Lyncx a écrit:LA CALEBASSE TROUÉE
(Septième partie)
Saïd s'assit à son tour, respira assez profondément, puis reprit:
- Le jour de ta naissance était un des plus beaux de ma vie, ainsi que celle de ta maman. On t'attendait depuis tellement longtemps... On désespérait tous les deux de pouvoir jamais ressentir le bonheur de la procréation, tous les traitements avaient été expérimentés en vain. Pendant des années, ta maman et moi avons recouru aux plus éminents experts d'Europe, sans succès. Année après année, l'espoir d'enfanter s'amenuisait. Nous avons alors décidé de faire une ultime tentative.
Aux pieds de Saïd, un cafard s'était soudain arrêté dans sa course, comme pour écouter ce qu'il allait dire. ce dernier l'écrasa machinalement, puis continua:
"Aw, mon meilleur ami -- ton professeur de français du reste -- nous avait parlé d'un guérisseur qui pouvait nous aider. Il habitait dans la région de Diobass, à côté du village où je suis né. Il nous l'a recommandé assez vivement, nous assurant que nous ne pouvions, de toute façon, avoir que des bonnes surprises. Nous avons alors décidé d'y aller.
" Une fois là-bas, tout se passa assez rapidement. Il consulta ta maman pendant une demie-heure, pendant laquelle je sus plus tard qu'elle était à demi-consciente. J'étais assis en face de lui durant tous les événements, mais il s'était recouvert d'un épais drap noir qui m'empêchait de voir ses moindres mouvements. Je ne savais même pas s'il était là physiquement. Au bous de trente minutes, il se releva, et nous suggéra d'aller procréer en nous remettant un petit coffret hermétique. Seulement, il nous avait donné deux conditions pour que ma descendance puisse survivre. La première était de ne jamais ouvrir le coffret pour savoir ce qu'il y avait dedans, mais de toujours le garder intact. La deuxième... La deuxième était de quitter quitter ma descendance, aussi nombreuse soit-elle, ainsi que ta maman, avant que que mon premier enfant n'aie atteint l'âge de 16 ans.
" Et c'est pour ça que je suis parti. Crois-moi, j'étais prêt à tout pour avoir un enfant, mais au moment de vous quitter, j'aurais mille fois préféré être mort. La mort aurait été beaucoup moins douloureuse, mais je ne pouvais risquer ta vie.
" Je suis donc parti, mais je continuai à garder un oeil sur toi. Chaque jour, ta tante me disait comment tu veillais sur ta maman, comment tu tenais la maison, de quelle façon tu devenais l'homme que j'ai toujours voulu que tu sois. Je t'ai suivi jusqu'à ton bac, et même après que tu sois venu ici.
- Et qu'est devenu le guérisseur? pourquoi tu n'es pas allé le voir pour lui demander comment lever ce sceau qui t'obligeait à te tenir loin de moi?
Son père le regarda avec attention, comme s'il la réponse à cette question était évidente.
- Plus tard, une semaine après que tu sois né, j'ai appris que ce guérisseur était mort dans d'étranges circonstances, après avoir perdu tous ses pouvoirs. cette soudaineté me choqua, et j'avoue que je m'en suis inquiété un moment. Puis, de toute façon, la vie ayant repris son cours normal, je ne m'en suis pas préoccupé plus que cela. Pour le coffret qu'il m'a donné, je l'ai envoyé à la banque Bassar, ici à paris, et je l'ai scellé dans un des coffres que j'y ai acheté. J'espérais ainsi le mettre définitivement à l'abri.
" Pour revenir à toi et à tes études, j'avais noué le contact avec Assour, qui était une jeune étudiante turque venue s'installer en France. J'avais des relations dans l'université dans laquelle elle suivait ses études, et c'est lorsque je suis parti là-bas pour préparer le terrain à ta venue que je l'ai rencontré, elle ainsi que ces trois jumeaux. Nous avons sympathisé, et j'ai su qu'elle pourrait être une bonne source d'informations pour moi, d'autant plus que je l'avais plus ou moins aidée. C'est comme cela que nous avons entretenu la correspondance.
