il regarda autour de lui, à la recherche d'une horloge. Rien. Sans doute enlevée pour ne pas angoisser les malades.

    - Mais comment se fait-il qu'il y ait ce chaos dehors? J'ai l'impression qu'on est encore au jour de l'attentat, fit-il en regardant à travers les vitres de sa chambre les va-et-vient désordonnés des médecins et des bancards sanglant.

    L'inspecteur resta silencieux un instant, puis dit:

    - Il y a eu un deuxième attentat, aujourd'hui. A l'auberge des Trois Frères, juste à côté.

    - Qu... Quoi? Eliman eut soudain très mal à la tête, et cela le poussa à se rallonger. L'inspecteur se leva, et s'approcha pour lui tenir la tête.

    - Vous allez bien? J'appelle l'infirmière si vous voulez, mais j'ai vraiment besoin de vous poser des questions...

    - Oui ca va, juste un mal de tête passager...

    Eliman n'arrivait pas à réaliser qu'il se fut passé tant de choses pendant son sommeil. il n'arrivait même pas à réaliser qu'il ait dormi autant. Le fait d'avoir échappé à la premiere explosion, et d'être resté sur son lit pendant la deuxième, lui faisait se sentir assez vulnérable, mais protégé par une main invisible. Il se pressa le crâne, comme pour se rassurer qu'il était entier.

    - Bon, je n'ai pas trop de temps... Je vais passer les questions d'usage, et vous demanderais où vous vous trouviez au moment de l'explosion... Je devine que vous deviez pas être loin de la sortie, pour avoir pu en réchapper?

    - Non, pas trop... J'étais en haut de l'escalator qui mène au hall des guichets. Au moment de la déflagration, je n'ai eu que le temps de me baisser, car au dessus de moi, le plafond s'effondrait. Il me semble que j'ai perdu connaissance quelques instants, car, quand j'ai rouvert les yeux, le calmé était retombé sur les lieux... Ensuite, j'ai vu un homme qui vous ressemblait comme une goutte d'eau quand je descendais...

    Eliman s'arrêta soudain. Il se demandait maintenant, comment l'homme qui s'était suicidé auparavant pouvait s'être retrouvé, quelques instants après l'explosion, dans le local situé en contrebas, alors que ses enfants étaient déjà étendus dans le hall. L'explosion, aussi forte soit-elle, pouvait-elle être la seule cause de ce déplacement? Sur le coup, il n'y avait pas prêté attention, mais maintenant, ce détail l'intriguait...

    - Je pense que c'est mon frère que vous avez vu. Je viens d'apprendre qu'il faisait partie des victimes, l'interrompit-il dans ses reflexions.

    Il avait la mine contrite, lorsque ces mots sortaient de sa bouche. Eliman voyait transparaitre dans ses traits pâles le profond déchirement d'un homme qui venait de perdre un être cher. Petit à petit, se dissipait la sensation d'irréalité qui l'enveloppait depuis que cet homme était entré dans la pièce.

    - C'était mon jumeau, il s'appelait Herbert. Il a été mortellement blessé par une jointure... détailla-t-il, perdu dans ses pensées.

    Eliman le regarda. Il aurait voulu lui dire que son frère était encore vivant dans les moments qui suivirent l'explosion, mais il n'osa pas. Il n'osait pas l'accabler avec un suicide dont il est certain qu'il ne serait pas bien accueilli. Sa culture maintenait toujours tabou ce genre d'acte, préférant toujours le dissimuler sous une épaisse couche de bons témoignages. Il se souvenait qu'à l'enterrement de son professeur de français, aucune mention n'avait été faite des conditions de sa mort. Ce qui, pensait-il, était somme toute préférable à l'évocation de souvenirs douloureux.

    - Je suis désolé... Mes sincères condoléances. Puisse Dieu lui agréer son plus haut paradis... dit Eliman.

    L'homme eut l'air surpris un moment, dévisageant Eliman comme s'il venait de dire une obscénité. Puis il repris contenance:

    - Merci pour votre... euh... prière. Ca me rappelle un peu mon enfance, quand j'allais encore à l'église. Bref, auriez vous vu ou entendu, pendant les minutes précédant l'attentat, des choses suspectes? Un colis abandonné, un homme suspect...? demanda l'inspecteur en le regardant fixement.

    - Euh, non... Je ne me rappelle pas. Tout me semblait normal avant que se produise la déflagration...

    Eliman n'arrivait pas à enlever de sa tête l'image de l'homme jouant tranquillement avec ses enfants... Il n'arrivait pas à lier ces deux instants, l'un de bonheur, l'autre d'horreur, comme si ces deux instants n'appartenaient pas au même monde. Il ne pouvait croire que tant d'innocence pouvait, d'un revers tragique de l'espace, être balayée en une fraction de clin d'oeil. Insensiblement, une larme commença à couler de son oeil.

    - La seule chose dont je me souvienne est l'image votre frère, devant moi, jouant avec ses enfants. Ils avaient l'air tellement épanouis, tellement heureux que je ne peux toujours pas concevoir que cette image appartient au passé. il me semble que j'entends encore leurs rires, que je vois encore les cheveux blonds des enfants...

    Eliman pleurait franchement. Il tenta dde cacher ses larmes, de les essuyer au fur et mesure qu'ils coulaient: en vain. L'inspecteur Faye parût quelque peu décontenancé, puis balbutia:

    - Je... je vais vous laisser, vous avez besoin de vous reposer. Je reviendrais peut-être demain, en attendant, reposez-vous et faites le vide, dit-il en prenant congé.

    Quand il fut parti, Eliman se calma, et remarqua soudain que, dans la discussion, il n'avait pas mentionné le portefeuille. Dans l'enchaînement des événements, il avait complètement oublié d'en parler. Il se leva péniblement, et alla le prendre. Il revint à son lit, se demandant s'il devait l'ouvrir ou non. Après un long moment d'hésitation, la curiosité prit le dessus.

    Herbert Faye. Né le 30 juin 1973, à... Joal. Certes, Eliman avait soupçonné, à leur nom de famille, une improbable Sénégalaise, mais le fait qu'ils soient tous les deux blancs lui laisser supposer qu'il ne s'agissait que d'une coïncidence. Mais les faits étaient là: ces jumeaux étaient bel et bien nés au Sénégal... Il poursuivit son investigation. Une photo de famille, avec les deux enfants qu'il avait vus plus tôt, son frère et deux femmes, l'une blonde et l'autre noire. Il devait probablement s'agir de leurs compagnes, vu leur proximité. Il trouva ensuite une photo d'identité, des cartes de crédit, une carte de visite qui portait la mention "Herbert Faye, Systèmes d'Information". Au dos de la carte, était grifonné grossièrement le nombre 969. "Sûrement un numéro de digicode", pensa Eliman. Il tomba ensuite sur une petite clé, un sparadrap et un papier plié en 8. Il le déplia, et constata qu'il s'agissait d'une lettre.

    "
    Je connais tes intentions, je te l'ai dit dans ma précédente lettre. Je sais qu'aussi longtemps que je serais à tes côtés, tu ne pourras mener à bien tes projets, et que par conséquent tu as besoin que je disparaisse. Ne deviens pas l'homme que j'ai toujours haï, je ne supporterai pas de perdre une fois de plus un être cher.
    Mère nous disait souvent "Deux coeurs que le sang lie, à la fin, toujours se rejoignent". Redeviens l'innocent que j'ai toujours aimé, Al. Je t'en conjure.
    Notre identité n'est pas enfouie. Elle n'est que celle que nous choisissons. Elle n'est pas une fatalité, ne m'en veux pas alors de choisir de trouver mon identité ici. Je sais que cette phrase t'a toujours déplu, mais je ne suis que ce que je me fais. Abandonne cette quête sans issue, et reviens vers moi. je t'accueillirai toujours les deux bras ouverts.

    Post Scriptum Je te pardonne le meurtre de Rebecca, je sais que c'est toi qui l'a tué.
    "

    La dernière phrase figa Eliman. Il était bel et bien question de meurtre. Il relut la lettre, et se demanda qui pouvait bien être le "Al" mentionné dedans. Al servait quelquefois de sobriquet, ou de diminutif à... Albert! Etait-ce bien le Albert qui était dans sa chambre quelques instants plus tôt? Cette lettre avait-elle bien été écrite par Herbert? Si c'était le cas, que voulait dire "je ne supporterai pas de perdre une fois de plus un être cher..."? Eliman commençait à avoir peur, et redoutait de se retrouver une fois de plus devant Albert Faye. Si ça se trouvait, il n'était même pas inspecteur au CTTF...

    Après de longues rélexions qui eurent le don de le calmer, il se résolut à attendre la visite de l'inspecteur, mais de ne pas lui parler du portefeuille. Après tout, rien dans l'attitude d'Eliman n'avait trahi le fait qu'il détenait ce portefeuille.

    Lyncx a écrit:
    LA CALEBASSE TROUÉE
    (Cinquième Partie)

    Cette nuit là, Eliman eut du mal à s'endormir. Il ne savait pas si cette insomnie était due à la visite qu'il appréhendait le lendemain, ou à ses tympans qui lui faisaient de plus en plus mal. Il lui semblait revivre à chaque instant le sourd fracas du métro, le chaos qui s'en était suivi et le hurlement incessant des ambulances. Cette agitation le tourmentait, et il se réveillait quelquefois au milieu de la nuit pour contempler les étoiles à travers sa fenêtre. Ces étoiles l'apaisaient, car elles semblaient luire, complices, juste pour lui sourire. Elles lui parlaient, ces compagnes d'infortune, et lui chantaient les douces berceuses que lui chantaient jadis sa mère. Ces berceuses étaient pour lui, toujours, une occasion de ne plus penser à rien, et de se fondre totalement dans cette voix qu'il aimait tant. Même lorsque sa petite soeur est née, et qu'il devait, lui, avoir 12 ans, il avait l'impression que sa mère chantait pour eux deux. Il guettait les moments où sa mère berçait Aïtou pour venir se blottir, furtif clandestin, au coin de la natte rugueuse étendue dans la cour. Et vide de tout tracas, il regardait sourire les étoiles en écoutant chanter sa mère.

