Il n'y a qu'à voir comment les africaines gardent la tête froide devant la vie quotidienne faite pour une bonne partie des pays d'Afrique de violence, une barbarie sauvage, de corruption, de vols et de gabegie.
Elles sont silencieuses sans être forcément soumises; elles travaillent elles se débrouillent; dans les campagnes de la Gambie on ne voit presque pas d'hommes dans les champs, c'est elles qui courbent l'échine et labourent cette terre boueuse non loin du bac qui permet de traverser le fleuve pour se rendre en Casamance, ce sont les femmes que l'on trouve dans chaque maillon de ce commerce qu'on traite d'économie parallèle au Sénégal; elles vont en Arabie saoudite chercher des châles de soie, du tissu, des parfums, elles se rendent au Mali chercher du pur batik, elles se rendent à la Mecque commercer en même temps qu'elles font le pèlerinage, elles vont au Pakistan chercher des tissus, elles viennent à Paris se procurer à Barbès, prennent un avion pour se rendre à Milan acheter des chaussures, des prêts à porter; ce sont les femmes encore en Afrique du sud qui triment dans les bureaux comme dans les usines qu'on violente et refile le sida et qui continuent de travailler qui luttent pour survivre; ce sont les Mama Benz du Togo qui dominent le marché et procurent du travail aux hommes et aux femmes dans l'entreprise du tissu, ce sont les femmes d'Afrique qui permettent à une poignée d'hommes mal organisés de gérer des salons dans la rue du Château d'eau à paris où elles tissent les faux cheveux comme de la laine aussi travailleuses que des abeilles trimant jusque dans les dix heures du soir dans les sous sols des salons au mépris de la législation française sur le travail au noir; ce sont les femmes peu instruites occupant le bas de l'échelle sociale qui permettent aux hommes noirs africains de contracter de nombreuses alliances matrimoniales pour rehausser leur prestige, multiplier les chances de se faire servir ( à ce propos l'écrivaine mozambicaine Paulina Chiziane dit par l'intermédiaire d'une de ses narratrices que les pères "élèvent leurs fils pour en faire des tyrans et leurs filles pour qu'elles acceptent la tyrannie qui régit l'univers"), occuper des fonctions importantes dans la politique ou leur gestion du destin de leur pays est connu, qui leur permettent d'avoir du loisir en mettant au monde, en protégeant et en éduquant les progénitures qu'ils ont fait ensemble.
Ce sont les africaines qui leur donnent les moyens de diriger, d'user leur peu de clairvoyance et de tempérance qu'il ont pour tromper le monde, semer la guerre et la terreur, démonter leur avidité arrogante pour l'or, le diamant, l'argent, le pétrole, car même dans la bêtise et le mal il faut le minimum d'intelligence et de clairvoyance.
Assurément on me traitera d'injustice peut être de violente et on m'accusera de mettre tous les hommes dans le même sac, mais je dirai que dans Cette Afrique qui est la notre, peu d'hommes sont généreux compétents et honnêtes avec le peuple et par conséquent avec les femmes; s'ils le sont ils se laissent envahir par des sbires qui les corrompent, s'ils sont incorruptibles, ils demeurent dans leur coin et regardent faute de mieux et donc sont complices, et s'ils prennent la parole, leurs compatriotes du même sexe les tuent.
Je dis donc place aux femmes tant pis si l'on me traite de féministe bornée. Elles ont la rage de vaincre mais pas avec des kalachnikov; triompher elles le feront avec leur cervelle et leurs mains, leur douceur et leur fermeté, leur clairvoyance et leur sens quasi inné de la diplomatie.
L'erreur ce n'est pas qu'une poignée de belges ne dirigent pas le Congo pour en faire une superpuissance en lieu et place d'une horde de congolais anarchiques comme le regrette Stephan Smith dans son ouvrage mais que l'on ne donne pas la chance aux femmes africaines de montrer ce qu'elles valent sur le plan politique et économique et non plus que sur le plan domestique et de cette économie qualifiée de sous-terraine.
Soyons clair ? si l’Afrique va mal c’est parce qu’elle est dirigée par des hommes.
J'embrasse toutes les Africaines.
Notes:
Le parlement conjugal, Paulina Chiziane, Actes Sud, 2006
Négrologie, pourquoi l'Afrique meurt, Stephen Smith, Editions Calman-Lévy, 2004