" Assour était une étudiante brillante, et je la voyais comme une fille que je n'aurais jamais eue. Son ménage avec Herbert avait l'air de bien se passer, elle lui avait déjà donné deux enfants en deux ans. Jusqu'au jour où elle m'appela, haletante, pour me dire que la mère adoptive des trois jumeaux, Rebecca, était morte par une intoxication chimique chez elle...
" Albert était très différent des deux autres. il était le plus intelligent des trois, mais avait un goût prononcé pour la violence. Il avait la manie de se débarasser de tout obstacle qui lui barrait la route. C'est l'une des raisons pour lesquelles il a gravi si vite les échelons, mais je me doutais que les actes qu'il avait dû commettre pour en arriver là ne pouvait pas se limiter à sa seule perspicacité. Quoiqu'il en soit, Assour pensait qu'Albert n'y était pas étranger, car il avait déjà menacé Rebecca de représailles si elle persistait à ne pas lui dire le moyen de retrouver quelque chose, à laquelle il semblait donner beaucoup d'importance.
" Et lorsque j'ai appris qu'Herbert aussi avait été tué, je n'ai plus hésité, j'ai débarqué ici, ayant eu peur qu'il ne s'en prenne aussi à Assour. Je voulais savoir ce qu'il recherchait, mais aussi savoir si vraiment c'était lui qui était derrière ces deux crimes.
" Et désormais, le voilà à nos trousses, pour je ne sais quel but. Assour m'a affirmé qu'Albert était certain qu'elle ou Herbert détenait quelque chose qu'ils s'évertuaient à lui cacher, mais dont elle ne saisissait pas la nature exacte. Herbert lui avait suggéré d'oublier les incessants appels délirants d'Albert, mais elle continuait à s'inquiéter jusqu'au jour où son mari mourut.
" Voilà. Je suis désolé de t'avoir mêlé à cette histoire. Le fait que je t'épiais chez toi et à l'hopital n'était que pour m'assurer que tu allais bien, et que ni Assour, ni Albert ne s'étaient encore présenté à toi. Lorsque j'ai appris qu'il était passé te poser des questions, je me suis précipité chez toi pour voir s'il n'y était pas déjà allé, savait-on jamais. J'avais tellement peur que tu aies en ta possession un quelconque objet pouvant lui appartenir, tellement peur que tu subisse ses représailles, que je ne savais plus ce que je faisais...
A ce moment, Assour entra en trombe:
- Saïd, il est là! Il faut qu'on y aille, vite!
- Comment il a fait pour nous trouver? demanda Eliman à son père.
- Je ne sais pas... Il me connait, il connait Assour... fit-il en agrippant le bras de son fils. Ça n'a pas dû être trop difficile pour lui...
Il sortirent de leur abri en courant, Et Eliman put remarquer l'état de délabrement dans lequel se trouvait l'endroit. Bien qu'ils soient entrés, son père et lui, par la partie avant du batiment, il ne pouvait pas imaginer que ce batiment était autant en ruines que ce qu'il n'y paraissait au dehors. Il enjamba quelques planches, dépassa des machines poussiéreuses, des fioles et des centrifugeuses, et suivit les autres à l'air libre. Au loin, sur le chemin qu'il avaien emprunté tantôt, une autre voiture arrivait. Visiblement, c'était Albert. Il sortit de la voiture, les visa et tira.
Il continuèrent de courir jusqu'à la voiture, puis s'engouffrèrent dedans. Assour démarra en trombe, mais Albert les suivit.
- Mais pourquoi nous tire-t-il dessus, pourquoi? Qu'est-ce-qu'on lui a fait? s'énerva-t-elle. Appelez la police, vite!
- Personne n'est blessé? fit Saïd. Je n'ai pas mon portable, je l'ai laissé dans la fabrique...
- Non, je ne suis pas blessé, fit Eliman, encore haletant, en se tournant vers son père. Ce dernier par contre, saignait assez fortement du bras. Papa! tu saignes! fit Eliman, paniqué.