    Les nuits de Pout sont de celles qu'on n'oublie pas. Bien que n'y étant pas né, Eliman avait la secrète sensation que tout lui parlait, là-bas. A chaque fois qu'il y partait, il sentait à l'âcreté du vent d'Est, à la chaleur moite qui asséchait les gorges et faisait pleurer les enfants sur le dos de leur mère, au plus petit grain de mil qui s'échappait des mortiers dans lesquels s'acahrnaient les pilons, que tout l'attendait. Et il n'oubliait pas les nuits de Pout, quand le soleil avait fini d'irradier les êtres et que l'obscurité persistante s'insinuait dans chaque interstice de vie immobile. Il se souvenait des ombres à peine perceptibles, mais tellement proches, qu'il frôlait dans les rues de sa concession. A chaque passage, un furtif salut était échangé. Et ces seuls mots, outre le fait qu'ils juraient avec le doux silence qui régnait, éclairaient d'un éclat verbeux la silhouette qui se mouvait. Ce salut était un étendard planté dans la nuit, un étendard mouvant, qui signalait à sa chaleur et à son timbre la présence devinée d'un homme qui apparaîssait, puis se terrait de nouveau dans le silence. Eliman suivait ces voix, car elles lui permettaient de planter des repères fugaces dans cette nuit que rien ne troublait, pas même le cri continu du grillon dont la présence n'était remarquée que par les silences temporaires. Eliman aimait ces nuits: elles étaient des nuits qui ne finissaient pas.

    Il eut du mal à dormir cette nuit. Il se tourna, puis se retourna dans son lit, rien à faire. Il se leva un instant, traversa la chambre et but deux gobelets d'eau fraîche. Ils eurent pour don de le calmer, et lorsqu'il revint se coucher, il sombra presque aussitôt dans une profonde léthargie.

    Il rêva de bombes, d'hommes déchiquetés, de complots et d'assassinats. Il rêva qu'une horde de barbares le traquait jusque sous ses draps, que le monde s'effondrait et qu'il était le seul à rester encore intact. Il rêva, et se réveilla en sursaut au milieu de la nuit. Et là, l'instant d'une seconde, il vit sur l'embrasure de la fenêtre entrouverte un visage familier qui l'observait. Et qui, subitement, disparut...

    Eliman n'en revenait pas. Il ne savait pas si c'étaient ses sens qui le trompaient, ou si c'était l'éloignement à laquelle il n'était pas habitué qui commençait à jouer sur ses nerfs. Il se leva et courut à la fenêtre. Il regarda dehors: personne. L'air frais du matin lui caressait le visage, et le réveilla un peu plus. Il ouvrit grand la vitre, s'accouda sur le rebord de la chambranle métallique, et s'appliqua à respirer. Il ne devenait quand même pas fou... Il avait la certitude d'avoir vu le visage de son père, l'observant dans son sommeil, mais ces derniers jours, il n'avait plus cette assurance infaillible en ses sens. La lumière dans sa chambre, les sourires des infirmières, l'air et même l'eau qu'il buvait, tout avait un arrière goût métallique qu'il ne s'expliquait pas. Il souhaitait qu'on le libère de cette prison le plus rapidement possible. l'atmosphère calme de l'hopital commençait à lui peser, par comparaison à la petite rue animée où il avait élu domicile.

    Il mit alors tout ceci sur le compte de la désorientation qui l'affectait, et retourna se coucher. A sa montre, il était 6 heures 27, et il n'avait plus sommeil. Il resta longtemps couché, les yeux fixés sur le plafond. Puis brusquement, il s'extirpa du lit et commença à ranger ses bagages. Il ne voyait plus l'intérêt de rester plus longtemps dans cette chambre, il se sentait beaucoup mieux. Comme fou, il s'habilla prestement, se passa de l'eau sur le visage, ramassa ses affaires, puis hésita devant le portefeuille. Agacé, il le prit et sortit.
    Dans le hall d'accueil, il n'y avait pas encore grand-monde. A peine quelques internes matinaux, ou qui avaient passé la nuit auprès de leurs patients. Au moment où il réclama la feuille de sortie, un interne s'approcha de lui.

    - Monsieur, vous ne pouvez pas sortir. Je ne pense pas que vous vous soyez remis de votre accident. S'il vous plait...

    - Non, ça va beaucoup mieux, mentit Eliman. La vérité était qu'il souffrait plus en restant enfermé qu'en marchant.

    - Non, sérieusement, je ne pense pas que...

    - Je vous dis que ça va aller, l'interrompit Eliman, agacé. j'ai juste besoin de rentrer chez moi. Je reviendrais si ça ne va pas...

    Il signa la feuille de sortie, plia la facture et partit sous le regard réprobateur du jeune interne.

    L'air du matin lui faisait du bien. Il ne savait pas où aller, il se contentait de marcher en boîtant légèrement. Sa blessure à la cuisse lui faisait encore un peu mal, mais il n'y prêtait plus attention. Les piétons qu'il croisaient, affairés à des préoccupations qui lui semblaient irréelles, ne donnaient pas l'air d'être assez reconnaissants. Il eut voulu les arrêter par les épaules, les secouer et leur dire toute la chance qu'ils avaient de marcher encore, mais son bonheur de se dégourdir les membres l'emportait. Débonnaire, il leur souriait.

    Il marcha une heure encore, s'arrêtant à quelques kiosques pour regarder les journaux. L'attentat auquel il avait survécu datait maintenant de cinq jours, et sur les unes, sa corrélation éventuelle avec celle de la veille occupait la pleine page. On y parlait de vague terroriste, sans savoir vraiment si ces actes étaient le fait d'un groupe terroriste. La police n'avait encore aucune piste, mais les soupçons s'orientaient -- naturellement, pensa-t-il -- vers une cellule islamiste turque qui avait récemment menacé de mort par pendaison de hauts fonctionnaires.

    Il marcha encore un peu, puis se résolut à rentrer chez lui. il passa au préalable acheter du pain, pas parce qu'il avait faim, mais que cette habitude commençait à s'ancrer dans son quotidien. Le boulanger s'enquit de son état, et voulut nouer la discussion autour des attentats. Eliman, n'étant pas d'humeur à discuter, la raccourcit et rejoignit son appartement.

    Quand il rentra, une impression d'inconfort l'accueillit. Bien qu'il ne se souvenait plus trop de l'agencement des meubles de son salon la dernière fois qu'il l'avait quitté, il eut l'impression que quelque chose y avait été déplacé. Il ne sut dire quoi, ni où, et resta un long moment figé sur le seuil. A la fin, il rentra vérifier dans la cuisine, la salle de bain, puis dans sa chambre. Là, la fenêtre ouverte acheva de lui donner le sentiment qu'il niait depuis tout à l'heure: quelqu'un était entré ici pendant son absence. Il courut à la fenêtre et sortit la tête: le long de la rue bordant l'arrière-cour, un homme habillé de noir courait vers la grand-route.

    En une fraction de minute, il dévala les trois étages qui le séparaient du rez-de-chaussée, sortit par devant et se dirigea vers la route principale. Il n'y vit personne, rien que des piétons désespérant de normalité. Il se dirigea droit vers la boulangerie, sans même avoir repris son souffle.

    - Re-bonjour, monsieur Châlot... Vous n'auriez pas vu un homme qui courait devant votre boulangerie, tout habillé de noir, il y a moins d'une minute?

    - Euh... oui je viens de le voir, il se dirigeait vers les halles. Il avait l'air de fuir quelqu'un, c'était vous qui le poursuiviez?

    - Euh, non... pas tout à fait... haleta-t-il. A quoi il ressemblait?

    - Je ne sais pas trop... Il était noir, avec une petite barbe grise. Je ne l'ai pas vraiment vu en détail. Il vous a volé? Vous voulez que j'appelle la police?

    - Non, ce ne sera pas nécessaire... Je ne pense pas qu'il m'ait volé... Merci quand même, monsieur Châlot!

    Il ressortit dépité de la boulangerie. Il était certain que cet homme qui s'enfuyait de chez lui quelques minutes auparavant n'en était pas à son coup d'essai, vu le nombre de jours pendant lequel il est resté cloué dans son lit d'hôpital. Il se précipita chez lui pour vérifier ce qu'il avait bien pu prendre parmi ses meubles qui, du reste, n'avaient pas beaucoup de valeur.

    Rien. Il n'avait rien pris. Du moins rien qui ne lui vienne immédiatement à l'esprit. Son installation était tellement sobre qu'une pièce qui manquait à la décoration se serait fait remarquer à coup sûr. Pendant qu'il menait son investigation et qu'il questionnait chacune de ses tables et de ses chaises, son téléphone cellulaire sonna.

    - Oui? fit-il en décrochant.

    - Nous n'avons besoin que des affaires du mort. Donnez-les nous, et il ne vous sera pas fait de mal.

    - Qu... quoi? Qui êtes-vous?

