".... L’accès à la terre, au crédit ou à la technologie, l’abolition des mutilations
génitales féminines, le droit à la contraception, l’autorité parentale, la scolarisation des filles
ou l’accès à la décision ont été discutés et revendiqués au sein des associations et non des
partis politiques fussent-ils progressistes. Les partis n’incluent que du bout des lèvres (lip
service) ces revendications féminines contre l’application des lois coraniques, la parité en
politique, l’abolition de la polygamie, la condamnation des violences physiques, des abus et
harcèlements sexuels.
Mais la lutte reste difficile en raison de pratiques discriminatoires, de contraintes de
classe que les femmes subissent ou peuvent assumer elles-mêmes. Elles ont souvent
intériorisé les rapports d’inégalité entre les sexes maintenus par la famille, la culture, la loi ou
la religion. On constate que même au sein des bureaucraties administratives ou
parlementaires, elles continuent de subir la domination masculine ou en utilisent les formes et
les termes pour arriver au pouvoir. Dans le contexte actuel de la mondialisation des
économies et de la poussée des fondamentalismes religieux et politiques, les gains des
femmes sont de moins en moins sécurisés. Ils sont remis en question par les institutions
internationales et la coopération qui avaient elles-mêmes contribué à renforcer leur volonté de
liberté. Aussi à l’instar des autres mouvements féministes dans le monde, il est plus que
nécessaire de continuer à construire des alternatives."
Fatou Sow
Extraits de son article:
Politiques néolibérales et alternatives féministes : l’apport des mouvements de femmes en Afrique
Laboratoire SEDET – CNRS
Université Paris Diderot (France)
En 1992, l’Université de Toronto décerne à Fatou Sow un Doctorat Honoris Causa de l’Université de Toronto, qui sera suivi en 2002 par un autre Doctorat Honoris Causa de l’Université d’Ottawa (Canada, 2002). Elle collabore en effet depuis 1980, avec des institutions académiques d’Amérique du Nord, tel que l’Université du Maryland, l’Université de Californie à Los Angeles, Boston University, et l’Ohio Wesleyan Univeristy. Ses participations effectives aux recherches autour des femmes noires, donnent une valeur aux études critiques féministes de femmes noires en France, aux Sénégal et aux Etats-Unis.
Fatou Sow travaille au Centre National de la Recherche Scientifique en France, qui fait partie du groupe de recherche féministe Dawn (groupe de recherche de féministes des pays du Sud). Associée pendant de nombreuses années à l’Institut fondamental d’Afrique Noire Cheikh Anta Diop, au Sénégal elle est membre du Groupe de Recherche sur les Femmes et les Lois. Ses recherches actuelles menées autour des rôles sociaux des sexes dans le domaine africain, sont utiles à la promotion d’études axées sur les femmes noires France.