Robert s'approcha de la blessure, l'examina un instant, puis suggéra:
- Assour, je te conseille de vite semer ce dingue, ou cette poursuite risque de lui couter la vie. Tiens-bon, Saïd, on va t'emmener à l'hôpital. Je vais te faire un garrot.
Cependant, avec les secousses, il était impossible de stabiliser Saïd pour un éventuel garrotage du bras. Après avoir roulé une bonne quinzaine de minutes sans pouvoir le semer sur l'A15, ils traversèrent la zone des docks pour s'engouffrer en trombe dans le 17ème arrondissement parisien. Les routes étaient étroites, et ils ne pouvaient plus rouler à leur aise. Pendant qu'ils s'engageaient dans le boulevard Victor Hugo pour rejoindre les rues bondées du centre-ville, Assour suggéra de continuer à pied. Saïd, proche de la syncope, perdait de plus en plus de sang, et Assour pensait qu'ils ne pouvaient pas prendre le risque de continuer en voiture.
- Arrêtes-toi près de l'hôpital Bretonneau, il y a un coin sombre près du parking du musée des Vents du Sud. Et continuez à pied, Assour. Amène Eliman et Robert, et met-les en sécurité. Robert saura t'ouvrir la bouche. Je vais aller à l'hôpital, et je vous rejoindrai... Je crois qu'il nous a perdu de vue, avec toute cette circulation...
- Mais... comment veux-tu qu'on te laisse seul? Tu peux à peine ouvrir les yeux! s'énerva Eliman.
- Ce n'est pas discutable. Assour t'expliquera, mais il est urgent que vous la suiviez. On se reverra, ne t'inquiète pas.
Eliman ne savait plus quoi penser. Il était certain, trois ans auparavant, de n'avoir plus eu envie de le revoir. Cependant, l'idée de le laisser seul, presque mourant, lui donnait l'impression qu'il commettait la même traitrise que lui dans le passé. Mais il était trop épuisé pour réfléchir, et sa cuisse recommençait à le lancer. Assour arrêta la voiture, l'agrippa avant qu'il n'ait eu le temps de protester, et il s'éloignèrent en direction de Montmartre. Eliman regarda derrière: son père s'extirpait péniblement de la voiture pour se diriger vers l'hôpital.
Il marchèrent jusqu'à une bouche d'égout, situé dans une petite ruelle jouxtant le Cimetière de Montmartre. Robert marchait en tête, il connaissait visiblement les lieux. Il prit deux clés qu'il avait dans sa veste, ouvrit la plaque, et après un bref regard autour d'eux, il s'y engouffra. Eliman le suivit, et Assour les suivit puis referma la plaque métallique derrière eux.
Les lieux étaient sombres. Eliman manqua à deux reprises de marcher sur les doigts de Robert, et tatonnai sans cesse pour chercher un des échelons disparates qui le menaient en bas. Dès qu'il toucha le sol, il chercha dans sa veste son téléphone cellulaire pour éclairer la scène. Il n'en eut pas le temps. Assour l'agrippa par le manche, et le mena derechef, comme si elle connaissait ce chemin par coeur. Les trois silhouettes avançaient le long du mince canal d'eaux usées, qui, au goût d'Eliman, ne sentaient pas aussi fort qu'il l'avait imaginé. L'écho de leurs talons résonnaient contre la paroi pierreuse, pleine de cavités qu'on imaginait peuplées par des êtres grouillants et pas très hospitaliers. Il bifurquèrent deux fois à droite, puis s'engagèrent dans un étroit tunnel qui ne devait pas être conçu pour les hommes. Eliman se courba du mieux qu'il pu, mais sa tête heurta à plusieurs reprises la paroi qui était devenu plus émoussée, moins rigide.
Il progressèrent pendant une vingtaine de mètres, puis Assour s'arrêta.
- Tu peux ouvrir, Robert? Tu as la clé?
- Attends, je cherche... Essaie celle-là, dit-il en lui tendant un petit embout métallique.
Assour l'introduit dans une fente à peine perceptible, et aussitôt, une petite porte s'ouvrit juste à côté d'Eliman. On pouvait apercevoir par l'ouverture une pièce assez mal éclairée, avec un sac de couchége posé au milieu.
