Bilan chiffré, provisoire et incomplet des détournements de deniers publics au Sénégal de 2000 à 2007
Par Jacques Habib SY | SUDONLINE.SN | mardi 13 février 2007 | 411 lectures
LIENS RECOMMANDES
DOSSIERS
Finances Publiques - Transparence
BILAN CHIFFRE DES DETOURNEMENTS DE
DENIERS PUBLICS DE 2000 A 2007 A PARTIR DU DEPOUILLEMENT DE 3 JOURNAUX
(« WALFADJIRI », « SUD QUOTIDIEN » ET « LE QUOTIDIEN »)
Aide Transparence a procédé au dépouillement des trois
quotidiens sénégalais que sont « Walfadjiri », « Sud Quotidien » et
« Le Quotidien » pour la période allant de Mars 2000 a Février 2007. La
collecte des données a été faite sur la base des catégories suivantes :
a/ sociétés nationales où il y a eu des détournements ;
b/ chantiers de la Présidence de la République fortement contestés en
tant que source de gaspillages de biens publics ou interpellations
publiques sur certaines transactions nébuleuses impliquant la
Présidence de la République ;
c/ chantiers présidentiels ; d/ gaspillage de deniers publics ;
d/ détournements notés dans des secteurs particuliers de l’activité
économique et sociale ; e/ affaires relevant de la gestion des fonds
politiques, notamment ceux impliquant MM. Idrissa Sek et Abdoulaye Wade.
Télécharger au format Word
Le phénomène du gaspillage des deniers publics, des
détournements de biens publics, d’appropriation illégale et indue du
patrimoine foncier et bâti de la nation et du train de vie outrancier
de l’Etat dans un pays considéré comme l’un des 20 pays les plus
pauvres du monde n’est pas nouveau au Sénégal. Sous le régime de
l’alternance, il connaît cependant une brusque accélération tant du
point de vue de son ampleur que de l’étendue des secteurs touchés.
En tant que source secondaire d’information, la presse
est un reflet certes déformé parfois mais un reflet tout de même des
préoccupations sociales et politiques telles que relayées par les
journalistes et les entreprises de presse dans lesquelles ils
travaillent. A travers le monde, toutes les chancelleries et les
ambassades travaillent à partir d’un dépouillement minutieux de la
presse de même que les agences d’espionnage et de contre-espionnage.
C’est donc dire qu’en tant que source d’information, la presse est un
outil central de mesure de l’évolution des pays. Tout en reconnaissant
la nécessité de passer le discours de la presse au crible de la
critique, surtout quand ce discours est marqué par l’immédiateté de son
agencement, il convient de reconnaître que les journaux quotidiens
représentent dans tout pays un instrument appréciable de saisie des
phénomènes et des réalités abordés.
La base de données que nous avons constituée à partir
du dépouillement des journaux considérés représente globalement un
tensiomètre des cas litigieux ou avérés de détournements, de
gaspillages ou de capture illégale des deniers publics. Dans les cas
litigieux au point ou aucune évidence n’est pas disponible, comme dans
le cas des 400 milliards de francs Cfa de fuite de capitaux dénoncée en
son temps par MM. Amath Dansokho et Ibrahima Sene du PIT et qui avait
valu a ce dernier d’être interroge par la Division des investigations
criminelles puis emprisonne pour une courte période, nous avons préféré
ne pas prendre en compte les informations proposées. De même, nous
avons repris l’affaire des passeports chinois montée en épingle par le
Parti démocratique sénégalais pour mettre dans l’embarras M. Moustapha
Niasse, Secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès mais en
tenant compte du chiffre de 486 millions de francs Cfa suggéré par
M. Niasse comme fruit de la vente des passeports sénégalais à des
Chinois. Nous avons également ignoré certaines des conclusions de la
Cour des comptes (comme les reproches fermes de détournement portés à
l’encontre d’un ancien gestionnaire d’une société immobilière publique
et la recommandation qu’il ne soit plus jamais éligible à un quelconque
poste de responsabilité dans l’appareil d’Etat). Ces cas ont été
ignorés parce que nous n’avons pas pu étendre notre investigation à
tous les rapports de cette institution en les croisant avec ceux
émanant d’ouvrages récents sur la gouvernance au Sénégal, ouvrages qui
ont mis en évidence des dysfonctionnements graves comme l’affaire de la
réfection du palace volant du Président de la République (un avion qui
aurait couté la bagatelle de 30 milliards au Trésor public), ainsi que
les gaspillages ostensibles liés à l’achat ou la cession de véhicules
tous terrains de luxe à des dignitaires de l’appareil d’Etat (ministres
et députés), etc.