    - Dans une heure, au café Tar...

    - Qui êtes-vous, comment avez-vous eu mon numéro?

    - Au café Tartare, sans faute. Nous savons que vous les avez, nous vous suivons depuis votre sortie. Dans une heure.

    Et il raccrocha. Celui qu'Eliman avait identifié comme un homme approchant la trentaine n'avait laissé ni nom, ni raison d'appel valable. Etourdi, Eliman ne savait pas trop quoi penser de ce nouvel incident. Il avait l'impression qu'il ne s'agissait pas d'une erreur, au vu des récents événements. Quand le téléphone sonna une deuxième fois, il mit un peu plus de temps à répondre.

    - Allô?

    - M. Aïdara? C'est Albert Faye à l'appareil... J'ai appris votre départ précipité de l'hôpital tout à l'heure, mais il me semblait qu'on devait se voir ce matin...

    - Euh, oui, désolé, lacha Eliman avec un certain soulagement. On peut se voir tout à l'heure, si vous voulez, continua-t-il, espérant lui faire part des événements qui s'étaient déroulés plus tôt.

    - Il se trouve que je suis déjà devant votre immeuble, j'ai eu l'adresse en regardant votre feuille de soins. Alors si vous y êtes, pourquoi ne pas nous voir tout de suite?

    - Euh... D'accord, je vous ouvre.

    Il trouvait assez intriguant que l'inspecteur ait attendu de se trouver devant sa porte pour l'appeler. Et s'il n'était pas chez lui, comment aurait-il fait? L'avait-il suivi?

    Une fois qu'il fut là, Eliman lui proposa un jus de fruit qu'il accepta.

    - Désolé de débarquer comme ça, mais j'étais certain que vous seriez dirigé directement chez vous. J'espère que vous vous êtes remis? Vos souvenirs vous sont revenus?

    - Oui, merci, je me suis assez bien remis... Pour mes souvenirs, je ne sais pas trop... Je suis assez bousculé, je viens juste d'échapper à une tentative de cambriolage, donc...

    - Un cambriolage? Comment ça? Avez-vous appelé les flics?

    -Non, car je pense qu'il n'a rien pris. Il s'enfuyait, au moment où je rentrais. Je n'ai pas eu le temps de le voir, mais je pense que c'était un homme noir de plus de cinquante ans.

    L'inspecteur parut songeur. Son regard s'était fixait fermement le front d'Eliman, comme si quelque chose y était gravé.

    - De plus, continua Eliman, un homme vient de m'appeler pour que je lui remette des affaires, dont je ne...

    - Vous les avez? l'interrompit l'inspecteur.

    - Euh... quoi? Je ne... je ne pense pas que la question soit là... Ca ne fait même pas quelques minutes que je suis ici, et voilà qu'un homme que je ne connais pas me téléphone pour me demander des affaires dont je n'ai même pas connaissance de la nature... C'est assez absurde, vous ne trouvez pas?

    L'homme réfléchit un moment, puis confia:

    - Je ne sais pas... Il s'est produit tellement d'événements anormaux ces derniers jours... Cet attentat d'il y a six jours, celui de hier, mon frère qui y trouve la mort, des pistes qui ne mènent à rien... Il se peut que votre histoire y soit liée -- ça ne m'étonnerait pas du reste. Qu'est-ce que vous avez en votre possession qui puisse intéresser d'éventuels terroristes?

    D'éventuels terroristes, non, mais lui, c'était certain. Eliman hésita à lui parler du portefeuille de son frère, et de la lettre que ce dernier s'apprêtait en toute vraisemblance à lui envoyer. Après tout, il y était question de meurtre... Mais la confiance que cet homme lui inspirait, ajouté au fait qu'il n'avait pas parlé à grand-monde ces derniers temps, le poussaient à avouer son délit supposé.

    - Euh... J'ai retrouvé un portefeuille... Je ne savais pas à qui il appartenait, je l'ai ramassé par réflexe le jour de l'explosion, ajouta-t-il sur un ton de justification. Je pense qu'il appartenait à votre frère, je l'ai su à la photo qu'il contenait, mentit-il.

    - Ah oui? Qu'est-ce qu'il contenait d'autre? Puis-je le voir?

    - Euh, je ne sais pas trop où je l'ai mis. Je vais aller voir dans ma veste dans la chambre. Un moment, fit-il en se retournant vers sa chambre.

    Il le trouva dans sa poche intérieure, et s'apprêtait à ressortir avec lorsqu'il vit à travers l'entrebaillement de la porte l'inspecteur qui était en train d'armer et de visser un embout silencieux à ce qui ressemblait à un Smith & Wesson. Eliman n'avait jamais vu d'arme à feu de sa vie, et cette vision l'impressionna à tel point qu'il resta cloué sur place, et entama un lent mouvement de recul. Arrivé à la fenêtre, il ne réfléchit que sommairement: il lui fallait fuir.

    Il sortit sans bruit par l'ouverture, s'accrocha à la rembarde externe, sauta sur le vbalcon situé en contrebas et se retrouva en quelques secondes au rez-de-chassée. Il leva la tête, et vit à la fenetre l'inspecteur s'apprêter à le suivre. Il était visiblement énervé. Après une brève hésitation, il rentra la tête, probabement pour emprunter les escaliers.

    Eliman n'eut plus de doutes, cette attitude en disait assez long sur les intentions de l'homme. Il détala jusqu'à la grand-route et traversa la route à toute allure. Quand il fut de l'autre côté de la chaussée, il se fit brutalement accoster par une Xsara blanche, ce qui eut pour effet de le faire rouler sur le trottoir. La portière s'ouvrit, et sans y réfléchir, il s'engouffra dedans. Quand la voiture démarra en trombe, il vit derrière l'inspecteur qui arrivait. Visiblement, il ne savait pas de quel côté il était parti.

    - Merci, fit Eliman, essouflé, en regardant pour la première fois son sauveur. Son père.

    - Pas encore. Tu me remercieras plus tard, fit-il simplement.

    Lyncx a écrit:
    LA CALEBASSE TROUÉE
    (Sixième Partie)

    Eliman était éberlué. Son père. Ici. Comment se faisait-il qu'il ne l'ait pas prévenu de son arrivée? Que faisait-il ici? Comment se faisait-il qu'il fut habillé ainsi, de manière identique à l'homme qui s'enfuyait de chez lui tout à l'heure? Non, se pouvait-il que ce soit lui? ...

    Il ne rêvait donc pas la nuit dernière. C'était bien son visage qu'il avait vu par l'embrasure de sa chambre d'hôpital. Depuis quand le suivait-il? Il avait l'impression, à la mine calme que son père arborait, qu'il était au courant de ses moindres faits et gestes. Le fait qu'il ait été là au bon momemt prouvait qu'il l'épiait depuis plus longtemps qu'il ne le pensait.

    - Papa? fit-il, comme pour résumer toutes les questions qu'il voulait poser.

    Il ne répondit pas. Il se contenta d'ouvrir la boîte à gants, d'en sortir un mouchoir et de le lui tendre.

    - Panse-toi, tu saignes. Je t'expliquerai dès que nous serons arrivés.

    Eliman n'avait en effet pas remarqué qu'il sa peau s'était eraflée à de multiples endroits. Toujours sous le choc, il prit machinalement la serviette, mais ne s'en servit pas. Dans sa tête, une tempête faisait rage.

    ---------------

    - Tu penses que ça s'arrêtera?

    L'homme qui avait parlé était dans le noir, seuls ses souliers étaeint visibles dans dans la mince pénombre. Il s'adressait visiblement à la femme qui était assise en face de lui, sur une caisse en bois grossier, au mileiu de ce qui ressemblait à un préau dont l'entretien avait été négligé. Ca et là des planches trainaient, des morceaux de papiers humides, des copeaux enchevêtrés. L'agencement de la pièce laisssait supposer que des travaux y avaient été interrompus, sans doute par quelque aléa climatique, vu l'état d'humidité qui y régnait. De la mousse commençait à pousser aux interstices des fenêtres condamnées ansi qu'autour des plinthes jaunies, lesquelles abritait vraisemblablement des rats et divers ronguers. Pour seul éclairage, une bougie projetait un mince couloir de lumière, dont la progression entravée par une armoire métallique assez massive posée au pilieu de la pièce.

    - Je ne peux pas te dire. Il a l'air d'être sûr de lui, et je pense qu'il n'y a plus que cette solution, répondit-elle enfin, absorbée dans la manipulation de ce qui ressemblait à un carnet.

    Un silence se fit. L'autre cherchait visiblement ses mots.

    - Mais s'il ne veut plus le faire, à la dernière minute? reprit-il

    - Ca ne nous concerne pas. Tu es là pour l'aider non? fit-elle, passablement exaspérée. Tu as le droit de te retirer, nous te comprendrions de toute façon. Mais si jamais tu le fais, il ne faudra en aucun cas lui dire...

    - Certes, mais il faut quand même être sûr... Je n'ai pas envie de...

    A ce moment, une porte s'ouvrit derrière l'homme qui parlait, et deux hommes entrèrent.

    - Ne t'inquiète pas, Robert, nous rentrerons bien assez tôt. J'ai un invité. Je vous présente mon fils Eliman, fit le père de ce dernier en poussant Eliman vers la lumière.

    L'homme assis se leva, tandis que la femme abandonnait son oeuvre pour se rapprocher.

    - Bonjour, firent-ils à l'unisson.

    - Euh... Salut, fit timidement Eliman en scrutant fixement le visage de l'homme qui était assis. Il esquissa un pas de recul lorsqu'il se décrouvrit entièrement. Il avait l'air effaré.

