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ACCORD DE DEFENSE - LE PRESIDENT FRANÇAIS REÇU A LIBREVILLE, KIGALI ET BAMAKO APRES LE REFUS DE DAKAR : Sarkozy, comme De Gaulle en 58 !
En 1958, le président français, le Général Louis Charles de Gaule, avait fait une tournée dans certains pays africains qui réclamaient l’indépendance. On se rappelle son fameux discours : «Je veux dire aux porteurs de pancartes, ceux qui veulent l’indépendance, alors, qu’il la prennent !». Plus de cinquante ans après, Nicolas Sarkozy a quasiment repris son itinéraire pour, cette fois-ci, peut-être achever ce processus de demande d’indépendance dans certains pays africains, où les citoyens se disent toujours sous la tutelle de l’ancienne puissance coloniale. Au contraire du Général de Gaule, l’actuel patron de l’Elysée a préféré envoyer son ministre de la Défense, Hervé Morin, auprès de son homologue sénégalais, Me Abdoulaye Wade, pour négocier une question aussi importante que les accords de défense. Au chef de l’Etat sénégalais, Nicolas Sarkozy semble dire : «Vous ne voulez plus de nous chez vous, alors nous rentrons».
En réalité, la position de l’Etat du Sénégal sur les accords de défense avec la France ne semble pas avoir l’heure de plaire aux autorités françaises. Sur le plan géographique, Dakar occupe une position stratégique privilégiée dans le Continent noir. Elle fait face aux Usa, la première puissance mondiale, et s’ouvre largement sur le continent européen, sans oublier sa position de porte d’entrée de l’Afrique. Cette position stratégique est également comprise par les Français, Américains et Chinois, qui commencent à se bousculer aux portes de l’Afrique.
Lorsqu’il a été question de revenir sur les accords de défense entre le Sénégal et la France, l’ancienne puissance coloniale a tenté de mettre tous les atouts de son côté. Et cela, depuis les années 70. Le premier président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, n’a jamais envisagé de revenir sur ces accords. Son successeur, Abdou Diouf, en aurait eu l’intention, mais il n’aurait jamais osé aller au-delà d’une simple volonté, jamais clairement affichée. Ainsi, de Valérie Giscard d’Estain à Sarkozy, en passant par François Mitterrand et Jacques Chirac, rien n’a été fait sur cette question.
Le président Abdoulaye Wade a, cette fois-ci, pris son courage à deux mains pour évoquer brûlante la question. Accords de défense, dit-on ! Mais pourquoi ces accords ont-ils été dit et appliqué, jusque-là, d’un seul sens ? En d’autres termes, le Sénégal devrait aussi avoir ses bases militaires en terre française. Même si la France est plus équipée que le Sénégal. L’expérience des militaires sénégalais sont reconnus à travers le monde entier. Le Sénégal devrait donc avoir ses propres bases dans des positions privilégiées, au cœur de Paris. Car, si le Sénégal doit surveiller ses arrières dans une zone où les coups d’Etat sont devenus monnaie courante, la France n’en est pas moins à l’abri d’attaques terroristes. Par conséquent, ces bases que la France détient à Dakar, elle en a plutôt besoin sur ses propres terres, particulièrement menacées par Al Qaïda.
La France n’est pas plus sécurisée que le Sénégal
De retour à Paris, le ministre de la Défense, Hervé Morin a déclaré que «la France va diminuer son effectif à Dakar, tout en y gardant des éléments». Selon lui, «les Africains doivent, maintenant, s’occuper de leur propre sécurité». Mais, dans un monde sous la menace des terroristes, personne n’est sur-sécurisé. En Europe de l’Ouest, des terroristes de l’ETA menacent la sécurité des Européens. De temps à autre, des menaces terroristes perturbent la quiétude des Français, en particulier, des Européens, en général. Donc, la France a bel et bien besoin de ses 1.200 militaires qu’elle entretient sur ses bases sénégalaises, à travers les «Forces françaises du Cap-Vert». Toujours à propos de la réponse de Dakar, il est évident que le Palais de l’Elysée ne souhaite pas que ses hommes quittent le pays de Léopold Sédar Senghor. Même la réduction de l’effectif serait, selon nos sources, le moindre mal. Mais l’Elysée n’est pas satisfait de la réponse de l’Etat du Sénégal sur cette question. Cela est confirmé par la tournée africaine que le président Sarkozy mène depuis hier, mercredi 24 février, dans certains pays africains.