C’est donc une estimation tout à fait conservatrice de
la somme agrégée de tous ces cas de détournements relatés par la presse
qui est offerte au lecteur. Le pillage du patrimoine foncier (qui est
tout à fait considérable) ainsi que celui du patrimoine bâti de l’Etat
n’a pas été pris en compte par manque de temps.
Le dépouillement minutieux des
sources indiquées révèle une somme agrégée qui dépasse l’entendement :
près de 2 477 milliards de francs CFA (ou 2,5 trilliards de francs)
représentent le montant des sommes litigieuses présumées détournées des
caisses de l’Etat ou susceptibles de participer du gaspillage des
deniers publics et du caractère dispendieux du train de vie de l’Etat !
Cette somme représente sur une période de 7 ans environ 1,5 fois
l’équivalent actuel du budget national ! Encore qu’on puisse argumenter
que ce n’est là que la partie visible de l’iceberg.
Il apparaît nettement que les sources de
dysfonctionnement dans la gestion des biens publics proviennent surtout
de la gestion des sociétés nationales et de l’agenciation étendue de la
gouvernance des projets et des programmes dont un nombre grandissant,
en tous cas important, est pris en charge directement par le Président
de la République. Ces agences étant dotées de l’autonomie financière
échappent largement au contrôle du Trésor public et des ministères des
Finances et du Budget à qui incombe la charge de la gestion des
finances publiques en dehors des contrôles à posteriori effectués par
la Cour des comptes. Les tensions occasionnées par la gestion des
sociétés nationales s’élèvent au total à 726 milliards de francs Cfa,
ce qui équivaut à la moitie environ du budget national pour la période
2006-2007.
Les cas relatant l’implication de la Présidence de la
République dans des affaires contestées par l’opposition, les syndicats
et relatées par la presse s’élèvent au total à 14 milliards de francs
Cfa, estimation extrêmement conservatrice si l’on tient compte de la
contestation bruyante sur la gestion des chantiers de l’ANOCI (coût
total environ 200 milliards), la réfection de l’avion présidentiel, les
voyages présidentiels (de l’ordre de plusieurs dizaines de milliards en
prenant en compte les frais occasionnés par les dépenses en kérosène de
l’avion présidentiel qui atteignent régulièrement au-delà d’1 milliard
par an selon des sources concordantes).
Les chantiers directement supervisés par le Président
de la République s’élèvent à plusieurs centaines de milliards. Le
montant agrégé relaté par la presse s’élève à 328,7 milliards. Aucune
action d’audit et de contrôle n’a encore été exercée sur ces sommes
considérables.
Les gaspillages de deniers publics définis comme des
dépenses ostentatoires ou relevant d’un train de vie extravagant dans
un pays pauvre qui devrait focaliser son attention sur la résorption du
chômage et de la pauvreté s’élèvent à 772,3 milliards. Lorsqu’on ajoute
à ces gaspillages ceux occasionnés par les détournements imputés à des
ministères ou à des démembrements gouvernementaux (soit 67,6
milliards), on obtient la somme consolidée de 839,9 milliards soit
l’équivalent de plus de la moitié du budget national 2006.
Les détournements de deniers publics relevant de la
gestion des fonds politiques et relatés par les journaux dépouillés
s’élèvent à 9 milliards. Ce total ne comprend pas l’accusation publique
pourtant majeure portée par M. Idrissa Seck lui-même contre le
Président Wade et qui estimait il y a seulement quelques mois que le
Chef de l’Etat lui avait confié la gestion de « plusieurs dizaines de
milliards en fonds politiques », selon ses propres termes. Les 42
milliards de l’imbroglio des chantiers de Thiès ont été transférés dans
la catégorie « chantiers du Chef de l’Etat » parce que ces chantiers
ont été commandités avec insistance par M. Wade qui les a installés
dans l’urgence la plus absolue.
