Je vous viens avec mon post le plus long de l'année pour l'instant
Si vous n'avez pas le temps, remettez la lecture à plus tard car il est long, vraiment long mais l'envie d'écire m'était venue la nuit dernière!
Lisez! Je trouve ça passionnant!
Je pense vous avoir dit à mon retour de vacances que j’avais été victime d’une agression sauvage en Gambie !
Eh oui, vous avez bien lu, j’ai bien dit « agression ».
Je vais vous raconter comment. J’ai écrit l’histoire hier soir car je n’avais pas l’envie de travailler la nuit dernière !
Première partie: Avant le voyage
Ce matin du 1er Août 2006, jour que je devais me rendre en Gambie pour y retrouver mon frère cadet qui y était en vacances avant moi, je me suis réveillé et suis rendu dans la chambre de ma mère pour lui dire bonjour et lui faire part de mon rêve de la nuit.
-Maman j’ai fait un rêve, dis-je.
- Lo guentati ?! waxatil jam dé, yaw mi nga xamné do guent dengay guiss !
(en français : Un rêve encore ? Dis quelque chose de bien, toi et tes rêves qui ne sont pas des rêves mais des situations réelles !)
-J’ai rêvé être dans une foule immense et j’ai vu des gens se battre !
-Defal sarakh balangay dem dé (Fais l’aumône avant de partir.)
J’ai négligé l’aumône sous la pression de mon ami et acolyte de voyage qui s’était réveillé plus tôt que moi et m’attendait déjà.
C’est ainsi que nous quittâmes Dakar et partîmes pour le royaume des Socés et des Wolofs au wolof fortement anglicisé.
Deuxième partie: Quand la gambie se nourrit des étrangers qu'elle accueille!
Arrivés à l’entrée de Bara, des policiers interceptèrent notre car et nous demandèrent un papier qu’on s’étaient censés se procurer à Kaarang, cette petite ville à la frontière sénégalo-gambienne.
Ce papier s’appelle un « laissez-passer » mais comme celui-ci fut instauré après notre dernier séjour dans ce pseudo-pays, on ne pouvait pas y penser.
Pourtant, les gens qui étaient censés nous remettre ce papier nous ont demandé nos cartes d’identité et nous ont laissé passer tout en sachant pertinemment que ce papier nous serait demandé et qu’on n’ignorait son existence.
Seulement, ils ne le remettent qu’à ceux qui le demandent.
L’un des policiers qui ont intercepté le car me demanda mes papiers par la fenêtre. Je lui tendis ma carte d’identité mais il me rétorqua ceci :
-anna lessé-passé bi ? (Et le laissez-passer ?)
-Lan moy laissé-passé ? (C’est quoi un laissez-passer ?), répondis-je.
-Wathial auto bi !!! (Descends de la voiture et vite !) me somma-t-il !
Nous descendîmes mon ami et moi, nos cartes d’identité dans ses mains. Il les remit à une belle policière qui elle ne comprenait que quelques mots de wolof !
Avec elle, ce fut vraiment la galère !
Elle se réfugia dans un grand local où un groupe de personnes était déjà amassé pour payer une amende dont le montant dépendait de son degré de marchandage.
Un couple Toubab a payé sous mes yeux la somme de 50 000 FCFA car n’ayant pas ledit papier !
-Pourquoi n’avez-vous pas demandé le laissez-passer à Kaarang ? nous demanda la jolie Socée dans un Wolof très proche de l’Anglais !
-On ne savait pas du tout qu’il nous fallait ce papier, répondis-je.
Comme vous ne saviez pas, vous aller devoir payer chacun la somme de 20 000 FCFA !
On avait beau supplié la dame/demoiselle mais sa réponse était tout le temps ça: « monoul néka, dêdêd ! » (c’est pas possible, non non !). Plus bizarre, quand je lui parle en anglais, elle refuse de répondre en anglais me disant que « yen Senegalese yi denguene mona wakha » (vous les Sénégalais, vous êtes trop forts pour convaincre mais aujourd’hui ça ne passera pas).
-Si vous ne voulez pas payer les 20000FCFA, nous allons appeler la « Police Station » et vous allez passer la nuit en prison avec les moustiques , nous dit-elle à un moment.
Je ne voulais pas que l’on paye le moindre centime à ces parasites qui se nourrissent de corruption.
-Nous voulons bien payer car nous sommes fautifs mais nous n’avons rien d’autre que notre billet de retour, lui dit mon acolyte.
-Donc payez 10 000 FCFA chacun et on vous rend vos cartes d’identité, répondit-elle. Je mis ma main dans la poche, y sortis une pièce de 250 FCFA et la lui tendis.
-Lolou dou dara, dêdêd ! (ça c’est rien, non, non !)
Au bout de 40 mn de marchandages inutiles car on ne voulait rien payer, j’ai demandé à l’ami de nous déchausser et de nous mettre à l’aise par terre sous un manguier à côté en attendant qu’ils nous rendent nos cartes. Ayant constaté que nous n’étions pas prêts à satisfaire à leur demande, la fille vint nous rejoindre sous notre manguier pour nous demander de retourner à Kaarang et chercher alors le fameux laissez-passer. Ce que j’ai accepté.
Comme on commençait à arrêter des cars pour faire demi-tour, la fille nous rendit nos cartes et demanda même à un taximan à côté de nous emmener gratuitement au garage où nous devrions prendre le ferry qui devait nous mener à Banjul.
Un grand ouf de soulagement après une bonne heure de souffrances !
Quand nous arrivions, nous ne pouvions que dormir malgré la grande nostalgie qu’il y avait entre nous et nos hôtes ! Tellement cette longue journée nous avait meurtris !