    - Ne t'inquiète pas, Eliman. Ce n'est pas lui. C'est seulement son frère, le rassura son père.

    - Mais... mais... son frère est mort, je l'ai vu de mes propres yeux! fit Eliman, incrédule.

    L'homme sourit légèrement:

    - Je sais, Herbert a été tué dans la première explosion. Nous sommes trois, en fait. C'est Albert qui vous poursuit, il est inspecteur à la CTTF. Moi je ne suis qu'un simple citoyen. C'est assez difficile à expliquer, mais...

    - Je m'en charge, Robert. Pour le moment, laissez-nous seuls, toi et Assour.

    Stoppé dans son élan, l'homme fit un rictus assez désagréable, ramassa un sac par terre et sortit, suivi de la jeune femme dénommée Assour.

    - Dépêche-toi, Saïd. On n'a pas beaucoup de temps, lança-t-elle avant de sortir.

    Une fois qu'ils furent seuls, Eliman s'assit, encore éberlué de la vision qu'il venait d'avoir. Décidément, ces derniers jours avaient été riches en soubresauts émotionnels. Et il pressentait qu'il n'était pas au bout de ses surprises. Il avait besoin qu'on lui explique tout ceci, pour qu'enfin la logique se rétablisse. Il ne pouvait continuer à subir les événements, sans rien voir venir, se préparant à chaque coin de rue au pire. Il avait bien l'intention de faire parler son père jusqu'au bout, et même s'il ne détenait pas toutes les réponses à ses questions, il espérait en savoir assez pour ne plus être surpris. Au regard déterminé qu'il lui lança, son père sut qu'il ne pouvait plus rester silencieux.

    - Tu te demandes sans doute ce qui m'amène ici, pendant que tu me croyais à l'autre bout de la terre, sans même t'avoir prévenu de mon arrivée. Eh bien la vérité est que je n'avais pas l'intention de prendre contact avec toi, car je ne suis venu que pour vérifier que tout allait bien pour toi...

    Il s'interrompit un moment, rassemblant ses idées.

    - Quand j'ai su que tu étais une des victimes de l'attentat...

    - Comment l'as-tu su? s'agaça Eliman

    - Par Assour. Je l'ai chargé de te surveiller depuis que tu as débarqué ici. Elle était la femme d'Herbert, et nous nous connaissons depuis trois ans. Mais avant de t'expliquer comment nous nous sommes connus, il faut que tu saches que malgré les conditions chaotiques de ton départ, je n'ai jamais cessé de m'inquiéter pour toi. Beaucoup d'enfants versent dans la délinquance, la perfidie et le vice juste parce que leurs attaches familiales ne sont pas assez solides. c'est pour ça que je ne voulais pas te perdre de vue, car je savais que, de ton côté, ton choix de ne plus me parler était irrévocable...

    Eliman restait muré dans le silence. Ce discours de son père lui rappelait celui qu'il avait tenu quand il s'apprêtait, trois ans auparavant, à les abandonner, lui et sa mère. Il ne savait pas ce qui s'était passé entre eux la veille, mais il se souvenait que rentrant de l'école, il les avait trouvés dans le salon, sa mère prostrée sur le canapé, et lui debout devant lui. il se souvenait d'avoir demandé ce qui se passait, et qu'aucun des deux n'avait daigné lui répondre. Le soir, son père l'avait convoqué, et lui avait remis les clés de la maison.

    - Prends soin de ta maman. Je risque de m'absenter assez longtemps... Je veux que tu saches...

    Eliman ne l'entendait plus, car il ne pouvait y croire. Son père, celui qu'il avait pris pour modèle, celui qu'il aimait par éperdument, les abandonnait pour une raison qu'il ignorait jusqu'à maintenant.

    - Pourquoi? lui avait-il simplement demandé.

    - ta maman t'expliquera. Tu comprendras.

    Et il partit. Quelques jours plus tard, sa mère tombait malade, sans qu'il fut possible de prévenir son père, sans qu'il fut possible d'avoir son numéro par aucun de ses frères et soeurs. Il avait peur pour elle, restant des journées entières à son chevet. Il ne dormait plus, ne sortant que lorsqu'elle semblait aller mieux, pour de courts instants, le temps d'aller faire les courses et d'acheter de quoi manger. Sa tante était bien là pour l'aider, mais il refusait obstinément de céder sa place auprès de sa mère. Il lui semblait que sa mère tirait sa force de sa présence. Il ne voulait pas risquer de s'absenter pour la priver de cette énergie dont elle avait tant besoin.

    Et il haïssait son père, certain qu'il était la cause de tout ceci. Il le haïssait autant qu'il l'avait aimé, car son départ risquait de le priver de la personne qu'il aimait le plus.

    Et sa mère se rétablit. Il était fier de lui, car il lui avait semblé que c'était lui qui l'avait guéri, et non les innombrables médecins qui s'étaient succédé à son chevet sans pouvoir faire de diagnostic strict. Depuis lors, il ne voulait plus la quitter, il se promit de toujours veiller sur elle. Il ne voulait plus évoquer le sujet du départ de son père, craignant que ce débat la fasse rechuter. chaque jour, il s'attachait un peu plus à elle, jalousant les moindres intrusions des autres membres de la famille maternelle dans son espace.

    Mais c'était sans compter sur la détermination de sa mère à le pousser à suivre des études à l'étranger. Jamais il ne fut question de son exil entre eux, mais quelques mois avant le Bac, il sentait dans l'attitude de sa mère comme un certain détachement. Sans doute pour prévenir les futures douleurs de la séparation. Elle le convainquit, obstinément, d'aller poursuivre ses études en France. Il avait refusé dans un premier temps, mais il sentait que la frustration qu'elle ressentirait s'il s'entêtait pouvait la blesser profondément, plus profondément que le départ de son père. Et il détestait blesser sa mère, il détestait encore plus toute comparaison à son père.

    Il partit donc. Et voilà que trois mois plus tard, il se retrouvait nez-à-nez avec son père. Ironie de l'histoire, c'était son père qui lui sauvait la vie, alors qu'il avait failli mettre fin à celle de sa mère.

    Il regarda fixement son père, puis lui lança:

    - Sais-tu que maman a failli mourir quand t'es parti?

    Son père baissa la tête, puis supporta son regard:

    - Je le savais, mais je ne pouvais me permettre de revenir.

    - Et pourquoi ne pouvais-tu plus revenir? Quelle est cette raison qui t'a tenu éloigné pendant que maman frôlait la mort? Quelle explication as-tu à servir à un fils que tu as laissé se débrouiller seul, alors que rien ne l'y préparait, sans même s'enquérir de ses difficultés scolaires, familiales et j'en passe? Qu'as-tu à me dire, cher père?

    - Je ne pouvais pas revenir, pour la simple raison que ma présence vous aurait condamné tous les deux...

    Lyncx a écrit:
    LA CALEBASSE TROUÉE
    (Septième partie)

    Saïd s'assit à son tour, respira assez profondément, puis reprit:

    - Le jour de ta naissance était un des plus beaux de ma vie, ainsi que celle de ta maman. On t'attendait depuis tellement longtemps... On désespérait tous les deux de pouvoir jamais ressentir le bonheur de la procréation, tous les traitements avaient été expérimentés en vain. Pendant des années, ta maman et moi avons recouru aux plus éminents experts d'Europe, sans succès. Année après année, l'espoir d'enfanter s'amenuisait. Nous avons alors décidé de faire une ultime tentative.

    Aux pieds de Saïd, un cafard s'était soudain arrêté dans sa course, comme pour écouter ce qu'il allait dire. ce dernier l'écrasa machinalement, puis continua:

    "Aw, mon meilleur ami -- ton professeur de français du reste -- nous avait parlé d'un guérisseur qui pouvait nous aider. Il habitait dans la région de Diobass, à côté du village où je suis né. Il nous l'a recommandé assez vivement, nous assurant que nous ne pouvions, de toute façon, avoir que des bonnes surprises. Nous avons alors décidé d'y aller.

    " Une fois là-bas, tout se passa assez rapidement. Il consulta ta maman pendant une demie-heure, pendant laquelle je sus plus tard qu'elle était à demi-consciente. J'étais assis en face de lui durant tous les événements, mais il s'était recouvert d'un épais drap noir qui m'empêchait de voir ses moindres mouvements. Je ne savais même pas s'il était là physiquement. Au bous de trente minutes, il se releva, et nous suggéra d'aller procréer en nous remettant un petit coffret hermétique. Seulement, il nous avait donné deux conditions pour que ma descendance puisse survivre. La première était de ne jamais ouvrir le coffret pour savoir ce qu'il y avait dedans, mais de toujours le garder intact. La deuxième... La deuxième était de quitter quitter ma descendance, aussi nombreuse soit-elle, ainsi que ta maman, avant que que mon premier enfant n'aie atteint l'âge de 16 ans.

    " Et c'est pour ça que je suis parti. Crois-moi, j'étais prêt à tout pour avoir un enfant, mais au moment de vous quitter, j'aurais mille fois préféré être mort. La mort aurait été beaucoup moins douloureuse, mais je ne pouvais risquer ta vie.

    " Je suis donc parti, mais je continuai à garder un oeil sur toi. Chaque jour, ta tante me disait comment tu veillais sur ta maman, comment tu tenais la maison, de quelle façon tu devenais l'homme que j'ai toujours voulu que tu sois. Je t'ai suivi jusqu'à ton bac, et même après que tu sois venu ici.