En cette période électorale, la classe politique toutes
tendances confondues est donc sommée de proposer des mécanismes et des
politiques clairement présentés en ce qui concerne les mesures à
prendre dans le domaine de la reforme des finances publiques. Il
s’agira de placer un garrot efficace pour juguler l’hémorragie
financière qui paralyse la gouvernance démocratique et aggrave l’état
d’extrême pauvreté des populations sénégalaises dans leur ensemble avec
une incidence de la pauvreté sur les ménages qui s’élève à plus de 60 %
d’après les estimations en cours. La lutte contre la corruption qui
doit nécessairement être menée concomitamment exigera des mesures
concrètes et efficaces qui devront aller au-delà des mesures
soporifiques proposées à l’heure actuelle.
Les institutions comme la Cour des comptes devraient
avoir des moyens et une autorité de sanction et d’auto saisine
indépendante qui doivent être renforcés et garantis. La séparation des
pouvoirs et l’adoption d’un régime parlementaire authentique devront
devenir une réalité palpable pour mener a bien les reformes envisagées
des finances publiques. Il faudra également ressusciter la Cour suprême
mais en la rendant totalement indépendante en même temps que la
magistrature du pouvoir Exécutif avec un budget propre et des
prérogatives allant de l’inamovibilité des magistrats assis ou leur
élection au suffrage universel ou local sur une période longue (10 ans,
par exemple).
A défaut de prendre des mesures hardies dans le domaine
de la lutte contre la corruption, la concussion, les détournements de
deniers publics et l’enrichissement illicite, la classe politique
sénégalaise continuera d’être hantée par des tensions de plus en plus
vives autour du contrôle du pactole financier national, des postes de
direction des sociétés nationales et des ministères. Le peuple
sénégalais sera le grand perdant comme toujours dans des situations
aussi malsaines.
C’est pourquoi Aide Transparence appelle les candidats
à la Présidence de la République à aborder sans faux-fuyants cette
question récurrente en en faisant un thème dominant de leur campagne
non à travers des professions de foi qui n’engagent personne mais par
des mesures concrètes inscrites dans le temps et par le canal de
mécanismes et de processus très précis.
Jacques Habib Sy
Directeur Exécutif
Aide Transparence
Villa N°1951 Sicap Liberté III, Allées Ababacar Sy -BP 5216
Dakar-Sénégal
Tél ( 221 ) 864 39 76 - Fax (221) 864 39 92
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Par Jacques Habib SY | SUDONLINE.SN | mardi 13 février 2007 | 411 lectures
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Finances Publiques - Transparence
BILAN CHIFFRE DES DETOURNEMENTS DE
DENIERS PUBLICS DE 2000 A 2007 A PARTIR DU DEPOUILLEMENT DE 3 JOURNAUX
(« WALFADJIRI », « SUD QUOTIDIEN » ET « LE QUOTIDIEN »)
Aide Transparence a procédé au dépouillement des trois
quotidiens sénégalais que sont « Walfadjiri », « Sud Quotidien » et
« Le Quotidien » pour la période allant de Mars 2000 a Février 2007. La
collecte des données a été faite sur la base des catégories suivantes :
a/ sociétés nationales où il y a eu des détournements ;
b/ chantiers de la Présidence de la République fortement contestés en
tant que source de gaspillages de biens publics ou interpellations
publiques sur certaines transactions nébuleuses impliquant la
Présidence de la République ;
c/ chantiers présidentiels ; d/ gaspillage de deniers publics ;
d/ détournements notés dans des secteurs particuliers de l’activité
économique et sociale ; e/ affaires relevant de la gestion des fonds
politiques, notamment ceux impliquant MM. Idrissa Sek et Abdoulaye Wade.
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Le phénomène du gaspillage des deniers publics, des
détournements de biens publics, d’appropriation illégale et indue du
patrimoine foncier et bâti de la nation et du train de vie outrancier
de l’Etat dans un pays considéré comme l’un des 20 pays les plus
pauvres du monde n’est pas nouveau au Sénégal. Sous le régime de
l’alternance, il connaît cependant une brusque accélération tant du
point de vue de son ampleur que de l’étendue des secteurs touchés.
En tant que source secondaire d’information, la presse
est un reflet certes déformé parfois mais un reflet tout de même des
préoccupations sociales et politiques telles que relayées par les
journalistes et les entreprises de presse dans lesquelles ils
travaillent. A travers le monde, toutes les chancelleries et les
ambassades travaillent à partir d’un dépouillement minutieux de la
presse de même que les agences d’espionnage et de contre-espionnage.
