Le tourisme au Sénégal est bien développé. Selon les statistiques en 2006-2007, ce sont 992 000 touristes qui ont visité ce pays .Même en raison des difficultés d’ordre organisationnel qu’il traverse, l’année dernière, ce nombre a atteint 800 000 touristes avec 300 milliards de recettes brutes. Le gouvernement Sénégalais ciblerait même près de 1,5 millions de touristes en 2010. Cela, pour dire que notre pays voisin est bien prisé par les touristes, surtout ceux des pays occidentaux.
Cependant, à côté de ces chiffres flatteurs, le tourisme au Sénégal entraine avec lui ses conséquences fâcheuses : trafic de drogue, prostitution, dépravation des mœurs...La liste est longue et le constat bien amer. Cette réalité est bien constatable par n’importe quel visiteur des hauts lieux touristiques de ce pays de notre sous région.
Ainsi, de la « petite côte »en passant par le village de Somone, sans oublier Saly, l’atmosphère et l’ambiance restent inchangées. Présence accrue d’une clientèle européenne, valse des petits revendeurs, ronde incessante des belles de nuit...
Des Maliennes qui font des émules !
Il y’a un mois de cela, lors de mon voyage sur Dakar, dans le car qui nous transportait, une commerçante sénégalaise du nom de F. Traoré, était ma voisine de siège. Après une centaine de kilomètres de route, nous avons fait connaissance. Après les présentations, je suis resté dubitatif sur son nom de famille « Traoré ».Pour satisfaire ma curiosité je ne me suis pas empêché de lui demander : qu’est ce qui fait qu’une sénégalaise porte un nom de famille typiquement malien ?
En réalité, je ne me rappelle pas de tout ce que Fatou m’a donné comme explication. Mais, j’ai retenu qu’elle est originaire d’un village du nom de Saly.
Saly , le diminutif d’un autre prénom malien, Salimata ?
Non, rétorque ma voisine. « C’est un beau village touristique, baptisé par des explorateurs portugais : Saly Portudal »a-t-elle expliqué. Avant de poursuivre que cet endroit, par les conséquences du tourisme, est entrain de changer de visage négativement. « Nombreuse de nos petites filles ne jurent que par le nom des vieux blancs. Aussi, là bas on rencontre toutes les nationalités, mêmes des Maliennes à la recherche des partenaires Toubabs »martèle Fatou.
Ces propos de cette quinquagénaire n’étaient pas véridiques à mon avis. En bon Malien, je me suis senti vexé. C’est pourquoi, en vue de cerner la réalité, à mon retour de Dakar, j’ai promis à la dame de m’y rendre moi-même pour me mettre à l’évidence.
Saly, un département de M’Bour de la région de Thiès, est situé à 80 kilomètres de Dakar sur la route menant au Mali. Par taxi, le transporté de Dakar devrait débourser la somme de 1400FCFA pour rallier cette localité.
Au 1er rond-point, une grande plaque indique la station balnéaire avec une longue liste d’hôtels et de résidences. A la découverte de cette indication, je me suis dit que c’est sûrement là bas que « ça se passe ».
J’avais raison, car après plus d’une demi-heure de marche, je n’ai croisé, en majorité, que des Toubabs .Certains, dans leurs bagnoles en compagnie des filles « noires », d’autres en groupe dans des navettes d’Hôtels. De toute mon existence je n’avais jamais vu de mes yeux (sauf dans les films), un tel mouvement des hommes de peau blanche.
Arrivé au marché des artisans, par la nature des objets d’arts exposés devant sa boutique, je me suis dit que celui ci devrait être un exposant sonrhaï. « Plutôt, touareg, je suis venu du nord Mali, ici, nous sommes comme au pays, pas de problème, la clientèle en majorité européenne est régulière » m’a lancé gentiment Ag avant de me servir du bon thé. Devant son commerce, nous avons continué les conversations sur les nouvelles du Mali, mais surtout sur Saly. A en croire mon interlocuteur, elles sont nombreuses les Maliennes qui viennent se prostituer aux « vieux blancs » ici à Saly. Où peut-on les rencontrer lui ai-je demandé ?
Partout, mais elles sont généralement logées dans des résidences privées, m’a-t-il répondu.
Comme un coup de chance, devant les étales d’une vendeuse de légumes, deux jeunes filles presque nues, vêtues, l’une en culotte jean avec le ventre au vent et l’autre en tenue transparente, s’échangeaient en bambara, comme à Bamako. C’est à partir de là que j’ai donné raison à ma compagne de voyage.
Evoluer avec sa technique !
« Je suis ici avec mon fiancé, c’est un français que j’ai rencontré sur le net, il a 40 ans de plus que moi, nous voulions nous installer au Mali, mais il a peur de la chaleur qui sévit là bas » m’a confié A.T, une ancienne étudiante de l’université de Bamako. Laquelle soutient qu’à Saly, son endroit préféré est la plage pendant les après-midi et les night clubs, la nuit. Cependant, ma compatriote n’a pas voulu me présenter son fiancé qu’elle traite de gros jaloux. Inconstance quand tu nous tiens.
Après mon installation dans une résidence privée, négociée à 6000F CFA la nuit, Je suis retourné chez mon ami, vendeur d’objets d’art, afin qu’il m’indique un coin chic le soir.
« L’étage », il ne s’agit pas du haut d’un rez de chaussée, mais le nom d’une boîte de nuit. Après 00 heures à « l’étage », l’ambiance est électrique, les boissons coulent à flots, les clients surchauffés et le sexe à bon prix. Les belles de nuit, elles sont de tous les goûts et de toutes les nationalités. Les Maliennes, on n’en compte pas du bout des doigts. Reconnaissables parmi tant d’autres à partir de leur langage et de leur pas de danse surtout sous les sons de la musique du pays.
Elles sont présentes, que ça soit dans les hôtels ou sur les autres espaces d’activités touristiques de Saly : pêche, planche à voile, ski nautique, tennis, natation, équitation, etc.
Aussi, en plus de celles-là qui évoluent à visage découverts, paraît-il que nombreuses de nos concitoyennes font des bons marchés avec des touristes européens du Sénégal, sur recommandation. Allez-y le savoir
Moustapha Diawara
Le Quotidien de Bko, 07/05/2010
Matinal