    - Et qu'est devenu le guérisseur? pourquoi tu n'es pas allé le voir pour lui demander comment lever ce sceau qui t'obligeait à te tenir loin de moi?

    Son père le regarda avec attention, comme s'il la réponse à cette question était évidente.

    - Plus tard, une semaine après que tu sois né, j'ai appris que ce guérisseur était mort dans d'étranges circonstances, après avoir perdu tous ses pouvoirs. cette soudaineté me choqua, et j'avoue que je m'en suis inquiété un moment. Puis, de toute façon, la vie ayant repris son cours normal, je ne m'en suis pas préoccupé plus que cela. Pour le coffret qu'il m'a donné, je l'ai envoyé à la banque Bassar, ici à paris, et je l'ai scellé dans un des coffres que j'y ai acheté. J'espérais ainsi le mettre définitivement à l'abri.

    " Pour revenir à toi et à tes études, j'avais noué le contact avec Assour, qui était une jeune étudiante turque venue s'installer en France. J'avais des relations dans l'université dans laquelle elle suivait ses études, et c'est lorsque je suis parti là-bas pour préparer le terrain à ta venue que je l'ai rencontré, elle ainsi que ces trois jumeaux. Nous avons sympathisé, et j'ai su qu'elle pourrait être une bonne source d'informations pour moi, d'autant plus que je l'avais plus ou moins aidée. C'est comme cela que nous avons entretenu la correspondance.

    " Assour était une étudiante brillante, et je la voyais comme une fille que je n'aurais jamais eue. Son ménage avec Herbert avait l'air de bien se passer, elle lui avait déjà donné deux enfants en deux ans. Jusqu'au jour où elle m'appela, haletante, pour me dire que la mère adoptive des trois jumeaux, Rebecca, était morte par une intoxication chimique chez elle...

    " Albert était très différent des deux autres. il était le plus intelligent des trois, mais avait un goût prononcé pour la violence. Il avait la manie de se débarasser de tout obstacle qui lui barrait la route. C'est l'une des raisons pour lesquelles il a gravi si vite les échelons, mais je me doutais que les actes qu'il avait dû commettre pour en arriver là ne pouvait pas se limiter à sa seule perspicacité. Quoiqu'il en soit, Assour pensait qu'Albert n'y était pas étranger, car il avait déjà menacé Rebecca de représailles si elle persistait à ne pas lui dire le moyen de retrouver quelque chose, à laquelle il semblait donner beaucoup d'importance.

    " Et lorsque j'ai appris qu'Herbert aussi avait été tué, je n'ai plus hésité, j'ai débarqué ici, ayant eu peur qu'il ne s'en prenne aussi à Assour. Je voulais savoir ce qu'il recherchait, mais aussi savoir si vraiment c'était lui qui était derrière ces deux crimes.

    " Et désormais, le voilà à nos trousses, pour je ne sais quel but. Assour m'a affirmé qu'Albert était certain qu'elle ou Herbert détenait quelque chose qu'ils s'évertuaient à lui cacher, mais dont elle ne saisissait pas la nature exacte. Herbert lui avait suggéré d'oublier les incessants appels délirants d'Albert, mais elle continuait à s'inquiéter jusqu'au jour où son mari mourut.

    " Voilà. Je suis désolé de t'avoir mêlé à cette histoire. Le fait que je t'épiais chez toi et à l'hopital n'était que pour m'assurer que tu allais bien, et que ni Assour, ni Albert ne s'étaient encore présenté à toi. Lorsque j'ai appris qu'il était passé te poser des questions, je me suis précipité chez toi pour voir s'il n'y était pas déjà allé, savait-on jamais. J'avais tellement peur que tu aies en ta possession un quelconque objet pouvant lui appartenir, tellement peur que tu subisse ses représailles, que je ne savais plus ce que je faisais...

    A ce moment, Assour entra en trombe:

    - Saïd, il est là! Il faut qu'on y aille, vite!

    - Comment il a fait pour nous trouver? demanda Eliman à son père.

    - Je ne sais pas... Il me connait, il connait Assour... fit-il en agrippant le bras de son fils. Ça n'a pas dû être trop difficile pour lui...

    Il sortirent de leur abri en courant, Et Eliman put remarquer l'état de délabrement dans lequel se trouvait l'endroit. Bien qu'ils soient entrés, son père et lui, par la partie avant du batiment, il ne pouvait pas imaginer que ce batiment était autant en ruines que ce qu'il n'y paraissait au dehors. Il enjamba quelques planches, dépassa des machines poussiéreuses, des fioles et des centrifugeuses, et suivit les autres à l'air libre. Au loin, sur le chemin qu'il avaien emprunté tantôt, une autre voiture arrivait. Visiblement, c'était Albert. Il sortit de la voiture, les visa et tira.

    Il continuèrent de courir jusqu'à la voiture, puis s'engouffrèrent dedans. Assour démarra en trombe, mais Albert les suivit.

    - Mais pourquoi nous tire-t-il dessus, pourquoi? Qu'est-ce-qu'on lui a fait? s'énerva-t-elle. Appelez la police, vite!

    - Personne n'est blessé? fit Saïd. Je n'ai pas mon portable, je l'ai laissé dans la fabrique...

    - Non, je ne suis pas blessé, fit Eliman, encore haletant, en se tournant vers son père. Ce dernier par contre, saignait assez fortement du bras. Papa! tu saignes! fit Eliman, paniqué.

    Robert s'approcha de la blessure, l'examina un instant, puis suggéra:

    - Assour, je te conseille de vite semer ce dingue, ou cette poursuite risque de lui couter la vie. Tiens-bon, Saïd, on va t'emmener à l'hôpital. Je vais te faire un garrot.

    Cependant, avec les secousses, il était impossible de stabiliser Saïd pour un éventuel garrotage du bras. Après avoir roulé une bonne quinzaine de minutes sans pouvoir le semer sur l'A15, ils traversèrent la zone des docks pour s'engouffrer en trombe dans le 17ème arrondissement parisien. Les routes étaient étroites, et ils ne pouvaient plus rouler à leur aise. Pendant qu'ils s'engageaient dans le boulevard Victor Hugo pour rejoindre les rues bondées du centre-ville, Assour suggéra de continuer à pied. Saïd, proche de la syncope, perdait de plus en plus de sang, et Assour pensait qu'ils ne pouvaient pas prendre le risque de continuer en voiture.

    - Arrêtes-toi près de l'hôpital Bretonneau, il y a un coin sombre près du parking du musée des Vents du Sud. Et continuez à pied, Assour. Amène Eliman et Robert, et met-les en sécurité. Robert saura t'ouvrir la bouche. Je vais aller à l'hôpital, et je vous rejoindrai... Je crois qu'il nous a perdu de vue, avec toute cette circulation...

    - Mais... comment veux-tu qu'on te laisse seul? Tu peux à peine ouvrir les yeux! s'énerva Eliman.

    - Ce n'est pas discutable. Assour t'expliquera, mais il est urgent que vous la suiviez. On se reverra, ne t'inquiète pas.

    Eliman ne savait plus quoi penser. Il était certain, trois ans auparavant, de n'avoir plus eu envie de le revoir. Cependant, l'idée de le laisser seul, presque mourant, lui donnait l'impression qu'il commettait la même traitrise que lui dans le passé. Mais il était trop épuisé pour réfléchir, et sa cuisse recommençait à le lancer. Assour arrêta la voiture, l'agrippa avant qu'il n'ait eu le temps de protester, et il s'éloignèrent en direction de Montmartre. Eliman regarda derrière: son père s'extirpait péniblement de la voiture pour se diriger vers l'hôpital.

    Il marchèrent jusqu'à une bouche d'égout, situé dans une petite ruelle jouxtant le Cimetière de Montmartre. Robert marchait en tête, il connaissait visiblement les lieux. Il prit deux clés qu'il avait dans sa veste, ouvrit la plaque, et après un bref regard autour d'eux, il s'y engouffra. Eliman le suivit, et Assour les suivit puis referma la plaque métallique derrière eux.

    Les lieux étaient sombres. Eliman manqua à deux reprises de marcher sur les doigts de Robert, et tatonnai sans cesse pour chercher un des échelons disparates qui le menaient en bas. Dès qu'il toucha le sol, il chercha dans sa veste son téléphone cellulaire pour éclairer la scène. Il n'en eut pas le temps. Assour l'agrippa par le manche, et le mena derechef, comme si elle connaissait ce chemin par coeur. Les trois silhouettes avançaient le long du mince canal d'eaux usées, qui, au goût d'Eliman, ne sentaient pas aussi fort qu'il l'avait imaginé. L'écho de leurs talons résonnaient contre la paroi pierreuse, pleine de cavités qu'on imaginait peuplées par des êtres grouillants et pas très hospitaliers. Il bifurquèrent deux fois à droite, puis s'engagèrent dans un étroit tunnel qui ne devait pas être conçu pour les hommes. Eliman se courba du mieux qu'il pu, mais sa tête heurta à plusieurs reprises la paroi qui était devenu plus émoussée, moins rigide.

    Il progressèrent pendant une vingtaine de mètres, puis Assour s'arrêta.

    - Tu peux ouvrir, Robert? Tu as la clé?

    - Attends, je cherche... Essaie celle-là, dit-il en lui tendant un petit embout métallique.

    Assour l'introduit dans une fente à peine perceptible, et aussitôt, une petite porte s'ouvrit juste à côté d'Eliman. On pouvait apercevoir par l'ouverture une pièce assez mal éclairée, avec un sac de couchége posé au milieu.

