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D'ailleurs, au sujet des relations intimes, Dieu a
explicitement dit dans le Coran qu'elles pouvaient
être faites "comme vous voulez" (2/223). Quelles
sont donc les diverses positions à pratiquer, quels
préliminaires adopter, tout cela n'est pas spécifié
dans les sources de l'islam mais est laissé à l'appréciation
de chaque couple, comme le souligne
Shâh Waliyyullâh (Hujjat ullâh il-bâligha, tome 2 pp. 356-357).
En effet, étant donné que cela relève de ce qui n'est
pas purement cultuel ('âdât), il n'y a pas besoin du fait
que le Prophète ait pratiqué telle chose pour qu'on
puisse la pratiquer. La règle est donc la permission originelle,
à condition bien sûr que soient respectés un certain nombre
de principes enseignés par l'islam.
Et ces principes sont les suivants.
Tout d'abord il y a bien évidemment l'obligation, pour
les deux partenaires, d'être mariés. Pourquoi l'islam ne
permet-il pas les relations intimes hors du cadre du
mariage, cliquez ici pour le savoir. Comment se fait
un mariage religieux en islam, cliquez ici pour le savoir.
Il faut ensuite savoir que la sodomie est strictement interdite
(voir les nombreux Hadîths du Prophète à ce sujet,
notamment le Hadîth rapporté par At-Tirmidhî, n° 1164,
et par d'autres, authentifié par Al-Arna'ût). Le Prophète
a déclaré que celui qui y avait recours serait éloigné de la
miséricorde de Dieu (mal'ûn) (rapporté par Abû Dâoûd, n° 2162, hassan d'après Al-Arna'ût).
De nombreuses personnes posent la question de savoir
si les fellation et cunnilingus sont autorisés ou pas.
Il y a des avis divergents à ce sujet entre les savants...
Wahba az-Zuhaylî est d'avis que cela n'est pas
autorisé (Al-fiqh al-islâmî wa adillatuh, tome 4 p. 2641).
Pour Al-Qardhâwî, en soi, le fait pour les époux de
s'embrasser là où ils le veulent n'a pas été interdit
par les sources musulmanes (cf. Fatâwâ mu'âsira, ,
tome 2 p. 353, Tahrîr ul-mar'a, Abû Chuqqa, tome 6 p. 234,
où est cité l'avis de Asbagh sur le sujet). IL faut cependant
souligner que la substance que les organes génitaux
masculins et féminins sécrètent au moment de l'excitation
(on ne parle pas de "al-manî", émis uniquement au moment
de l'orgasme, mais de "al-madhî", la substance émise tout
au long de l'excitation) est najis et il est donc interdit de l'avaler.
Même à considérer le second des deux avis que nous
avons vus, la permission ne peut donc être que dans la
mesure où le partenaire ne va pas avoir recours à une
façon de faire qui l'entraînerait sans qu'il s'en rende
compte à absorber cette substance.
Il faut également savoir que pendant la période menstruelle,
les relations sexuelles sont interdites (Coran 2/222),
les étreintes et les jeux amoureux restant cependant
tout-à-fait autorisés alors (les Hadîths sont bien connus à ce sujet).
Certains savants étaient d'avis que lors de certaines
nuits (la première, la quatorzième et la dernière du mois lunaire),
il est en soi déconseillé que les époux aient des relations
intimes (voir Al-Ihyâ, Al-Ghazâlî, tome 2 p. 80).
(Majmû' ul-fatâwâ, tome 28 p. 29) ; en l'absence de toute
autre raison (par exemple la période menstruelle),
les relations intimes sont donc en soi permises
quand les époux le veulent.
Nous voudrions aussi dire que si l'islam est strict en
ce qui a trait à l'exposition des corps en public
(voir l'article concernant les limites à l'action des regards),
il n'a en revanche ni interdit ni même déconseillé le fait
que les époux soient totalement dévêtus (dans un lieu
où personne ne peut les voir) ni le fait que les époux
voient totalement leur nudité (excepté pendant la
période menstruelle pour ce qui concerne la partie
comprise entre les genoux et le nombril chez la femme,
selon certains savants). En effet, des Hadîths interdisant
ou déconseillant de se dévêtir totalement au moment des
relations ou de voir la nudité de son conjoint(e), aucun
n'est authentique d'après certains spécialistes du Hadîth
(voir Tahrîr ul-mar'a, Abû Chuqqa, tome 6 pp. 148-149,
et aussi Adâb uz-zafâf, Al-Albânî).
Il faut également rappeler que les sources musulmanes
enseignent que la satisfaction sur le plan intime n'est
pas seulement un des droits du mari, mais également
un des droits de l'épouse (Tahrîr ul-mar'a, tome 6 pp. 232-233,
où est cité le propos de Ibn Taymiyya sur le sujet).