2 jours de belles vacances passèrent !
Troisième partie: L'agression proprement dite
Au terme du 2ème jour, le 3 Août, on décida d’aller rendre visite à une cousine et à son mari.
Mon frère voulait qu’on prenne un taxi pour se rendre chez eux mais j’ai refusé arguant que marcher c’était mieux pour mieux connaître la ville.
Mais c’est en mi-chemin que j’ai su ce que la misère humaine peut entraîner et que rien ne peut empêcher le destin.
En effet, nous avons trouvé un groupe de jeunes « kankourang men ». Vous devez avoir entendu parler du Kankourang qui est très réputé dans la partie sud de la Sénégambie !
Les Casamançais connaissent bien ce que c’est.
C’est en quelque sorte l’équivalent du « Simb» pour nous autres du centre et du nord mais je crois en plus sérieux et est essentiellement organisé pour gagner de l’argent. Je ne sais pas trop, peut-être que quelqu’un pourra bien m’expliquer.
On a jeté un coup d’œil au rassemblement et comme nous étions trop bien habillés (mon acolyte, mon frère et un de ses amis) et que je portais un très beau sac qui contenait un lecteur DVD pour ma cousine, l’un des « kankourang men », un gros lourdaud devant peser au moins 90kg nous accusa de les avoir pris en photo à leur insu !
Ce qui n’était pas le cas.
-Why nga photo nioun, why ? why? (pourquoi nous as-tu pris en photo?) dit-il!
-Non je ne vous ai pas pris en photo, pas du tout !
-Guénel appareil bi, moungi ci bag bi (Sors l’appareil, il est dans le sac !).
Sitôt, un groupe de badauds, tels des vautours affamés voyant un cadavre, apparurent de tous côtés pour nous entourer et profiter de ce qu’ils pourraient nous arracher !
-Wa gni ay people fan lagnou ? (Mais d’où viennent-ils d’ailleurs ces gens?), lança l’un d’entre eux dans la mêlée.
-Ay Sénégalais lagnou, boulen may niou wakha, bouniou wakha rek gagné len (ce sont des Sénégalais, ne leur donnez pas la parole, s’ils parlent ils vous convaincront), répond un autre.
Je voulais ouvrir le sac et leur montrer que nous n’avions pas d’appareil photo avec nous mais l’ami de mon frère me signifia que si jamais je le faisais, même s’ils ne le trouvaient pas, ils prendraient le sac ou casseraient le lecteur.
Je me suis alors abstenu de le faire mais comme ils pensaient que c’étaient des millions qu’il y avait dans le sac, la foule d’agresseurs grossissait de minute en minute.
La chemise que je portais fut complètement déchirée et le lecteur MP3 d'une valeur de 120 € que j’avais autour du cou arraché ! Je ressemblais à quelqu’un à qui on avait versé de l’eau : tellement je suais !!!
On ne voulait pas se battre à coups de poing (c’était notre seule arme) car d’une part le lourdaud à l’origine de l’agression portait une corne bien pointue comme arme mais que d’autre part, se battre à 4 contre une vingtaine de personnes pouvait être fatal!
Je voyais des mains partout dans mes poches et heureusement qu’il n’y avait rien dedans. Pauvreté, quand tu nous tiens !
Par contre mon frère qui avait l’équivalent de 60 000 FCFA dans les poches les a perdus !
C’est quand le lourdaud tenta d’enlever les chaussures de mon frère que l’affaire se compliqua et tourna au vinaigre ! Mon frère l’envoya tout simplement à terre d’un gros coup de pied dans le nez. Quelqu’un prit une grosse pierre qu’il jeta sur la tête de mon frère. Voyant qu’il était blessé, nous avons mis un terme à la négociation. C’était la vraie bagarre. Les coups de poings et de pied pleuvaient de partout !
Comme le lourdaud ne se relevait pas, on n’en a profité pour se réfugier dans la maison d’une famille sénégalaise à côté.
Le chef de la maison qui connaissait mon frère et son ami nous accueillit gentiment et menaça d’un fusil toute personne qui tenterait d’entrer dans sa maison. Nous restâmes chez lui pendant 1 heure et puis il sortit chercher un taxi qui nous ramena chez nous.
J'ai pensé porter plainte mais mes compagnons me dirent que ça ne servirait à rien dans ce pays pour un Sénégalais de porter plainte car ils ne lui donneront même pas la parole et qu'il n'est pas question pour eux de donner raison à un Sénégalais contre un Gambien!
Ce fut l’un des pires jours de ma vie et la première fois que je sois agressé !
On rendit visite à notre cousine le lendemain et àaprès une semaine de séjour, on a plié bagages et quitté ce pays hostile aux Sénégalais.
Voilà, qu'au lieu d’essayer de se réunir après que ces crapuleux colons sans cœur et sans vergogne les aient divisés, certains Africains érigent des frontières et imposent aux citoyens de pays frères de fortes sommes d’argent pour rentrer dans leur pays!
J’avais oublié de le mentionner : un Sénégalais résidant en Gambie doit payer tous les ans à ce « pays » 50 000 FCFA pour obtenir un papier qu’ils appellent «Alliance».
Et mon rêve avant le voyage? Ce n'est que le lendemain de l'agression que mon ami fit le parallèle avec mon rêve. En y réfléchissant, j'ai pensé que l'agression ne pouvait pas être évité car il fallait que je sois dans cette foule de gens qui se battaient!
Vous arrive-t-il de faire des rêves qui se réalisent?
Avez-vous une fois été agressés?
Si oui, racontez-nous la scène.