bonne lecture
C’était une belle
soirée, une soirée comme les autres. Awa avait encore accepté de faire la
fermeture du café. Non qu’elle ait spécialement besoin d’argent, le fait est
qu’elle ne savait pas dire non, du coup lorsque sa gentille patronne Linda le
lui avait demandé elle n’avait une fois de plus, pas pu dire non. Sa
gentillesse la perdrait, mais de toute façon ce n’était pas gratuit, cela
mettrait un peu plus de beurre dans les épinards. Elle regarda l’horloge en
face d’elle, il était une heure du matin. Et dire qu’elle devait être en cours
le lendemain à huit heures ! Heureusement, le café était actuellement
désert, il n’y aurait donc pas de clients récalcitrants à presser vers la
sortie. Elle avait fini son service. Elle s’assura que tout était bien en place
avant de quitter les lieux. Il se faisait vraiment tard, il y avait encore un
bus, mais Awa avait envie d’appeler son petit copain pour qu’il vienne la
chercher. D’habitude ce dernier le lui proposait automatiquement, mais ils
s’étaient disputés deux jours plus tôt et elle n’avait pas envie de faire le
premier pas. Question d’orgueil, elle décida donc d’attendre le bus. Il était
une heure dix, il serait là d’ici quelques minutes. Il faisait un peu frais
pour la saison, mais rien de bien insupportable, les rues étaient désertes.
Elle sortit son Ipod de son sac et planta son casque sur sa tête. Elle adorait
écouter la musique à fond, la voix mélodieuse de Barbara Kanam entama le
morceau Diarabi, qu’elle affectionnait particulièrement en ce moment, peut-être
à cause du rythme entraînant, ou de la mélodie chaude qui lui rappelait les
cérémonies auxquelles elle assistait du temps où elle était encore au pays. Le
bus arriva, elle monta et fit passer machinalement son pass navigo sur la borne
avant d’aller s’asseoir au fond du bus vide. Plus que quelques arrêts, quelques
rues à traverser et elle serait chez elle, pensa-t-elle pour se motiver. Elle regarda
son portable : aucun message. Habib était donc vraiment fâché, lui qui
d’habitude ne pouvait pas passer une minute sans l’appeler pour savoir où elle
était avec qui et pour faire quoi. Il avait donc compris le message elle avait
besoin d’air. Une fois arrivée à destination elle descendit du bus. Il faisait
très sombre malgré l’éclairage des rues. Allez plus que quelques centaines de
mettre et elle serait à la maison. Il y avait ce raccourci pensa-t-elle, elle
avait l’habitude de le prendre, elle serait chez elle plutôt même si pour ce
faire, il fallait traverser ce parking lugubre. Que faire ? Elle récita
intérieurement une petite prière puis pris le raccourci. Une fois dans le
Parking il faisait plus sombre que d’habitude. Awa sentit les battements de son
cœur s’accélérer, elle s’arrêta pour prendre son portable au fond de son sac
pour s’en servir comme torche. Tout à coup, elle une main puissante plaquer sa
bouche et un objet pointu contre ses côtes. Elle tenta de se dégager de la violence de cette étreinte, mais
l’inconnu était plus fort et la plaqua contre un mur :
-
Si tu bronches, je te crève lui murmura-t-il
a l’oreille.
Awa sentit, la panique la
submerger, il fallait qu’elle se calme, peut-être était-ce un drogué qui
voulait juste de quoi se fournir sa dose. Elle comprit bien vite que ce n’étai
pas le cas, l’inconnu fit descendre sa main le long de son cou, qui se referma
ensuite sur sa poitrine ferme.
-
Je vous en supplie, pitié… prenez tout
ce que voulez mais laissez moi partir
-
La ferme ou je te plante
Brusquement, il la fit tomber
par terre et s’allongea sur elle, elle sut immédiatement ce qui allait se
passer, elle était pétrifiée, elle voulut crier mais aucun son ne sortait de sa
bouche, seules les larmes qui s’écrasaient le long de ses joues lui faisaient
réaliser ce qui se passait. Lorsqu’il força son chemin en elle, elle sut à cet
instant précis qu’elle ne serait plus jamais la même…
Une heure, un jour, une
semaine ? Awa ne savait pas combien de temps s’était écoulé depuis
l’agression. Elle ne pouvait pas se résoudre à penser ni à prononcer le mot
adéquat. Elle se souvenait juste qu’elle
était restée là dans le parking, bien après que son agresseur soit parti, sans
bouger, pétrifiée à attendre un signe, quelque chose qui lui ferait comprendre
que ça n’était pas vraiment arrivé mais rien ne vint. Elle s’était donc relevée
avait rassemblé ses affaires et était rentrée chez elle. Elle avait passé une
heure dans la salle de bains à laver son corps meurtri, en vain, elle se sentait
toujours aussi sale. Awa avait rejoint son lit, et avait pleuré, pleuré toute
sa rage, toute sa colère contre elle-même. Pourquoi n’avait-elle pas
crié ? pourquoi s’était-elle laissé faire ? Pourquoi avait-elle mis
une jupe ce soir là ? Peut-être était ce qui avait attiré l’inconnu.
Toutes ces questions s’entrechoquaient dans sa tête sans pour autant trouver de
réponses, pourtant il lui en fallait. Pourquoi elle ?
Elle se leva et
retourna dans la salle de bains, le miroir lui renvoya l’image d’une jeune
fille au regard perdu. Pourquoi elle ? Etait-ce à cause de son abondante
chevelure que la plus part de ses amies lui enviaient ? Elle saisit la
paire de ciseaux qui se trouvait dans l’armoire à pharmacie ! Sans
réfléchir elle commença à couper, mèche après mèche, jusqu’à ce qu’il ne lui
reste plus qu’une toute petite touffe sur la tête. Elle n’était toujours pas
satisfaite, Habib laissait toujours sa tondeuse chez elle puisque c’est elle
qui le coiffait ; elle s’en empara avec fureur la brancha et se rasa la
tête, comme ca plus personne ne la regarderait, ni ne se retournerait sur elle
dans la rue. Elle ne voulait plus qu’on la regarde, elle ne voulait plus
exister…
Dernière édition par Akiss le 2010-03-20, 15:34, édité 1 fois