- Où sommes-nous? questionna Eliman.
En guise de réponse, Assour le poussa dans l'ouverture. Eliman entra, et les deux autres le suivirent.
- Qu'est-ce qu'on fait ici? réitéra Eliman. Vous allez enfin vous résoudre à me dire où nous sommes?
Assour le regarda d'un air assez agacé, puis sortit un plan de construction d'une cavité située sur le coin supérieur de la chambranle.
- Nous attendons Saïd, fit-elle, laconique, sans même lever le regard vers lui.
Eliman la considéra un instant, regarda Robert comme pour lui demander un supplément d'information. Celui-ci était déjà à l'autre bout de la pièce, en train d'épousseter une table branlante à trois pieds.
Eliman était quelque peu décontenancé. Avoir échappé à une tentative de meurtre, avoir rencontré son père et ses acolytes, et maintenant rester cloîtré ici pendant que son père se mourait à quelques centaines de mètres, sans même savoir à quoi s'en tenir... tout ceci commençait à lui tirer sur les nerfs. Il s'énerva:
- Mais pourquoi on se cache ici? Pourquoi on ne peut pas aller simplement à la police et lui dire? Après tout, nous sommes les victimes dans toute cette histoire... Pourquoi ne me regardez-vous pas quand je vous parle? cria-t-il en direction d'Assour.
Lorsqu'Assour se résigna à lui adresser un regard après un long moment de silence assez pénible, Eliman se sentit vide, ridicule, comme si ses questions n'avaient pas de raison d'être. Il soutint quand même son regard.
- Bon, je pense qu'il faut qu'on te mette au courant. Pour résumer, je ne sais pas comment Albert s'est débrouillé ni comment il a su pour ton père, mais il a réussi à me coller les deux attentats précédents sur le dos. je suis actuellement considérée comme une fugitive. Ton père a certainement été intentionnellement impliqué aussi. Nous avons certes essayé d'appeler la police, mais le temps qu'ils nous arrêtent et qu'ils mènent leur enquête, il sera déjà trop tard...
- Trop tard pour quoi?
- Pour arrêter les agissements d'Albert. Il veut son satané graal, et je sens qu'il est sur le point de l'avoir... Si jamais il met la main dessus, notre calvaire actuel sera une rigolade à côté de ce qu'il nous fera subir, ton père a certainement dû te le dire...
- Mon père m'a seulement dit qu'il recherchait un objet dont vous n'êtes même pas sûrs de l'existence, et qu'il pense -- et que vous pensez aussi -- qu'il a tué sa mère adoptive pour l'avoir... Qu'est-ce qu'il a de si important, cet-objet-que-personne-n'a-jamais-vu?
Assour se tut, ayant eu l'impression d'avoir outrepassé une certaine limite. Elle hésita, puis résolument:
- Tu l'aurais su de toute façon, justifia-t-elle. Le récipient qu'il cherche est l'un des trois objets que gardaient Rebecca, Herbert et Albert. Ces sortes de reliques auraient, d'après ce qu'Albert a dit à Robert quand il a essayé de le convaincre de l'aider à les trouver, le pouvoir de faire mourir les trois âmes qui y étaient attachées pour les faire renaître en une seule et même personne. Cette dernière serait destinée à ramener sur le monde le chaos et la désolation des temps premiers. C'est, d'après lui, de la magie noire très avancée, et tiendrait de leurs origines floues et de leurs parents inconnus. D'après lui, les trois reliques devraient impérativement être gardées intactes jusqu'à leur vingt cinquième anniversaire. Si par malheur les trois venaient à être détruites avant leur 25ème année, ils mourraient -- du moins, leur enveloppe corporelle, et donneraient vie à un être dont je n'ai même pas envie d'imaginer l'existence. Par contre, si l'une des reliques était détruite pendant que l'un des trois jumeaux s'en servait contre un de ses frères, l'âme qui y était attachée périssait irrémédiablement, mais continuait à vivre dans le corps d'un des frères, le rendant plus cupide et plus cruel.
