Le mot wolof « talibé » vient certainement du mot arabe « taaliboun » qui signifie étudiant. A l’origine, ce mot arabe désignait celui qui demande le savoir, le verbe en est « Talaba » qui signifie demander.
C’est ainsi donc qu’avec l’avènement de l’Islam au Sénégal, talibé (le mot wolofisé), le mot y désigne non seulement un élève des écoles coraniques mais aussi un disciple d’un marabout, un guide religieux.
Mais, aujourd’hui, on souvent a tendance même à confondre talibé à un enfant qui demande l’aumône. L’UNICEF les appelle d’ailleurs les « enfants des rues » (150 000 !!! rien que dans les rues de Dakar).
Car effectivement, ils passent la majeure partie de leur temps dans les rues au lieu de rester à l’école coranique. Ils sont souvent sans chaussures, ont des plaies partout, et portent des habits non lavés depuis des mois qu’ils ramassent parfois dans la rue!!!
Selon une étude menée par l’Institut Français sur l’Afrique Noire), 21 % des enfants qui mendient à Dakar sont d’origine étrangère. Ils arrivent par trains de la sous-région : Guinée, Guinée-Bissau, Burkina Faso, Gambie. Livrés à eux-mêmes, ils s’adonnent à la petite délinquance et à la drogue - 31 % des enfants mendiants en seraient accros.
Il ne faut pas oublier que ces enfants sont devenus maintenant des proies faciles pour les pédophiles et autres trafiquants d’organes !!!!!!!!!! Fouillez sur le net, vous verrez un article où il en a été question tout récemment à Dakar!
Vous imaginez alors que ce phénomène devrait attirer plus d’un.
Mais cela n’est pas partout pareil. On peut les appeler les enfants des rues dans les villes mais pas dans les campagnes, ils n’y demandent pas forcément l’aumône, ils travaillent pour le marabout dans les champs ou s’occupent de ses vaches entre autres activités, et celui-ci en échange leur transmet la connaissance islamique.
C’est dans les « daaras : écoles coraniques » des campagnes que l’on m’envoyait une fois l’année scolaire terminée. Mais cela quand j’étais très jeune (avant 12 ans) car depuis que j’avais su lire l’arabe et réciter quelques versets, mon papa ne jugeait plus nécessaire de m’y envoyer.
Pourquoi les talibés ?
Des parents qui veulent que leurs enfants acquièrent la connaissance coranique choisissent de confier leur(s) enfant(s) à un guide religieux pour qu’il lui (leur) transmette celle-ci.
celui-ci n’ayant pas suffisamment les moyens de subvenir aux besoins des enfants qui lui sont confiés, adopte comme solution de les envoyer quémander dans la rue aussi bien de l’argent que de la nourriture qui constitue en général les restes des familles !
Vous imaginez alors tous les risques que cela peut représenter.
Ce qui est navrant dans tout cela, est que certains marabouts récupèrent l’argent que parviennent à obtenir ces enfants des généreux sénégalais qui comme vous le savez aiment bien donner l’aumône le matin surtout quand ils entament une nouvelle affaire pour peut-être espérer l’aide du Tout-Puissant.
Certains marabouts demandent même à leurs talibés de ramener par jour, une somme fixée à l’avance. Cela explique que certains talibés, au lieu de se limiter à quémander s’adonnent même au vol pour arriver à leurs fins !!!
Quelles solutions ?
D’abord, une loi de 1973 interdit formellement la mendicité au Sénégal. Dans les faits, la législation n’est pas appliquée et ne saurait jamais être appliquée dans un pays comme le nôtre.
Combien sont-ils à mendier dans la capitale française dans les métros? Ou encore combien y sont-ils à vous interpeller en pleine rue pour vous demander de les dépanner d’un euro ? La mendicité existe partout même dans les pays dits développés, n’en parlons pas dans des pays comme les nôtres!