Ici, il faut souligner qu'il ne faut pas négliger les
préliminaires (at-tajammul et al-mudâ'aba) avant les
relations intimes (cf. Zâd ul-Ma'âd, Ibn Qayyim, tome 4 p. 253).
Or, ce point doit faire l'objet d'une attention toute
particulière de la part du mari, car l'homme et la femme
ne vivent pas leur sexualité de la même manière.
L'homme considère que les préliminaires sont quelque
chose à faire le plus rapidement possible pour passer
ensuite à ce que lui considère être l'essentiel.
Alors que pour la femme, tout est essentiel, et surtout
les préliminaires. Bien plus que cela, la femme, pour
pouvoir se donner à son mari, doit faire l'objet de
l'attention et de la gentillesse de celui-ci toute la journée.
Si le mari estime pouvoir avoir une relation intime avec
sa femme malgré le fait qu'il la délaisse tout le temps,
il se trompe lourdement. En fait, alors que pour l'homme,
la sexualité est beaucoup plus physique, la femme ne
peut se donner à son mari que si elle se sent bien avec lui,
si elle s'estime en sécurité auprès de lui, si elle y est prête psychologiquement. Le mari doit donc s'efforcer de tenir
compte de ce point important.
Toujours en ce qui concerne les principes, nous aimerions
également rappeler que le Prophète (sur lui la paix) a
recommandé qu'on prononce le Nom de Dieu avant les
relations intimes ("Bismillâh, allâhumma jannib'na-sh-shaytâna wa jannib-ish-shaytâna mâ razaqtanâ") (rapporté par Al-Bukhârî et Muslim).
Ce fait de prononcer, avant tout acte de bien, le Nom de Dieu
(par la formule bien connue "En prenant le Nom de Dieu")
permet entre autres de se rappeler qu'Il est Présent et
d'acquérir la bénédiction liée à Son Nom (puisqu'en islam,
il n'y a pas de prêtre qui accorderait la bénédiction au nom de Dieu).
Il faut aussi rappeler que le Prophète a déclaré
qu'après des relations intimes, le bain complet (ghusl)
est obligatoire sur les deux partenaires avant qu'ils puissent
faire une prière (salât) (les Hadîths sont bien connus à ce sujet).
Enfin, le Prophète a interdit que les époux racontent
à d'autres personnes des détails de ce qui se passe
pendant leurs relations intimes
(voir à ce sujet le Hadîth rapporté par Muslim, n° 1437,
celui rapporté par Abû Dâoûd, n° 2174, et
celui rapporté par Ahmad, n° 26301).
Comment ne pas finir cet article par le rappel que Dieu
lui-même a fait dans le Coran ? Rappel qui repose sur
l'idée que si l'instinct sexuel est normal et que si les époux
peuvent et doivent vivre une sexualité épanouie
(comme ils le veulent tant qu'ils ne transgressent pas
une limite fixée par les sources musulmanes).
ils ne doivent pas oublier les autres aspects de leur être,
et notamment le fait qu'ils doivent aussi vivre une
spiritualité épanouie, et pour cela pratiquer les actes
du culte de Dieu (salât, etc.), développer en eux l'amour
pour Dieu, la perfection dans l'adoration (al-ihsân) et la
perfection dans le monothéisme (at-tawhîd al-kâmil).
Et qu'ils doivent également œuvrer, par l'invitation (da'wa)
et l'action, pour la réalisation d'un monde plus humain,
d'une société plus juste et plus fraternelle. En un mot,
le fait de pratiquer ce qui est acte de bien et est cause
de plaisir ne doit pas engendrer l'insouciance par rapport
à ce qui est acte de bien et qui constitue un devoir...
Ce rappel, Dieu l'a fait ainsi : immédiatement après
avoir déclaré aux humains que les relations intimes
pouvaient être faites "comme vous voulez", Il leur dit :
"Et préparez pour vous-mêmes. Et craignez Dieu, et sachez que vous le rencontrerez. Et donne la bonne nouvelle aux croyants" (Coran 2/223).
La solution pour pouvoir se réaliser dans des domaines
aussi multiples est de faire sien cet enseignement du Prophète
(sur lui la paix) : "Un temps et un temps" (rapporté par Muslim, n° 2850). "Un temps" pour les choses de la vie ('âdât), vécues d'une
part selon les formes que l'on veut mais en respectant
les principes enseignés par le Prophète, et d'autre part
avec la prononciation du Nom de Dieu et des invocations
de circonstances enseignées par le Prophète. "Et un temps"
pour les choses purement cultuelles (ta'abbudât), pratiquées
d'une part en respectant les principes enseignés par le
Prophète autant qu'en se tenant aux formes qu'il a
pratiquées, et d'autre part avec le maximum de présence du coeur.
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).