Mariage destructeur: 4ème partie
Bourse de Bruxelles, pleine à craquer les spéculateurs vont, viennent, se croisent, s'entrechoquent, hurlent, rient, dans cette fourmillère on peine à reconnaitre Ismaila et Phillipe son ami de toujours et son associé; les deux hommes sont touts excités et leurs yeux qui ne quittent pas l'écran géant indicateur, manifestent de leur inquiétude; ils s'adressent à un autre homme qui disparait dans la foule, celui ci revient trente minutes plus tard et leur dit quelque chose à l'oreille qui leur fit sauter de joie puis ils cherchèrent à se frayer un chemin dans la masse. Arrivés au parking ils crièrent de joie et se mirent à danser comme des fous tout en criant: "on a gagné! on a gagné!". En effet leur actions avaient pris un envol spectaculaire devant de grandes multinationales et valaient désormais un prix d'or ce qui signifiait aussi une propérité dans leurs affaires. Quelque minutes plus tard Ismaila conduisait sa mercedes flambant neuve et il pensait à la réaction de son père et futur beau père s'il venait à apprendre la nouvelle, lorsque la sonnerie de son portable lui arracha de ses pensées, il décrocha sans prendre la peine de regarder l'écran; Cathy était au bout du fil et les respirations fortes et saccadées qu'il entendit prouvaient qu'elle n'allait pas bien du tout:
-" que se passe t'il encore Cathy?"
-"j'ai besoin de toi faut que tu me rejoignes à la maison"
-"non je peux pas là j'ai du boulot, quel est le probléme?"
-" pourquoi n'as tu pas approvisionné mon compte?!"
-" si c'est pour t'acheter de la poudre je préfére ne plus le faire j'en ai marre de cette situation et puis je t'avais bien dit de quitter la maison puisque tu refuse de faire une cure de désintoxication....."
-" espèce de salaud, regarde comment tu me parles, c'est de ta faute si je me suis mise dans cette situation, moi on ne me vire pas de cette façon, amènes tes fesses tout de suite sinon tu me le paieras trés cher....!!!!"
Elle n'eut le temps de terminer sa phrase, Ismaila avait raccroché son téléphone sous le regard désapprobateur de Phillipe.
-" écoutes mec je comprends que tu ne veuille plus d'elle à cause de ta petite sénégalaise, mais au moins faut l'aider à sortir de ce cercle vicieux tu crois pas?"
-" c'est une pétasse! je ne lui ai jamais demandé de se droguer avec de l'héroine, on a juste fumé quelques pétards c'est tout"
-" ben justement c'est ça qui a tout déclenché donc tu as une part de responsabilité dans cette affaire, tu sais qu'elle t'aime et qu'elle aurait fait tout ce que tu voulais donc il fallait lui imposer d'arrêter et je suis sûr qu'elle aurait obéi rien que pour te faire plaisir mais tu l'a laissé s'enfoncer comme une merde, non mais à quoi tu joues là, toutes les femmes ne sont pas comme Karine que je sache!!"
Ismaila lui jetta un regard si furieux qu'il tréssaillit, ce qui lui fit comprendre qu'il était toujours habité par ses esprits vengeurs. Ils s'étaient rencontrés dix ans plutot dans un foyer pour sans abris, à force de partager la même chambre ils finirent par sympatiser et devinrent de bon amis et un jour de déprime Ismaila lui conta son histoire.
Il avait rencontré Karine à l'Université de Liège, et elle l'avait tout de suite plut, après être sortis ensemble pendant une année ils décidèrent d'emménager parce que Karine était enceinte, heureusement pour lui en il était à sa dernière année d'études donc aussitot après l'obtention de son diplome ils se mit à chercher avec acharnement un travail qu'il trouvera dans une compagnie d'assurances quelques jours avant la naissance de leur fils.Ismaila vivait un rêve voluptueux avec une karine docile, compréhensive et surtout très amoureuse; cependant la dure réalité vint frapper à leur porte le jour où il perdit son travail; ce qui créa une métamorphose totale chez elle d'autant plus qu'elle n'avait pas tenu à travailler pour mieux s'occuper de leur enfant; donc il fallait serrer la ceinture. Les disputes étaient de plus en plus fréquentes, ils s'ignoraient pendant des jours et à force de vivre dans le stress quotidien Ismaila souffrait de troubles de l'érection ce qui ne fit qu'empirer les choses. Un jour qu'il revenait d'un entretien il trouva toutes ses affaires devant la porte de l'appartement, il ne prit pas la peine de chercher à lui parler car il se disait qu'elle traversait une mauvaise passe et qu'elle finirait par se calmer, seulement ses espoirs furent vites anéantis lorsqu'il apprit, par l'intermédiaire d'un ami commun que Karine avait quitté la Belgique avec son enfant; ce chérubin qu'il aimait de tout son être et qui portait le nom de son vrai père mort de chagrin pour avoir perdu sa femme lorsqu'elle mettait Ismaila au monde . Donc où fallait il chercher?, à qui en parler?, il ne pouvait compter sur la justice parce qu'ils n'étaient pas mariés légalement et surtout lui n'était pas belge, de plus il n'arrivait toujours pas à trouver du travail; il aurait pu solliciter l'aide d'El Hadj mais sa fierté ne le lui permettait pas car il tenait à rester ce fils modèle dont il se vantait toujours. Donc sa résignation grandissait tout en drainant avec elle une mysoginie dont quelques pauvres femmes allaient en payer le prix.
