Les chaînes de télé pour bébés mieux encadrées.
Baby First, Baby TV… les tout-petits ont leurs propres chaînes de télé. Si l’initiative a d’abord suscité l’engouement des parents, elle est aujourd’hui décriée par les professionnels de l’enfance. Et le CSA vient de poser des règles pour encadrer ces chaînes.
Baby First, Baby TV… les tout-petits ont leurs propres chaînes de télé. Si l’initiative a d’abord suscité l’engouement des parents, elle est aujourd’hui décriée par les professionnels de l’enfance. Et le CSA vient de poser des règles pour encadrer ces chaînes.
La télé pour bébés est un concept venu directement des Etats-Unis. En France, les parents ont le choix entre Baby TV (depuis 2 ans et demi) et Baby First (depuis octobre). Cette dernière est disponible dans 28 pays et touche 73 millions de foyers… Le principe ? Elles diffusent 24h/24 et 7j/7 des programmes, sans pub, destinés aux enfants de 6 mois à 3 ans. Couleurs vives, images lentes et simples…leur objectif est d’éveiller bébé au monde qui l’entoure et/ou de l’endormir avec des berceuses. Les émissions, qui durent de 2 à 7 minutes, sont élaborées en collaboration avec des pédopsychiatres. Mais ces derniers sont aussi les premiers à tirer sur la sonnette d’alarme : les enfants ne doivent pas devenir des “téléphages”.
A partir du 1er novembre 2008, un message d’avertissement sur l’écran
Mi-août 2008, le CSA a demandé aux distributeurs français de ces chaînes (basées à l’étranger) de “porter régulièrement à la connaissance de leurs abonnés, sous la forme de leur choix, de façon facilement lisible et accessible” un message d’avertissement sur l’écran : “Regarder la télévision peut freiner le développement des enfants de moins de 3 ans, même lorsqu’il s’agit de chaînes qui s’adressent spécifiquement à eux”.
Le CSA interdit également aux distributeurs de promouvoir directement ou indirectement les vertus éducatives et pédagogiques de ces émissions, afin de ne pas induire en erreur les parents. Editeurs et distributeurs devront fournir chaque année au CSA un rapport sur la mise en œuvre des mesures prévues.
Télé et bébé ne font pas bon ménage
Selon les études, un bébé de moins de 1 an ne doit pas rester plus de 5 minutes par jour devant la télé. Un enfant de moins de 2 ans, pas plus de 20 minutes, et un enfant de 2,5 à 3 ans ne doit pas dépasser une heure devant l’écran. Troubles de la concentration, dépendance, retard du langage, agitation, troubles du sommeil, passivité… Selon les professionnels de la santé interrogés par le CSA, la consommation abusive de la télé peut provoquer :
• Un problème psycho-affectif : bébé, pour développer sa motricité, a besoin de plusieurs sources sensorielles que la télé n’offre pas. Il risque au contraire d’être dépendant de l’objet télévisuel, d’être freiné dans son évolution langagière, d’être isolé affectivement, d’avoir des troubles de la concentration…
• Un problème éducatif : bébé doit avoir un environnement culturel riche et varié. En dessous de 3 ans, l’enfant n’a pas les capacités intellectuelles assez développées pour s’en tenir aux formes, sons et images de la télé. La télé peut aussi engendrer un risque de fatigue nerveuse, une asociabilité future, un formatage des goûts sans respecter la diversité culturelle…
• Un problème économique et juridique : la logique commerciale des chaînes repose sur les vertus de l’utilisation de ces chaînes, loin des recommandations des experts, discours qui risque de fausser les parents en les poussant indirectement à en abuser. Ces chaînes iraient à l’encontre du développement de l’enfant et de la protection des mineurs dans les médias.
Il faut cependant noter une nuance : tout est dans l’usage. Il doit y avoir un échange, sur les images perçues, entre le nourrisson et l’adulte présent à côté de lui. La télévision deviendra alors un, et seulement un des moyens de développement de l’enfant, comme les activités manuelles et sportives, la musique ou les jeux. La ministre de la Culture Christine Albanel a insisté en précisant qu’il ne s’agissait pas d’émissions à caractère terroriste, violente ou pornographique (source : latribune.fr) et qu’il n’était pas justifié de les supprimer.
Le CIEM (Collectif interassociatif enfance et média) mobilise l’opinion publique, notamment à l’aide d’une pétition : le “Moratoire contre la fabrication des bébés téléphages” a déjà récolté près de 30 000 signatures.
Plus d’infos sur http://squiggle.be/appel/?petition=2