C’est donc dire qu’en tant que source d’information, la presse est un
outil central de mesure de l’évolution des pays. Tout en reconnaissant
la nécessité de passer le discours de la presse au crible de la
critique, surtout quand ce discours est marqué par l’immédiateté de son
agencement, il convient de reconnaître que les journaux quotidiens
représentent dans tout pays un instrument appréciable de saisie des
phénomènes et des réalités abordés.
La base de données que nous avons constituée à partir
du dépouillement des journaux considérés représente globalement un
tensiomètre des cas litigieux ou avérés de détournements, de
gaspillages ou de capture illégale des deniers publics. Dans les cas
litigieux au point ou aucune évidence n’est pas disponible, comme dans
le cas des 400 milliards de francs Cfa de fuite de capitaux dénoncée en
son temps par MM. Amath Dansokho et Ibrahima Sene du PIT et qui avait
valu a ce dernier d’être interroge par la Division des investigations
criminelles puis emprisonne pour une courte période, nous avons préféré
ne pas prendre en compte les informations proposées. De même, nous
avons repris l’affaire des passeports chinois montée en épingle par le
Parti démocratique sénégalais pour mettre dans l’embarras M. Moustapha
Niasse, Secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès mais en
tenant compte du chiffre de 486 millions de francs Cfa suggéré par
M. Niasse comme fruit de la vente des passeports sénégalais à des
Chinois. Nous avons également ignoré certaines des conclusions de la
Cour des comptes (comme les reproches fermes de détournement portés à
l’encontre d’un ancien gestionnaire d’une société immobilière publique
et la recommandation qu’il ne soit plus jamais éligible à un quelconque
poste de responsabilité dans l’appareil d’Etat). Ces cas ont été
ignorés parce que nous n’avons pas pu étendre notre investigation à
tous les rapports de cette institution en les croisant avec ceux
émanant d’ouvrages récents sur la gouvernance au Sénégal, ouvrages qui
ont mis en évidence des dysfonctionnements graves comme l’affaire de la
réfection du palace volant du Président de la République (un avion qui
aurait couté la bagatelle de 30 milliards au Trésor public), ainsi que
les gaspillages ostensibles liés à l’achat ou la cession de véhicules
tous terrains de luxe à des dignitaires de l’appareil d’Etat (ministres
et députés), etc.
C’est donc une estimation tout à fait conservatrice de
la somme agrégée de tous ces cas de détournements relatés par la presse
qui est offerte au lecteur. Le pillage du patrimoine foncier (qui est
tout à fait considérable) ainsi que celui du patrimoine bâti de l’Etat
n’a pas été pris en compte par manque de temps.
Le dépouillement minutieux des
sources indiquées révèle une somme agrégée qui dépasse l’entendement :
près de 2 477 milliards de francs CFA (ou 2,5 trilliards de francs)
représentent le montant des sommes litigieuses présumées détournées des
caisses de l’Etat ou susceptibles de participer du gaspillage des
deniers publics et du caractère dispendieux du train de vie de l’Etat !
Cette somme représente sur une période de 7 ans environ 1,5 fois
l’équivalent actuel du budget national ! Encore qu’on puisse argumenter
que ce n’est là que la partie visible de l’iceberg.
Il apparaît nettement que les sources de
dysfonctionnement dans la gestion des biens publics proviennent surtout
de la gestion des sociétés nationales et de l’agenciation étendue de la
gouvernance des projets et des programmes dont un nombre grandissant,
en tous cas important, est pris en charge directement par le Président
de la République. Ces agences étant dotées de l’autonomie financière
échappent largement au contrôle du Trésor public et des ministères des
Finances et du Budget à qui incombe la charge de la gestion des
finances publiques en dehors des contrôles à posteriori effectués par
la Cour des comptes. Les tensions occasionnées par la gestion des
sociétés nationales s’élèvent au total à 726 milliards de francs Cfa,
ce qui équivaut à la moitie environ du budget national pour la période
2006-2007.