Alors étant donné que l'oisiveté est la mère de tous les vices, il rencontra un jour un dealer nigérian qui le fit entrer dans le circuit, après s'être fait beaucoup d'argent, il quitta Liège pour Bruxelles pour oublier ce douloureux souvenir qui le hantait et s'acharnait sur lui, et lorsqu'il apprit que sa bande et le caid étaient tombés dans les filets de la police, il prit la décision de tourner la page liégoise pour toujours.
Ismaila était rusé, persévérant et insensible, ce qui sont les caractéristiques de la plupart des hommes d'affaires et c'est ce qui a fait qu'il avait réussi à se faire une place au soleil dans la jet set bruxelloise et ceci malgré les nombreuses piéges qu'on lui avait tendu car la couleur de sa peau ne jouait pas en sa faveur; cependant du côté sentimentale c'était le chaos, il collectionnait les femmes et se servait d'elles de la manière la plus vile qui soit et plus elles souffraient plus il y prenait du plaisir malgré les remontrances de Phillipe qui jugeait cette attiude immature et cruelle; toutefois au fil des ans il sentait que son ami était en train de se lasser de ces aventures et son opinion se confirma le jour où il lui annonça son intention d'épouser Fatoumata et lui répondit
-" je n'ai jamais été aussi d'accord avec toi, faut que tu cesses de faire le con et que tu te cases enfin!"
Ismaila avait apprit par son oncle que sa cousine était réticente mais il était convaincu qu'une fois arrivée en Belgique et qu'elle aurait vu tout ce qu'il était prêt à faire pour elle, elles finirait par changer d'avis; et d'ailleurs jusqu'ici aucune femme ne lui avait jamais résisté cependant il a été absent trop longtemps de Dakar et il connaissait mal celle à qui il avait à faire.
Lorqu'ils traversèrent les couloirs des locaux où il avait établit son entreprise, toutes les femmes s'activaient dans une opération de séduction qui lui plaisait tellement qu'il lui arrivait d'arpenter ces couloirs plusieurs fois par jour; une défaisait le bouton haut de son chemisier une autre relevait discrétement sa jupe; une croisait et décroisait ses jambes avec le meilleur sourire qu'elle n'ait jamais fait de toute sa vie, puis il aida une autre qui avait fait tomber devant lui une pile de dossiers et qui en profita pour lui prendre la main et lui dire doucement:
-"c'est cette cravatte qui est jolie où c'est vous qui étes si beau monsieur?"
Mais tout ce charme fut rompu par sa vieille secrétaire qui se présenta devant lui, raide et coincée tel un soldat du palais royal de la Belgique.
-" bonjour monsieur"; elle le suivit jusqu'à son bureau
-" d'abord je vous félicite car j'ai appris tout ce qui s'est passé à la bourse, voici le communiqué de la réunion de demain, les rapports des transactions boursières et enfin vous avez cinq messages de votre gouvernante qui dit que madame Cathy menace de semer la pagaille dans votre maison..."
"putain je l'avais oubliée celle là...! merci Suzanne vous pouvez disposer"
Il reprit rapidement les clés de sa voiture et en sortant il passa dans le bureau de Phillipe.
-" faut que j'y aille, Cathy va vraiment mal et je ne veux pas qu'elle fasse des bêtises!"
-" tu veux que je vienne avec toi?!"
-" non non! ça va aller c'est entre elle et moi, faut que je régle cette histoire une bonne fois pour toutes; je te confie la boite ok?!" il partit en courant.
Il ouvrit la porte devant sa gouvernante effrayée.
-" elle est où?!"
-" dans votre bureau monsieur, elle est en train de tout saccager!"
-" bordel!" il montat les escaliers à toute vitesse puis ouvrit brusquement la porte de son bureau sa mine s'assombrit davantage à la vue du spectalce qui s'offrait à ses yeux
-" mais qu'est ce qu tu fous Cahty?!!!!"
-" il est où le coffre?!!" dit-elle en tremblant et en se gratttant tout le corps
-" mais tu fais chier je t'ai dit que je ne te donnerais pas un sou! va te faire soigner bon sang! "
-" tu peux pas me faire ça! tu peux pas me faire ça! t'as pas le droit! salaud!!"
Elle devint hystérique se se jetta rageusement sur lui elle lui griffa le visage et lui donna quelque coups de poings; Ismaila qui était bien sûr plus fort lui prit solidement les mains et la secoua violemment:
-"arrêtes tu veux! je ne veux pas te frapper; calme toi je te donnerai ce que tu veux, attends ici d'accord?"