    - Où sommes-nous? questionna Eliman.

    En guise de réponse, Assour le poussa dans l'ouverture. Eliman entra, et les deux autres le suivirent.

    - Qu'est-ce qu'on fait ici? réitéra Eliman. Vous allez enfin vous résoudre à me dire où nous sommes?

    Assour le regarda d'un air assez agacé, puis sortit un plan de construction d'une cavité située sur le coin supérieur de la chambranle.

    - Nous attendons Saïd, fit-elle, laconique, sans même lever le regard vers lui.

    Eliman la considéra un instant, regarda Robert comme pour lui demander un supplément d'information. Celui-ci était déjà à l'autre bout de la pièce, en train d'épousseter une table branlante à trois pieds.

    Eliman était quelque peu décontenancé. Avoir échappé à une tentative de meurtre, avoir rencontré son père et ses acolytes, et maintenant rester cloîtré ici pendant que son père se mourait à quelques centaines de mètres, sans même savoir à quoi s'en tenir... tout ceci commençait à lui tirer sur les nerfs. Il s'énerva:

    - Mais pourquoi on se cache ici? Pourquoi on ne peut pas aller simplement à la police et lui dire? Après tout, nous sommes les victimes dans toute cette histoire... Pourquoi ne me regardez-vous pas quand je vous parle? cria-t-il en direction d'Assour.

    Lorsqu'Assour se résigna à lui adresser un regard après un long moment de silence assez pénible, Eliman se sentit vide, ridicule, comme si ses questions n'avaient pas de raison d'être. Il soutint quand même son regard.

    - Bon, je pense qu'il faut qu'on te mette au courant. Pour résumer, je ne sais pas comment Albert s'est débrouillé ni comment il a su pour ton père, mais il a réussi à me coller les deux attentats précédents sur le dos. je suis actuellement considérée comme une fugitive. Ton père a certainement été intentionnellement impliqué aussi. Nous avons certes essayé d'appeler la police, mais le temps qu'ils nous arrêtent et qu'ils mènent leur enquête, il sera déjà trop tard...

    - Trop tard pour quoi?

    - Pour arrêter les agissements d'Albert. Il veut son satané graal, et je sens qu'il est sur le point de l'avoir... Si jamais il met la main dessus, notre calvaire actuel sera une rigolade à côté de ce qu'il nous fera subir, ton père a certainement dû te le dire...

    - Mon père m'a seulement dit qu'il recherchait un objet dont vous n'êtes même pas sûrs de l'existence, et qu'il pense -- et que vous pensez aussi -- qu'il a tué sa mère adoptive pour l'avoir... Qu'est-ce qu'il a de si important, cet-objet-que-personne-n'a-jamais-vu?

    Assour se tut, ayant eu l'impression d'avoir outrepassé une certaine limite. Elle hésita, puis résolument:

    - Tu l'aurais su de toute façon, justifia-t-elle. Le récipient qu'il cherche est l'un des trois objets que gardaient Rebecca, Herbert et Albert. Ces sortes de reliques auraient, d'après ce qu'Albert a dit à Robert quand il a essayé de le convaincre de l'aider à les trouver, le pouvoir de faire mourir les trois âmes qui y étaient attachées pour les faire renaître en une seule et même personne. Cette dernière serait destinée à ramener sur le monde le chaos et la désolation des temps premiers. C'est, d'après lui, de la magie noire très avancée, et tiendrait de leurs origines floues et de leurs parents inconnus. D'après lui, les trois reliques devraient impérativement être gardées intactes jusqu'à leur vingt cinquième anniversaire. Si par malheur les trois venaient à être détruites avant leur 25ème année, ils mourraient -- du moins, leur enveloppe corporelle, et donneraient vie à un être dont je n'ai même pas envie d'imaginer l'existence. Par contre, si l'une des reliques était détruite pendant que l'un des trois jumeaux s'en servait contre un de ses frères, l'âme qui y était attachée périssait irrémédiablement, mais continuait à vivre dans le corps d'un des frères, le rendant plus cupide et plus cruel.

    Ces paroles rappelaient vaguement quelque chose à Eliman. Les paroles de son père plus tôt sonnaient étrangement, et il avait le subit sentiment d'avoir déjà entendu les mots d'Assour.

    - Et tu y crois, à ces sornettes? lui lança Eliman, comme pour balayer ses propres doutes.

    - Je n'y croyais pas, avant que Rebecca ne meure, suivi d'Herbert. Un jour que j'étais allé la voir, je l'ai trouvée affalée dans son lit, visiblement empoisonnée. J'ai su qu'Albert y était passé: des traces de lutte des traces de ses semelles neuves y étaient partout visibles. Une semaine après, Herbert mourait. J'ai immédiatement appelé Albert, dès que j'ai su qu'il y avait un attentat. Il m'a affirmé, avec une voix que je ne lui reconnaissait pas, que mon mari était mort, mais que tout ceci était nécessaire. J'ai su aussi, quand Robert, transi de peur, est venu me voir, qu'il cherchait à tout prix à récupérer les deux objets restants, et à s'en servir, car leur vingt cinquième anniversaire est demain. C'est pour ça que Robert est venu nous aider à retrouver celui qui lui est attaché, afin qu'Albert ne le retrouve pas avant lui.

    Eliman resta songeur. Se pourrait-il...? Non, il ne pouvait y croire.

    - A quoi peut ressembler une de ces reliques? demanda Eliman avec une voix songeuse, comme s'il venait de se rappeler quelque chose.

    - Je ne sais pas trop, intervint Robert. Mais il doit être de forme concave, comme un récipient ou une louche, vu que l'acte de s'en servir ne peut être réalisé qu'en buvant l'eau qu'il contient...

    Eliman bondit.

    - Juste avant qu'Albert me rende visite, un homme m'a appelé pour me demander de lui remettre un certain ce que le mort m'a donné. Je n'avais jamais entendu cet homme, mais je sentais qu'il me connaissais. Il réclamait les "affaires du mort"... je me demande si en fin de compte ce n'était pas lui qui essayait de me faire peur, de sorte que je lui remette... Non, c'est pas possible, ce n'était pas sa voix!

    - C'était certainement Albert. Moi non plus je ne reconnaissait pas sa voix la dernière fois que je l'ai appelé. Qu'est-ce-qu'il voulait dire par les affaires du mort?

    - Sans doute le portefeuille de son frère, que j'ai ramassé juste avant l'explosion, dit Eliman en sortant le portefeuille dont il ne s'était pas défait depuis deux jours. J'ai vérifié dedans, il n'y a pas grand-chose, dit-il en le donnant à Robert qui était le plus près.

    Les deux amis explorèrent chaque recoin du portefeuille, mais n'y trouvèrent autre chose que ce qu'Eliman avait déjà mis à jour: la clé, le sparadrap et la carte de visite, ainsi que la lettre qui était désormais superflue. Pendant qu'Assour s'émouvait encore devant la photo, Robert scrutait attentivement le bout de sparadrap. Après un moment de réflexion, il le tendit à Assour.

    - Tu devrais lire ceci.

    - Comment est-ce possible, fit-elle après une minute d'attention. Se pourrait-il qu'il l'ait alors déplacé? poussa-t-elle, en se lançant vers un coin de la pièce pour en extraire un coffret en fer forgé.

    Eliman se rapprocha de Robert, prit le sparadrap et y lut: "Réserve MVS, les voisins du dessus".

    - Que signifie ceci? demanda-t-il.

    - Je ne suis pas sûr, mais je pense qu'Herbert se doutait que son frère était à la recherche du troisième récipient... fit Assour, en constatant que le coffret était vide.

    - Le troisième? Vous n'en avez mentionné qu'un!

    - Le premier est en la possession d'Albert, et le deuxième était celui d'Herbert que Rebecca gardait. Albert a réussi à récupérer le sien après avoir cambriolé la banque Bassar.

    Bassar... Bassar... ce mot sonna comme un tonnerre dans la tête d'Eliman.

    - B... Bassar? balbutia-t-il.
    Lyncx
    Lyncx
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 8887
    Age : 33
    Date de naissance : 01/01/1991
    Profession : Raay sama sikkim
    Points : 12027

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Lyncx 2010-01-30, 14:19

    Lyncx a écrit:
    LA CALEBASSE TROUÉE
    (Epilogue)

    - Euh... Oui. Qu'est-ce-qui se passe? s'enquit Assour.

    Eliman resta les yeux écarquillés un moment. Il se rappelait des explications de son père, et du nom de la banque dans laquelle il avait envoyé son coffret. Incrédule, il réfléchissait à ce qui pouvait bien avoir causé cette coïncidence. Il regarda Assour un instant, puis scruta Robert.

    - Que me cache mon père? lui demanda-t-il.

    Robert parut décontenancé.

    - Ce matin, il m'a raconté une histoire similaire, mais dans ce cas là, c'était à moi que cette relique était liée. Il m'avait assuré l'avoir placé dans un coffre-fort à la banque Bassar... Que me cachez-vous tous?

    Robert était de plus en plus mal à l'aise, tandis qu'Assour baissait inexorablement les yeux. Après une confrontation interminable, pendant laquelle chacun semblait guetter un mot de la part des autres, Assour trancha dans un murmure:

    - Ces jumeaux sont les fils de ton père.

    - Qu... quoi? s'écria Eliman, éberlué. Que me racontes-tu?