Ces paroles rappelaient vaguement quelque chose à Eliman. Les paroles de son père plus tôt sonnaient étrangement, et il avait le subit sentiment d'avoir déjà entendu les mots d'Assour.
- Et tu y crois, à ces sornettes? lui lança Eliman, comme pour balayer ses propres doutes.
- Je n'y croyais pas, avant que Rebecca ne meure, suivi d'Herbert. Un jour que j'étais allé la voir, je l'ai trouvée affalée dans son lit, visiblement empoisonnée. J'ai su qu'Albert y était passé: des traces de lutte des traces de ses semelles neuves y étaient partout visibles. Une semaine après, Herbert mourait. J'ai immédiatement appelé Albert, dès que j'ai su qu'il y avait un attentat. Il m'a affirmé, avec une voix que je ne lui reconnaissait pas, que mon mari était mort, mais que tout ceci était nécessaire. J'ai su aussi, quand Robert, transi de peur, est venu me voir, qu'il cherchait à tout prix à récupérer les deux objets restants, et à s'en servir, car leur vingt cinquième anniversaire est demain. C'est pour ça que Robert est venu nous aider à retrouver celui qui lui est attaché, afin qu'Albert ne le retrouve pas avant lui.
Eliman resta songeur. Se pourrait-il...? Non, il ne pouvait y croire.
- A quoi peut ressembler une de ces reliques? demanda Eliman avec une voix songeuse, comme s'il venait de se rappeler quelque chose.
- Je ne sais pas trop, intervint Robert. Mais il doit être de forme concave, comme un récipient ou une louche, vu que l'acte de s'en servir ne peut être réalisé qu'en buvant l'eau qu'il contient...
Eliman bondit.
- Juste avant qu'Albert me rende visite, un homme m'a appelé pour me demander de lui remettre un certain ce que le mort m'a donné. Je n'avais jamais entendu cet homme, mais je sentais qu'il me connaissais. Il réclamait les "affaires du mort"... je me demande si en fin de compte ce n'était pas lui qui essayait de me faire peur, de sorte que je lui remette... Non, c'est pas possible, ce n'était pas sa voix!
- C'était certainement Albert. Moi non plus je ne reconnaissait pas sa voix la dernière fois que je l'ai appelé. Qu'est-ce-qu'il voulait dire par les affaires du mort?
- Sans doute le portefeuille de son frère, que j'ai ramassé juste avant l'explosion, dit Eliman en sortant le portefeuille dont il ne s'était pas défait depuis deux jours. J'ai vérifié dedans, il n'y a pas grand-chose, dit-il en le donnant à Robert qui était le plus près.
Les deux amis explorèrent chaque recoin du portefeuille, mais n'y trouvèrent autre chose que ce qu'Eliman avait déjà mis à jour: la clé, le sparadrap et la carte de visite, ainsi que la lettre qui était désormais superflue. Pendant qu'Assour s'émouvait encore devant la photo, Robert scrutait attentivement le bout de sparadrap. Après un moment de réflexion, il le tendit à Assour.
- Tu devrais lire ceci.
- Comment est-ce possible, fit-elle après une minute d'attention. Se pourrait-il qu'il l'ait alors déplacé? poussa-t-elle, en se lançant vers un coin de la pièce pour en extraire un coffret en fer forgé.
Eliman se rapprocha de Robert, prit le sparadrap et y lut: "Réserve MVS, les voisins du dessus".
- Que signifie ceci? demanda-t-il.
- Je ne suis pas sûr, mais je pense qu'Herbert se doutait que son frère était à la recherche du troisième récipient... fit Assour, en constatant que le coffret était vide.
- Le troisième? Vous n'en avez mentionné qu'un!
- Le premier est en la possession d'Albert, et le deuxième était celui d'Herbert que Rebecca gardait. Albert a réussi à récupérer le sien après avoir cambriolé la banque Bassar.
Bassar... Bassar... ce mot sonna comme un tonnerre dans la tête d'Eliman.
- B... Bassar? balbutia-t-il.