WalFadjri:
Samedi 16 Sep 2006
Les rapatriés d'Espagne accusent : 'WADE nous a vendus pour 13 milliards"
L'arrivée de la deuxième vague d'émigrés clandestins a failli tourner au vinaigre. Refusant d'émarger pour 10 000 francs offerts par le gouvernement sénégalais là où les autorités espagnoles leur ont donné plus de 32 500 francs, les clandestins ont boudé. Il a fallu l'entregent du commandant de la Légion nord pour les ramener à la raison.
(Correspondance) - Il aura fallu attendre le deuxième jour des opérations de rapatriement d'émigrés clandestins sénégalais venant d'Espagne pour noter les premières difficultés. En effet, si les soixante premiers rapatriés d'avant-hier, arrivés de Las Palmas, à bord d'un charter Air Europa espagnol, ont montré quelques signes d'énervement au moment d'embarquer dans les cars ‘Ndiaga Ndiaye’ devant les acheminer jusqu'à leur terroir d'origine, l'ambiance qui a prévalu, hier, à l'aéroport Dakar-Bango de Saint-Louis était autre parce qu'électrique et tendue. Le commandant de la légion Nord, le colonel Sidya Diédhiou, le commandant Djibril Sy et ses hommes ont été obligés de se faire violence et de négocier avec les camarades de Ibrahima Maro de Sédhiou dans la région de Kolda, Alpha Oumar Bâ de Ziguinchor, Oumar Tounkara de Kaolack, Bara Dieng de Touba Madiyana dans la région de Diourbel pour éviter que l'inévitable ne se produise.
C'est au moment du départ de ces émigrés de l'aéroport, qu'ont débuté les problèmes. Ce deuxième lot d'émigrés a, en effet, refusé de défalquer le billet du retour ‘des maigres 10 000 F Cfa ‘ que le colonel Athie leur a donnés au nom du gouvernement sénégalais en guise d'appui. Surtout que, confient-ils, à leur descente d'avion, c'est 50 euros (plus de 32 500 Cfa) que les autorités espagnoles leur ont remis. Après moult discussions et échanges avec le service d'ordre, ils ont finalement décidé de quitter l'aéroport à pieds sous les vivats du public massé aux abords de l'aéroport.
Sentant que la situation était en train de dégénérer, le colonel Sidya Diédhiou intima l'ordre à ses subordonnés de les faire revenir. Les conciliabules pouvaient, dès lors, commencer. Pendant plus d'une heure, alors que deux autres avions espagnols (un charter Air Europa de 61 passagers et un Mac Donald 83 avec à bord 60 passagers) stationnaient en attendant la fin des tractations, il a fallu avoir recours à plusieurs types de stratagèmes et subterfuges pour calmer l'ardeur de ces Sénégalais surexcités et révoltés par un retour non désiré au pays.
En chœur, ces candidats à l'émigration clandestine, ont confié aux journalistes ayant bravé les fortes pluies qui se sont abattues à Saint-Louis, être ‘très en colère contre les autorités sénégalaises, notamment le président Abdoulaye Wade’. Ils reprochent surtout au chef de l'Etat sénégalais de les ‘avoir vendus pour treize milliards, d'avoir planifié notre rapatriement contre notre gré, là où d'autres émigrés issus d'autres pays africains ne sont pas inquiétés, eux qui sont même en passe de recevoir les papiers devant leur permettre de trouver rapidement du travail en Espagne’.
En attendant la suite des rapatriements programmés lundi prochain, avec trois autres vagues d'émigrés sénégalais, ce sont, au total, deux cent quarante et un clandestins qui ont été officiellement refoulés d'Espagne via l'aéroport Dakar-Bango de Saint-Louis, en deux jours.