    - En fait, je crois que ton père t'as raconté ça pour que tu ne te sentes pas concerné. En réalité, le guérisseur qui avait soigné ta maman lui avait donné trois coffrets à garder intacts jusqu'à leurs vingt cinq ans. Le jour de la naissance des triplés, tout ne se passa pas comme prévu. En effet, les enfants étaient tout blancs, les cheveux blonds, comme s'ils étaient issus de parents albinos ou blancs. Pendant deux jours, tes parents veillèrent la peur a ventre, car ces enfants leur rappelait plus le diable que des fils normaux. Au bout du deuxième jour, tes parents décidèrent de s'en séparer. Ils emmenèrent les bébés à Joal, et les déposèrent au pied d'une église avec les deux des trois coffrets. Ils prirent soin de noter soigneusement les instructions d'usage des coffrets sur un bout de papier, prétextant que sous aucun prétexte, ils ne devaient les détruire car ils contenaient le testament des parents. A cet instant, ils avaient tellement peur que la mort de ces enfants leur importait peu. Ils gardèrent néanmoins un des coffrets, pour préserver la vie d'un des triplés. Fort heureusement, les trois survécurent, mais...

    - Mais j'ai échoué à les protéger tous les trois, dit Saïd qui se tenait sur le seuil de la porte, le bras en bandoulière. Il était entré sans faire de bruit.

    - On ne t'attendait plus! fit Robert en accourant le soutenir.

    - Merci, dit-il.

    Il regarda ses deux fils un moment, comme pour s'assurer que son absence n'avait pas réussi à creuser u fossé entre eux deux. Conscient du choc terrible que vivait en ce moment Eliman il tint à le rassurer:

    - Je suis désolé, Eliman. Je ne t'ai menti tout à l'heure que parce que je savais que tu risquais, ton grand coeur aidant, de ressentir de la solidarité envers Albert, et de te livrer à lui. Mais je n'ai rien omis, à part le fait que ces triplés sont tes frères. Mais il faut que tu saches que l'homme qui nous poursuit est le pire que j'aie jamais vu de ma vie, et il est prêt à tout pour avoir ce qu'il cherche...

    Il s'assit à même le sol, adossé au mur, et reprit:

    - Nous étions si fiers de toi, ta maman et moi... Un an après que nous ayons déposé les triplés à Joal, ta maman était de nouveau enceinte. Nous avions peur que l'enfant qu'elle allait mettre au monde ressemblât aux jumeaux, mais il n'en fut rien. Tu naquis sans aucune tare, sans que le sceau du guérisseur soit inscrit sur toi. Bien sûr, nous avions toujours en tête notre acte lâche envers ces trois enfants innocents, mais nous nous disions que nous allions nous racheter avec toi. Je suivais de loin leur croissance, car je connaissais une soeur à Joal, et j'ai appris plus tard qu'ils avaient été adoptés par un couple franco-sénégalais qui était de passage. Je ne me suis pas désintéressé d'eux pour autant, et je continuai de m'informer sur eux. Ainsi, leurs parents adoptifs croyaient toujours que les coffrets recélaient l'identité des parents véritables, ainsi que leurs volonté testamentaires. C'était sans compter l'opiniâtreté d'Albert, qui, à 23 ans, après avoir cambriolé Bassar et découvert comment ce que son coffret contenait, était animé d'une ferme volonté d'ouvrir les autres. Il avait réussi à convaincre Robert de l'aider à ouvrir les autres, mais il ne faisait pas de doute qu'il savait désormais comment se servir de ces reliques. Robert, très débrouillard mais aussi très naïf, lui a révélé où sa mère cachait le coffret d'Herbert, et c'est malheureusement ce qui a causé sa mort... Nous avons de bonnes raisons de croire qu'Herbert avait caché celui de Robert ici, dans cette planque qu'a aménagé Assour, et nous sommes ici pour empêcher Albert de le retrouver. j'ai aussi de bonne raisons de croire que le récipient doit être détruit, plutôt que gardé à l'abri.

    - Quoi? s'exclama Robert. tu es fou? Tu sais ce que cela signifierait pour moi?

    - C'est ce qu'Albert veut que tu pense, ou qui que ce soit qui commande ses actes. Lorsque tu étais en terminale, Eliman, je m'étais renseigné auprès de ton prof de français, qui était très au fait des pratiques magiques sérères. Il m'a dit que les grands saltigués utilisaient quelquefois ce genre de sortilège pour s'assurer une réincarnation différée. Ils transmettaient, en quelque sorte, leur enveloppe corporelle dans le ventre d'une de leurs patientes, et lui remettaient un objet qui, lié au sang du rejeton, réactiverait le processus vital. Cependant, il y avait quelquefois des ratés, et la couleur de peau des triplés en fut une preuve. C'est pour que je pense que, plutôt que de les garder, nous devrions les détruire...

    - Il y a un léger souci, fit Assour. il semble qu'Herbert ait déplacé la relique liée à Robert, fit-elle en lui montrant le morceau de sparadrap posé sur la table.

    - Que peut bien signifier MVS? Qui étaient vos voisins du dessus?

    - Je ne sais pas, fit Assour désespérément. Nous les croisions de temps à autre, mais je ne pense pas qu'Herbert les connaissait asse pour leur confier un objet de cette importance...

    - Nous n'avons pas le choix, fit Saïd. Il faut qu'on aille leur demander. Assour, suis-moi. Robert, reste ici avec Elim...

    - Je pense que tu te trompes, papa, fit Eliman en reprenant le morceau de sparadrap.

    - Comment ça?

    - Je pense qu'Herbert avait tout prévu. Sur sa carte, il a noté le numéro du box dans lequel il a enfermé le récipient. En outre, par "voisins du dessus", Herbert voulait parler du bâtiment qui se situe ici, juste au dessus de nos têtes. MVS signifierait alors logiquement...

    - Le Musée des Vents du Sud! s'écrièrent-ils en choeur.

    - Mais comment on s'y rend? D'après Assour, on ne peut faire deux pas dans la rue sans qu'on ne nous arrête... fit Eliman.

    - Ne t'inquiètes pas pour ça. Je connais cette ville comme ma poche, dit Robert en esquissant un petit sourire. Ces égouts sont indirectement reliés au réseau de chauffage mural du musée, dont une grande partie des canaux passe par le sol. Il ne devrait pas poser grand-problème de rentrer dans la réserve, à condition de passer en-dessous du cimetière.. Le musée dispose aussi d'un système d'étiquetage des oeuvres dans la réserve, par numéro de département d'appartenance. Il est donc évident que le box 969 n'existe pas, ou a tété créé de toutes pièces, car les département étrangers à la France comportent le numéro 99.

    - Qu'est-ce que nous attendons pour y aller? s'écria Saïd.

    Ils s'engagèrent alors dans ce qui ressemblait plus à un exercice de formation militaire qu'à une balade à travers les égouts. Ils rampaient la plupart du temps, manquèrent de se faire écraser par le métro en débouchant accidentellement sur le tunnel souterrain, se cognèrent à des ossement humains aux alentours du cimetière, furent échaudés par les canalisations fumantes du chauffage du musée... Au détour d'un couloir, Eliman se taillada le majeur sur une barre de fer rouillée qu'il n'avait pas eu le temps d'éviter dans ses tatonnements. Il aspira le sang qui coulait par petites gouttes, puis continua.

    A demi-ébouillantés, ils arrivèrent tant bien que mal au troisième sous-sol du musée, et entreprirent de trouver l'accès la réserve.

    Après avoir manqué être découverts par des hommes en combinaison blanche maculé de tâches de peinture, ils s'engouffrèrent dans la porte dérobée restée béante. Ils étaient dans la réserve, ou plutôt un immense hangar rempli de caisses en bois grossier, et dont les murs, sur toute leur étendue, comportaient des tiroirs assez fins.

    Il cherchèrent en vain la côte 969, mais ne la trouvèrent pas. Ils firent le tour de toutes les caisses posées par terre, sans résultat. Ils commençaient à se demander s'ils étaient bien au bon endroit, lorsqu'Eliman se précipita vers les compartiments des cotes 60-70.

    - Il n'a pas écrit 969, mais 696, fit-il en passant en revue les cotes.

    Tout le monde se dirigea vers lui, au moment où il tournait la clé dans la serrure d'un des compartiments, et mettait la main sur une petite boite circulaire, salie, qui semblait protéger un objet métallique.

    - C'est le récipient? fit Robert, visiblement excité.

    - Oui, c'est bien ce que je cherchais, fit une voix derrière eux. Remettez-le moi, et je vous laisserai partir, fit Albert.

    - Comment... comment tu... Tu nous as suivi?

    - Non, je n'en ai pas eu besoin. J'avais placé un émetteur sur Saïd, fit-il en s'avançant, et en souriant de manière assez démente. lorsque vous l'avez laissé derrière vous, je me suis douté que vous prépariez quelque chose. J'ai suivi Saïd, et j'ai ordonné à un de mes subordonnés de placer un traceur GPS auditif sur lui. A chacun de vos mots, je savais plus précisément ce que vous projetiez de faire. Et je n'ai eu qu'à venir vous attendre ici, vu que c'est vous qui aviez la clé. Maintenant, Saïd, dis à ton fils de me donner ce récipient, sinon je lui colle une balle dans la poitrine. Tu sais que je ne rigole pas. Le vieux sorcier t'as bien dit que le mal qui pouvait sommeiller en moi n'aurait d'égal que l'atrocité de tes actes envers moi, non? Et tu ne peux pas risquer de perdre le seul enfant "normal" que tu aies, hein Saïd? Allez, qu'il me le donne!