A la veille des indépendances, c’est le président Ahmet Sékou Touré qui était le plus radical de tous les dirigeants africains. Il n’avait utilisé de gans pour dire aux Français de quitter la Guinée en votant massivement en faveur du «Non au maintien dans la Communauté française». Cette position guinéenne avait irrité les autorités sénégalaises et nous semblons faire face à cette même situation, entre le Sénégal et la France. Le dernier acte de rupture était le départ des bases françaises de Dakar. Il ne sera pas total mais, même partiellement, l’Elysée n’appréciera pas.
Pourquoi Nicolas Sarkozy a envoyé son ministre de la Défense à Dakar ? Et pour traiter de la même question avec le tout nouveau et inexpérimenté président gabonais, Ali Bongo Ondimba, Nicolas Sarkozy a fait le déplacement avec son ministre des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner, et Alain Joyandet ; une marque de reconnaissance pour ce pays. Du mépris pour le Sénégal ? Allez avoir… Nicolas Sarkozy semble éviter la déception à Dakar et c’est la raison de son choix porté sur l’envoi de Morin, plongé dans une piscine vide du président sénégalais.
Le Gabon maintient les accords de défense avec la France
Hier, mardi 24 février, Nicolas Sarkozy a été reçu en grandes pompes par le peuple gabonais. En menu de cette visite, «la signature de nombreux documents entre les deux pays», «avec, d'abord la mise en œuvre d’un partenariat stratégique et, ensuite, un nouvel accord de défense qui prévoit le maintien de la base militaire française de Libreville», laisse entendre une source française. Sur cette question, Libreville qui préconise le maintien des bases françaises semble être plus généreuse que Dakar. Le président français est arrivé, mercredi 24 février 2010 dans la matinée, au Gabon, pour une visite officielle de 24 heures, avant de s'envoler pour le Rwanda. Comme ce fut le cas lors de la visite du Général de Gaule en Afrique, en 1958, puis 1950, des leaders de la société civile gabonaise ont affirmé dans une lettre rendue publique à Libreville, hier, que le président Sarkozy «n'est pas le bienvenu»…Comme les amis de Mbaye Jacques Diop, en 58.
«Je suis venu pour refonder une relation privilégiée entre nos deux pays», a lancé Nicolas Sarkozy devant Ali Bongo et une salle où se trouvaient les principales personnalités du régime. «Je vous propose un contrat qui témoigne d’une relation décomplexée. Témoins : le nouveau plan stratégique pour le développement du Gabon dans les cinq ans qui viennent et le nouvel accord de défense qui sera totalement transparent. Fini les clauses secrètes !», a déclaré le président français selon le site de la Rfi.
«Pourquoi Nicolas Sarkozy revient-il au Gabon, alors que depuis son élection, il ne s’est jamais rendu dans des pays comme le Cameroun, le Bénin ou encore le Mali ? Parce qu’à ses yeux, la relation franco-gabonaise a un caractère emblématique : c’est à la fois une vieille histoire de complicité diplomatique, avec sa part d’ombre, et le modèle d’une relation qu’il veut plus moderne ou transparente», écrit la presse française. Ailleurs, il est dit que «le président français veut nouer un rapport plus équilibré, ce qu’il appelle une relation à l’image du nouvel accord de défense qui doit êtresigné et qui ne contiendra plus de clause secrète».
Le 20 novembre 2009, sur le perron de l’Elysée, Ali Bongo avait déclaré : «Nous sommes en train, au moment présent, de regarder la question des accords qui nous lient avec la République française». Et le fils du défunt président El Hadj Omar Bongo d’ajouter que «bientôt, lorsque nous nous serons mis d'accord, vous aurez l'information».
Dans la soirée d’hier, le président Nicolas Sarkozy était annoncé à Bamako, au Mali, pour rencontrer l'ex-otage français, Pierre Camatte, relâché mardi par une branche d'al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Ce n’est qu’après l’étape malienne qu’il devait se rendre avec Bernard Kouchner, au Rwanda, pour rencontrer le président Paul Kagamé.
Jeudi 25 Février 2010 - 11:41 - Rewmi.com