Elles secoua sa tête en signe d'approbation puis s'assit par terre.
Quelques instants plus tard il revint avec une petite cuillère remplie à moitié d'une poudre blanche et une tasse de café. Cathy se releva puis tendit une main tremblante:
-"attends si tu promets de me laisser te faire soigner et qu'après tu sors de ma vie je t'en donne; tu fais un petit snif histoire de retrouver tes esprits et qu'on se fasse un adieu inoubliable et tu emportes le reste si tu veux mais avant bois ce café ça te fera du bien. Elle but d'un trait puis il lui donna un baiser chaud et langoureux il la prit et l'emmena dans sa chambre où elle s'endormit presqu'aussitôt sous l'effet du sommnifère. Cinq heures plus tard elle se réveilla dans un endroit où tout était peint en blanc, et solidement ligotée à un lit d'hôpital et elle poussa un cri strident si fort qu'il résonnait dans toute la clinique.
Le soir Ismaila était assis dans sa terrasse, un endroit qu'il aimait beaucoup et où il cogitait ses plans machiavéliques, tout en siroteant une limonade et en se disant avec un sourire sur le coin des lévres:
-" maintenant c'est à nous deux chère cousine"
La réunion de famille convoquée par El Hajd se passait plutôt mal car son frère et les oncles maternels avaient opposé un refus catégorique. Seule badjéne Maimouna sa petite soeur s'était rangée de son côté parce qu'elle savait que la faillite de l'entreprise mettrait fin à la vie digne d'une diongoma sénégalaise qu'elle menait, et serait la fin de tous ces voyages qu'elle s'offrait.
Yaye Rokhaya quant à elle, encouragée par ses frères avait prit position contre son mari car le bonnheur de sa fille était plus important à ses yeux.
Malgré toutes les supplications, et l'acte de Fatoumata qui consista à ramper et s'agenouiller devant lui pour lui demander pardon, El Hadj demeura inflexible.
-" vous ne me comprenez pas c'est tant pis pour vous, savez vous que j'ai trainé dans les rues de dakar dés l'age de 12 ans et pendant six ans; que j'ai travaillé comme docker au port durant neuf ans et que j'ai trimé dans les mines d'Afrique du Sud durant quinze longues années; ce genre de vie je ne la souhaite pas à ma descendance et je ne compte pas y retourner. Ce mariage je le célébrerai avec ou sans vous!"
-" cette souffrance nous l'avons vécue tous ensemble car notre oncle nous a foutus dehors à la mort de notre père pour s'accaparer de notre héritage, donc je te comprends parfaitement mais je ne sacrifierais jamais le bonheur de mes enfants car il n'y a pas pire souffrance que de se séparer de son amoureux pour vivre avec quelqu'un que l'on aime pas!" dit son frère "puisque tu prétends tellement aimer ta famille donne leur l'occasion de vivre dans le bonheur et puis tu es en train de blasphémer El Hadj, tu sais très bien que l'Islam interdit les mariages forcés!"
-"je le célébrerai!!! point barre!"
-" fais comme tu veux mais Fatoumata ne restera pas dans cette maison elle viendra avec moi jusqu'à ce que tu entendes raison, n'essaies surtout pas de m'en empêcher je suis ton grand frère et tu dois m'obéir, moi aussi je peux être un dictateur comme toi, pauvre fou!"
Il prit rageusement la main de sa niéce puis l'entraina vers la sortie, ses oncles maternels suivirent dérrière; El Hadj voulut faire un geste mais Maimouna l'en empêcha et lui prit le bras:
-" laisse les partir, tiens toi à carreau le temps de calmer les ardeurs et ne fais pas ce mariage, histoire de dissiper les méfiances, j'ai un plan dont je te ferais part plus tard..."
Fatoumata vivait des jours heureux chez son oncle; ce dernier et sa femme avaient fait preuve d'une grande gentillesse et surtout Khalil avait le droit de lui rendre visite et il venait la voir tous les jours; les deux tourteraux passaient le plus clair de leur temps dans le jardin potager qui se trouvait derrière la maison et dont elle s'occupait avec passion; à roucouler et à se donner des baisers furtifs sous l'oeil de la tante qui, depuis sa fenêtre les observait tout en souriant.
Quant à El Hadj il avait continué à appeler son frère au téléphone comme d'habitude et évitait même d'aborder le sujet. Donc tout était redevenu calme au plus grand bonheur de nos deux amoureux .
Deux jours après le départ de Khalil pour Tamba, badjéne Maimouna vint rendre visite à la famille de son frère celui ci était en mission dans le sud du Sénégal. Elle fit savoir à Fatoumata qu'Ismaila avait renoncé à son projet de mariage et que son père souhaitait qu'elle retourne à la maison; ensuite elle s'enferma dans le salon durant deux heures avec sa belle soeur.
Fatoumata était quelque part réconfortée par les dires de sa tante, mais alors pourquoi un mystérieux présentiment deumeurait en elle?