Une « journée du talibé » a été symboliquement décrétée en 1994, et dans le cadre du programme « Enfant en situation particulièrement difficile », l’UNICEF avait alloué une enveloppe de 3 millions de dollars dans les années quatre-vingt-dix. Le programme est arrêté depuis 1999.
Donc, vouloir interdire la mendicité ne saurait être une solution pour aider ces jeunes enfants des rue.
Les parents des talibés ne devraient-ils pas contribuer dans l’éducation de leurs enfants en donnant par exemple de la nourriture ou de l’argent à leur marabout ? Certains le font, mais beaucoup d’entre eux cessent de s’enquérir des nouvelles de leur petit le premier jour qu’ils l’ont confié au marabout, se disant que si problème il y a on le leur dira !
Ces parents, qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts peuvent-ils d’ailleurs tous participer en aidant le marabout ?
Combien d’enveloppes l’Arabie Saoudite a-t-elle déjà octroyées au Sénégal pour la construction de daaras et pour l’amélioration des conditions de vie de ces enfants ?
Elles se chiffrent à des millions et des millions mais vous connaissez bien le Sénégalais, quand on lui donne de l’argent pour une bonne cause, il préfère le détourner des objectifs initiaux pour se le partager avec ses collègues dans la plus parfaite discrétion !
Un exemple : Dans le quartier où j’habitais à Dakar, un terrain a été réservé pour la construction d’une école coranique et l’Arabie Saoudite, le royaume wahhabite, avait offert 100 000 000 de nos francs pour qu’on y construise une « daara » et cela depuis 6 ans maintenant; mais ce terrain est toujours un terrain de football, et selon les rumeurs, l’argent a été partagé par ceux qui devraient diriger le projet !!! Voyez-vous ? Le Sénégal connaîtra-t-il le développement un jour ? Ne refuse-t-on vraiment pas le développement ?
Et ce quartier est l’un des plus cossus de Dakar, que des riches, un quartier où l’on rivalise en construisant les plus belles maisons, des maisons carrelées à l’intérieur et à l’extérieur et leurs enfants étudient le coran sur des nattes et cela dans la rue (sur les perrons) !!!
Ces habitants (Il n’y a aucune maison d’une valeur de moins de 50 millions) pouvaient eux-mêmes construire leur école coranique sans l’aide de personne mais l’intérêt collectif n’a presque jamais primé dans l’esprit sénégalais !
Et l’Etat sénégalais ne pourrait-il ou ne devrait-il pas faire quelque chose ?
Le Sénégal représente quelque 95% de musulmans et l’Etat, à ce que je sache, fait semblant de n’être pas préoccupé par ce phénomène talibé.
Un jour, en discutant avec un ami chrétien, je m’étais demandé si l’Etat ne devrait pas construire des écoles coraniques au même titre que les écoles « françaises » (publiques devrais-je dire car elles ne sont plus françaises même si la langue utilisée est le Français).
L’ami chrétien m’avait rétorqué que « pour le moment, le Sénégal étant un pays laïc, cela ne serait pas normal, on doit séparer le religieux et l’Etat », genre comme en France quoi depuis la loi de 1905. Décidément quand devra-t-on cesser de faire de la France une référence ?
Il est possible que l’Etat apporte son soutien aussi bien aux missions chrétiennes qu’aux écoles coraniques. Cela ne serait préjudiciable à la laïcité, à mon avis.
Mon rêve le plus absolu : construire un jour au moins une école coranique où je payerai moi-même les maîtres. Savez-vous quoi ? Mon meilleur ami Français (athée, Dieu est grand, Lui qui peut créer des gens qui ne croient même pas en Lui mais peut les doter d’une morale pareille !) me propose même de mener ce projet avec moi dès l’année prochaine !
On peut apprendre le Coran sans aller dans les daaras quand les populations le veulent en s’organisant et en construisant leur école.
Tout ce dont on fait faire partie de nos priorités peut devenir réalité à mon avis. La volonté suffit parfois pour réaliser nos envies.
Que pensez-vous de tout cela ?