La boisson sera proposée sur Internet à partir du 18 juin sous la forme de canettes de 25 centilitres, pour 3,99 euros, soit un peu moins de 2600 F Cfa. Des négociations avec des distributeurs sont en cours, selon une porte-parole d’Outox, pour que ces canettes soient ensuite vendues dans des grandes surfaces, des bars ou des restaurants. « Ça peut même être vendu dans des distributeurs automatiques aux sorties des facs, des boîtes de nuit », ajoute-t-elle.
Cette initiative fait bondir les acteurs de la lutte contre l’alcoolisme, qui craignent que ce type de produit n’incite les gens, en particulier les jeunes, à boire plus quand ils sortent ou avant de conduire. Pour la Sécurité routière, il n’existe pas de formule miracle pour faire baisser le taux d’alcool dans le sang, tandis que l’alcool est la première cause de mortalité sur les routes dans uin pays comme la France. Dans un pays comme le Sénégal, les forces de sécurité ne disposent pas d’alcootests.
« Si quelqu’un inventait un produit capable de diminuer réellement le taux d’alcool, il mériterait le prix Nobel », ironise le docteur Alain Rigaud, président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie.
« On voit apparaître régulièrement ce type de produit et je suis très sceptique », balaye Patrick Fouilland, président de la Fédération des acteurs de l’alcoologie et de l’addictologie. Car même si cette boisson se révèle efficace, la personne en consommant ne saura pas quand elle sera revenue au taux autorisé de 0,50 gramme d’alcool par litre de sang. « Cela risque d’encourager les gens à conduire sans avoir évalué leur taux d’alcool », avertit Alain Rigaud. « Des tests médicaux ont été réalisés et ils sont très probants », répond le pdg d’Outox. Ils doivent être révélés vendredi. « Le marketing sera fait avec deux mentions additionnelles : Il faut boire avec modération et ayez le réflexe éthylotest », avance Outox, chassant toute accusation d’incitation à la consommation.
Le ministère saisit l’Agence française de sécurité sanitaire
Le ministère de la Santé aurait déjà demandé à ses services de saisir l’Agence française de sécurité des aliments « pour une analyse des allégations en fonction de la composition du produit ». Mais selon la DGCCRF, ce genre de cas relève d’un règlement européen et c’est donc l’Agence européenne de sécurité sanitaire qui est compétente dès qu’il y a « une allégation nutritionnelle ou de santé » sur un produit comme celui d’Outox. Pour l’heure, la DGCCRF, chargée de transmettre les dossiers à l’instance supranationale, n’a toujours rien reçu de la part d’Outox.
Ce type de boisson laissent de toute façon les autorités relativement désarmées, selon le ministère de la Santé. Impossible en effet de les interdire tant qu’elles ne sont pas directement dangereuses pour la santé. Le ministère de l’Économie a d’ailleurs déjà échoué à interdire par arrêté une autre boisson commercialisée depuis 2006 qui se vantait de diminuer l’alcoolémie, Security Feel Better . La décision a été cassée par le Conseil d’État en février 2007 au motif qu’elle était « excessive et disproportionnée ». Security Feel Better prétendait permettre de faire chuter trois à six fois plus vite le taux d’alcool dans le sang, une allégation jugée infondée. Après son interdiction de quelques mois, sa communication a mis l’accent sur son côté « anti-gueule de bois », sans parler d’une réduction du taux d’alcool.
- Mis en ligne par Lamine Sène -