A celles qui voulaient l'entendre, ce n'était pas les circonstances qui étaient hilarantes, mais plutôt leur manière de se battre
Comme à l'accoutumée, la gare de Case-bi était blindée de monde. Un matin, à 7h30, tout le monde en retard, pas assez de Ndiaga Ndiaye et des coxeurs qui se permettent de faire monter et descendre les gens comme bon leur semble... Tout les monde est à l'affut de la moindre charette, le moindre véhicule en partance pour Dakar.
Un NdiagaNdiaye arrive, et embarque pour Colobaan. Ruée de tous les diables. Coups, insultes entre les passagers qui tentaient de se trouver une place dedans. Il en était même qui passaient par les fenêtres.
Vu que nous étions assez petits, mon petit frère et moi, nous sommes arrivés à nous faufiler tant bien que mal à l'intérieur, rempli en quelques secondes. Le problème débuta quand tout le monde dût s'asseoir. En fait, il y avait un client de trop dans le car, et deux gaillards se disputaient à présent un strapontin. L'un disait qu'il était le premier monté, et que cette place lui revenait de droit, l'autre répliquait que pour qu'il abandonnât cette place, il eut fallu que celui qui était derrière reculât... Enfin, un dialogue de sourds, qui fallit se terminer par l'empoignade, tant les insultes étaient violentes entre les deux types
. En fin de compte, ils se promirent de se calmer et de se régler leurs comptes une fois à Colobane. L'un des types prit la place de mon petit-frère et le posa sur ses genoux pendant le voyage.
A Colobane, nous qui croyions qu'ils en avaient fini fûmes surpris de les voir descendre avant tout le monde, et de les voir prendre leur pose. l'un retroussa les pans de son boubou, l'autre remonta son pantalon pour lui éviter d'être tâché par la boue.
Et le mec au boubou attaqua. Il n'eut pas de chance cependant
. Car l'autre esquiva son attaque et il alla se ramasser, tête la première, dans l'un des fosses d'égout qui longeaient la gare de Colobane. La fosse était franchement dégueulasse: boue, sachets de plastique, goudron, urines, eaux usées... Le mec se retrouva à patauger dedans, et le fait qu'il continuait d'insulter l'autre tout en essayant de se dépetrer ajoutait au grotesque du spectacle. En méchants spectateurs, nous rigolions à gorge déployée, malgré les malédictions qu'il nous lancait à la tête
Nous prîmes la fuite aussitôt qu'il sortit, rigolant toujours...
Colobaan comme théâtre!