    Saïd baissa la tête, mais la releva aussitôt:

    - Comment es-tu au courant de ce que ce sorcier m'as dit, ce jour-là? Il est mort non?

    Albert tapota sa tête avec son index resté libre:

    - Il n'est pas aussi mort que ça, père. Il est ici, dans ma tête, et c'est lui qui m'a fait comprendre beaucoup de choses à travers mes rêves. Il est là, et il a toujours été là, au fond de moi, et il n'attend que cette troisième relique pour renaître. Allez, ne perdons pas de temps!

    - Eliman, donne-le lui. Désolé, Robert fit Saïd d'un ton contrit.

    Robert ne bougeait pas. Il savait sa fin proche, et ne pouvait rien faire pour la retarder. Il s'assit, et, résigné, attendit qu'Albert se servit du récipient.

    Aussitôt que le récipient fut entre ses mains, Albert psalmodia une litanie:

    - Toi, celui du haut, qui prend et qui redonne, et qui ne peut redonner ce qu'il n'a pas pris, ou ce qui lui est caché, agrée donc que je reprenne ce que j'ai caché à ta faux!

    Et il engloutit le liquide qui se trouvait comme par miracle à l'intérieur. Après l'avoir vidé, il jeta le récipient par terre, et commença à sourire en direction de Robert.

    - Désolé, frérot, mais ça devait se passer ainsi. Ne t'inquiète pas, tu vas bientôt mourir, mais tu vas continuer à vivre en moi. Ce qui ne sera pas le cas de tes amis pré...

    Il s'interrompit au milieu de sa phrase et écarquilla les yeux. Pendant un instant, ils crurent qu'il avait vu quelque chose d'anormal. Mais lorsqu'il commença à être pris de convulsions, ils surent que quelque chose avait mal tourné. Albert s'écroula et lâcha son arme. il continua à se convulser sur le sol en criant:

    - Le sang du fils, son sang, son sang...

    - Qu'est-ce qui se passe? interrogea Assour.

    Eliman sourit.

    - Avant de lui donner le récipient, je me suis assuré qu'un peu de mon sang en macule le fond. Je me suis blessé tout-à-l'heure, et du sang coulait de mon doigt. Dégoûté de le laisser s'en tirer à bon compte, j'ai cru bon de souiller un peu sa mixture. Je ne savais pas trop ce que ça allait donner, mais ça marche apparemment...

    Sur le sol poussiéreux, un phénomène étrange se produisait. Albert, qui était tout à l'heure blond, rapetissait seconde après seconde, sa peau noircissant à vue d'oeil. Sa peau se ridait subitement, comme sous l'effet d'une action constrictrice. Au bout d'une minute de souffrances apparentes, les convulsions s'arrêtèrent. Ils s'approchèrent du corps rabougri qui jonchait le sol, et Saïd posa la main sur son cou.

    - Je pense qu'il est mort. Vous avez devant vous le guérisseur devant lequel, il y a vingt six ans, je me tenais pour demander un miracle.

    Peu à peu, sous leurs yeux, le corps se décomposait en un tas de poussière. Des pans entiers du corps étendu tombaient en poudre. Il eut été difficile de croire que cinq minutes auparavant, Albert se tenait devant eux.

    - Venez, on va se rendre à la police, suggéra Saïd, en prenant soin de remettre le récipient dans sa boite. Ce récipient ne sert plus, et je pense qu'Herbert aurait voulu qu'il reste dans ce musée. venez, nous n'avons plus rien à faire ici.

    Ils sortirent prudemment, contournant avec soin le tas de poussière à leurs pieds. Dehors, la nuit était tombée, et un vent frais soufflait du cimetière.

    - Et je suppose que tu vas encore t'en aller, comme t'en as l'habitude? adressa Eliman à l'endroit de son père.

    Il se retourna, puis lui sourit:

    -Où veux-tu que j'aille désormais?
    Lyncx
    Lyncx
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 8887
    Age : 33
    Date de naissance : 01/01/1991
    Profession : Raay sama sikkim
    Points : 12027

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Lyncx 2010-01-30, 14:20

    Et voilà... Ehey Bonne lecture, et surtout n'hésitez pas... Vous pouvez vous lâcher!


    Dernière édition par Lyncx le 2010-01-30, 14:21, édité 1 fois
    Rubi
    Rubi
    SAGE
    SAGE


    Messages : 8222
    Age : 38
    Date de naissance : 20/09/1985
    Profession : Sathie
    Points : 20502

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Rubi 2010-01-30, 14:20

    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
    Lyncx
    Lyncx
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 8887
    Age : 33
    Date de naissance : 01/01/1991
    Profession : Raay sama sikkim
    Points : 12027

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Lyncx 2010-01-30, 14:21

    Lou xeww?
    Rubi
    Rubi
    SAGE
    SAGE


    Messages : 8222
    Age : 38
    Date de naissance : 20/09/1985
    Profession : Sathie
    Points : 20502

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Rubi 2010-01-30, 14:27

    felicitation Lynx.c aujordhui q jai tt lu.et jr trouve vrmt extraordinaire...
    Akissi Sukali
    Akissi Sukali
    SAGE
    SAGE


    Messages : 6742
    Age : 36
    Date de naissance : 27/04/1987
    Profession : Mandikat
    Points : 13168

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Akissi Sukali 2010-01-30, 15:32

    pitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] bravo en tt k lintrigue est bien menée rien a redire mais je sen ke jaurais peur daller au li ce soir!! histoirou sorcier mome [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
    Abssiss BABISTO
    Abssiss BABISTO
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 13755
    Age : 40
    Date de naissance : 09/09/1983
    Profession : Séetankatou télé
    Points : 13564

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Abssiss BABISTO 2010-02-01, 04:08

    Wahouuuu Shocked ! Bordel de sondel feu !
    Ca sera un vrai régal ! Je le mets en programme !

    En même temps ça me donne envie de revenir sur le Projet d'Edition de l'ensemble des Mini-Romans de SNDP  respect !
    Akissi Sukali
    Akissi Sukali
    SAGE
    SAGE


    Messages : 6742
    Age : 36
    Date de naissance : 27/04/1987
    Profession : Mandikat
    Points : 13168

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Akissi Sukali 2010-02-05, 07:32

    wax ci [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
    Akissi Sukali
    Akissi Sukali
    SAGE
    SAGE


    Messages : 6742
    Age : 36
    Date de naissance : 27/04/1987
    Profession : Mandikat
    Points : 13168

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Akissi Sukali 2010-02-06, 03:34

    Ca me rappele une histoire [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] !!kan je suis arrivée en premiere année chak fois je voyais sur la liste des étudiants de la promo une certaine agnès Faye, et je me disais "sérère bi fumu lakatou ba dumako moussa guiss? [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Ndékétéyoooooooooooooo ct une toubab ils ne prononcent pas "Faille" mais" Fai" trop zarb [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
    Lyncx
    Lyncx
    ADMINISTRATION
    ADMINISTRATION


    Messages : 8887
    Age : 33
    Date de naissance : 01/01/1991
    Profession : Raay sama sikkim
    Points : 12027

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Lyncx 2010-02-06, 06:45

    J'ai déjà rencontré un Faye toubaab aussi, chez SFR. Curieusement, ce nom n'a rien à voir avec un quelconque lien ethnique. Il existe aussi beaucoup de Faye américains, quoique pour ce dernier cas, l'esclavage doit y avoir joué un rôle...
    Tismé
    Tismé
    ADO
    ADO


    Messages : 2100
    Age : 113
    Date de naissance : 29/12/1910
    Profession : détective
    Points : 4849

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Tismé 2010-02-06, 06:46

    chapeau lyncx
    Bebeaicha
    Bebeaicha
    SURVEILLANCE
    SURVEILLANCE


    Messages : 11910
    Age : 114
    Date de naissance : 26/10/1909
    Profession : nélaw
    Points : 21582

    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Bebeaicha 2010-02-06, 06:51

    c'est par paresse que je n'ai toujours pas lu vos textes [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
    Anonymous
    red pen
    Invité


    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par red pen 2010-03-19, 14:48

     respect  respect  respect J'avoue qu'il me faudrait m'armer d'un peigne fin pour pouvoir trouver la petite bête. Votre récit est très bien structuré: on y voit pas l'incohérence qui a pu gangréner d'autres.

    En attendant de pouvoir mieux décortiquer votre mini-roman, je vous fais deux remarques:
    - le titre est certes expressif mais il ne me semble pas trouver son écho dans le texte: on voit bien que les reliques sont de petites calebasses par contre pas d'où vient le "trouée". En grimpant de quelques degrés on pourrait l'interpréter comme le secret qui s'évente puisqu'en wolof on dirait "seenë" ( s'écouler d'un trou, d'une fissure... en parlant d'un liquide). Est-ce cela?

    -pourquoi insister sur cet aspect si vous ne l'éclairez pas par la suite?

    "Eliman s'arrêta soudain. Il se demandait maintenant, comment l'homme qui s'était suicidé auparavant pouvait s'être retrouvé, quelques instants après l'explosion, dans le local situé en contrebas, alors que ses enfants étaient déjà étendus dans le hall. L'explosion, aussi forte soit-elle, pouvait-elle être la seule cause de ce déplacement? Sur le coup, il n'y avait pas prêté attention, mais maintenant, ce détail l'intriguait..."

    Au plaisir de vous relire.

    Contenu sponsorisé


    roman - [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx) - Page 2 Empty Re: [MINI-ROMAN La Calebasse Trouée (Par: Lyncx)

    Message par Contenu sponsorisé


      La date/heure actuelle est 2024-04-26, 21:45