Les cas relatant l’implication de la Présidence de la
République dans des affaires contestées par l’opposition, les syndicats
et relatées par la presse s’élèvent au total à 14 milliards de francs
Cfa, estimation extrêmement conservatrice si l’on tient compte de la
contestation bruyante sur la gestion des chantiers de l’ANOCI (coût
total environ 200 milliards), la réfection de l’avion présidentiel, les
voyages présidentiels (de l’ordre de plusieurs dizaines de milliards en
prenant en compte les frais occasionnés par les dépenses en kérosène de
l’avion présidentiel qui atteignent régulièrement au-delà d’1 milliard
par an selon des sources concordantes).
Les chantiers directement supervisés par le Président
de la République s’élèvent à plusieurs centaines de milliards. Le
montant agrégé relaté par la presse s’élève à 328,7 milliards. Aucune
action d’audit et de contrôle n’a encore été exercée sur ces sommes
considérables.
Les gaspillages de deniers publics définis comme des
dépenses ostentatoires ou relevant d’un train de vie extravagant dans
un pays pauvre qui devrait focaliser son attention sur la résorption du
chômage et de la pauvreté s’élèvent à 772,3 milliards. Lorsqu’on ajoute
à ces gaspillages ceux occasionnés par les détournements imputés à des
ministères ou à des démembrements gouvernementaux (soit 67,6
milliards), on obtient la somme consolidée de 839,9 milliards soit
l’équivalent de plus de la moitié du budget national 2006.
Les détournements de deniers publics relevant de la
gestion des fonds politiques et relatés par les journaux dépouillés
s’élèvent à 9 milliards. Ce total ne comprend pas l’accusation publique
pourtant majeure portée par M. Idrissa Seck lui-même contre le
Président Wade et qui estimait il y a seulement quelques mois que le
Chef de l’Etat lui avait confié la gestion de « plusieurs dizaines de
milliards en fonds politiques », selon ses propres termes. Les 42
milliards de l’imbroglio des chantiers de Thiès ont été transférés dans
la catégorie « chantiers du Chef de l’Etat » parce que ces chantiers
ont été commandités avec insistance par M. Wade qui les a installés
dans l’urgence la plus absolue.
En cette période électorale, la classe politique toutes
tendances confondues est donc sommée de proposer des mécanismes et des
politiques clairement présentés en ce qui concerne les mesures à
prendre dans le domaine de la reforme des finances publiques. Il
s’agira de placer un garrot efficace pour juguler l’hémorragie
financière qui paralyse la gouvernance démocratique et aggrave l’état
d’extrême pauvreté des populations sénégalaises dans leur ensemble avec
une incidence de la pauvreté sur les ménages qui s’élève à plus de 60 %
d’après les estimations en cours. La lutte contre la corruption qui
doit nécessairement être menée concomitamment exigera des mesures
concrètes et efficaces qui devront aller au-delà des mesures
soporifiques proposées à l’heure actuelle.
Les institutions comme la Cour des comptes devraient
avoir des moyens et une autorité de sanction et d’auto saisine
indépendante qui doivent être renforcés et garantis. La séparation des
pouvoirs et l’adoption d’un régime parlementaire authentique devront
devenir une réalité palpable pour mener a bien les reformes envisagées
des finances publiques. Il faudra également ressusciter la Cour suprême
mais en la rendant totalement indépendante en même temps que la
magistrature du pouvoir Exécutif avec un budget propre et des
prérogatives allant de l’inamovibilité des magistrats assis ou leur
élection au suffrage universel ou local sur une période longue (10 ans,
par exemple).
A défaut de prendre des mesures hardies dans le domaine
de la lutte contre la corruption, la concussion, les détournements de
deniers publics et l’enrichissement illicite, la classe politique
sénégalaise continuera d’être hantée par des tensions de plus en plus
vives autour du contrôle du pactole financier national, des postes de
direction des sociétés nationales et des ministères. Le peuple
sénégalais sera le grand perdant comme toujours dans des situations
aussi malsaines.
C’est pourquoi Aide Transparence appelle les candidats
à la Présidence de la République à aborder sans faux-fuyants cette
question récurrente en en faisant un thème dominant de leur campagne
non à travers des professions de foi qui n’engagent personne mais par
des mesures concrètes inscrites dans le temps et par le canal de
mécanismes et de processus très précis.
Jacques Habib Sy
Directeur Exécutif
Aide Transparence
Villa N°1951 Sicap Liberté III, Allées Ababacar Sy -BP 5216
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