par Lyncx 2011-02-27, 04:13
Le temps qui passe, contre le temps qui se fige.
Ce souvenir que j'ai de toi, devant moi, les yeux pétillants de cette intelligence que j'arrivais à peine à déceler. Cet instant, ces instants tellement purs, agrégés en un seul souvenir, grave dans le cours morne de ma vie un drapeau, flottant au vent de mes souvenirs qui s'effacent. Ce drapeau est un repère, une borne que j'aperçois au loin, comme un vide sublime qui arrête le temps et les pensées. Cette borne est la limite temporelle de mon malheur.
Le temps qui passe, contre le temps qui se fige.
Tu es mon temps qui se fige, celle auprès de laquelle rien ne coule, rien n'efface de cicatrices indélébiles le satin d'une peau noire. Tu me regardes, de ce regard insoutenable de celle que ne blâmera aucun homme. Ce temps que tu arrêtes est ta plus grande ennemie: elle écorche, affadit et tue. Ce temps là est celui qui me régit, maintenant que je suis loin de toi, maintenant que, pour toute immuabilité, je ne brandis que l'étendard de ton image face à la grisaille qui m'entoure et qui dure, qui dure, qui dure...
Le temps qui passe, contre le temps qui se fige.
Et maintenant, le temps me nargue. Il m'avait, un jour, donné l'espoir qu'il s'arrêterait. Mais son torrent coule de plus belle. Que faire, quand tout espoir de l'arrêter disparaît à mesure que s'efface de ta mémoire mon souvenir? Qu'espérer vivre encore en ce monde, si toute aventure et toute histoire ne s'écrira point dans mon coeur? Que te dire alors, qui ne risque de compromettre cette chose qui m'est si chère: ton bonheur?